[Feuilleton] « Vrac conversations » de Claude Favre, 5/15

Par Florence Trocmé

& ayant perdu raison tout m'est permis 
 
 
_L'écriture descend de la lecture comme le cavalier du cheval mais si on lit bien les distances sont généreuses et on ne descend pas de cheval pour ramasser la fleur 
 
 
_On n'a jamais lu Gadda on n'a jamais lu Schmidt est-il même revenu de la lune ou du terrier Kafka en sais-tu oui tu le sais lire ce n'est pas que dessiner des serrures 
 
 
_Leopardi tout empêché comment broyé rompu advenir Kafka fébrile monte au créneau puis refuse de parler la conversation s'enlise vous connaissez Kafka que le déni aggrave ce sera impossible  
 
 
_Garcia Lorca marche léger un étrange labeur 
 
 
_Borges sait que l'adjectivation décale si on lit bien  et cætera 
 
 
_Il fait beau Gadda conduit des locomotives on appelle ça phrases plein de gens des contemporains plein folles les mirettes les petites oreilles et la fameuse musclueuse 
c'est le vingtième siècle debout sur le seuil la porte hors gonds la danse langue on dit adieu adieu les guillemets on se traduit enfin on croit et puis tout le monde se détourne captif de silence et les chevaux debout nous apprennent le verbe hennir  
 
 
_il faut entendre grammaire à corps perdu 
 
 
_Schmidt délire obligé il y a des femmes vous savez qui un rien badinent conversent avec des hommes trente secondes ça donne cinq pages donne dix pages ça envoie quelque chose à quoi on peut donner un titre 
 
 
_Canetti connaît l'espace clos la folie de foule de Freud pas d'accord et Céline enfant placé de quoi parle-t-il pas de l'Allemagne et Canetti en novembre 38 est à Vienne et Canetti mord ses mots à langue perdue 
 
 
 
_aimer grammaire à corps perdu 
 
 
 
 

 
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