Euro 2012: Pologne – République Tchèque: Les maux de Pologne

Publié le 17 juin 2012 par Wtfru @romain_wtfru

Ce dernier match de phase de poule entre la Pologne et la République Tchèque sonne comme une petite finale. Un seul mot d’ordre, la gagne. En effet, pour se qualifier, les deux équipes n’ont aucun calcul d’épicier à faire, celui qui l’emporte ce soir, sera automatiquement qualifié pour la suite de la compétition, pendant que l’autre rentrera à la maison. A domicile, dans cet ultime match de groupe de son Euro, la pression est terrible pour l’équipe polonaise. Avec zéro victoire au compteur pour cinq matchs d’Euro joués, les locaux espèrent bien gagner leur premier, sûrement le plus important. Mais pour ça, il faudra d’abord passer l’obstacle tchèque. Piqué au vif après leur premier match face aux Russes (défaite 4 à 1), les hommes de Bilek ont su trouver les ressources nécessaires face à la Grèce afin de rester en vie dans cette compétition. Si une victoire assurera une qualif pour les quarts, un nul peut également faire l’affaire en cas de non victoire de la Grèce dans l’autre match. Trop aléatoire pour s’appuyer dessus donc pour avoir son destin en main, il faut gagner. Même privé de son maitre à jouer, Thomas Rosicky, la République Tchèque, emmené par son incontournable gardien, Petr Cech, entend bien ne pas faire de la figuration. Quitte à priver tout un peuple d’un quart de final.

Le début de match nous renseigne rapidement sur les intentions des locaux. Aucun calcul, la première demi-heure va être totalement à l’avantage des polonais. Cette entame de match parfaite ne va pas pour autant porter ses fruits. En effet, un retourné d’entrée de jeu qui échoue dans le petit filet, un coup franc d’Obraniak qui flirte avec la lucarne, deux grosses occasions manquées par la paire de Dortmund Lewandowski et Blaszczykowski, ça fait beaucoup de raté. Beaucoup trop. Sous l’impulsion de ce dernier, la Pologne est intenable en ce début de rencontre. On arrive à la 30ème minute de jeu, une frappe vicieuse du latéral Boesnich fuse et Cech repousse difficilement. C’est chaud, ça brûle, ça va rentrer doivent chanter les supporters polonais.
Et dans tout ça les Tchèques n’existent pas. Nul à la relance, pressés très haut, techniquement à la rue, ils boivent la tasse et font ce qu’ils peuvent pour ne pas couler sous la pluie diluvienne d’occasions adverse. Incapable de relancer proprement, hormis une opportunité raté de Pilar qui aurait pu doucher d’entrée le public de Cracovie, cette première demi-heure est à oublier. Cherchant leur second souffle après cette entrée en matière tonitruante mais pas payante, les hommes de Smuda vont petit à petit abandonner le contrôle du jeu aux visiteurs. Pour ne rien en faire. Seul le petit ailier Pilar, comme depuis le début de l’Euro, tire son épingle du jeu. Les 22 acteurs rentrent au vestiaire, rien n’est joué dans cette partie, le score est nul est vierge. La Pologne a peut être laissé passer sa chance…

Au retour des vestiaires, la donne est simple, la Grèce mène face à la Russie, donc s’ils veulent se qualifier, les Tchèques, comme leurs hôtes, se doivent impérativement de gagner. Et les visiteurs ont bien pris conscience du problème, ils sont forcés de faire le jeu et de se découvrir s’ils veulent continuer leur route de la compétition. Et cela va se traduire très vite sur le terrain, les tchèques jouent plus haut, sont bien plus précis dans les passes, mais surtout, ils sentent bien que les polonais n’ont plus grand-chose dans les chaussettes. Physiquement à la peine, la Pologne court après le ballon et n’arrive plus à dépasser le milieu de terrain. Les milieux récupérateurs grenat bloquant parfaitement les relances. Le rythme du début de match est déjà un souvenir lointain, les visiteurs imposent leur tempo, et tentent essentiellement de passer sur les côtés par l’intermédiaire de Limbarski, complétement noyé en première période, et qui refait miraculeusement surface dans cette seconde. Pas d’occasion mais la République Tchèque obtient quelques coups francs intéressant.  Plasil dépose pied droit, pied gauche, easy. Et sur l’un d’eux les visiteurs sont tout près d’ouvrir le score. Sivok se retrouve seul aux six mètres et claque une tête qui est sortie on ne sait trop comment par Tyton. Cette action aura au moins le mérite de réveiller un stade endormi par le rythme match et l’enjeu. Les spectateurs poussent, rechantent, mais rien y fait, les joueurs polonais sont à la rue complet dans ce deuxième acte. Les compères d’attaque de Dortmund ont disparu et ils commencent à y avoir pas mal de tension. De son côté,  tel un chirurgien anesthésiste de l’ex URSS qui aurait chopé son diplôme à une pêche à la ligne, le Tchéque continue d’endormir tout son monde. Plasil et Hubshman à la baguette, Pilar et Jiracek aux guitares électriques, pendant que les deux latéraux continuent de jouer leur partition folle dans les couloirs. Et Baros, lui, il fait quoi ? Il continue à jouer à touche pipi avec Perquis.
La menace se fait de plus en plus précise, et ce qui devait arriver, arriva. Sur une perte de balle idiote dans le rond central, Hubshman récupère et lance Baros, qui nullissime jusqu’ici, va se fendre d’une passe décisive pour Jiracek. Bien servi le chevelu va profiter d’une glissade du défenseur pour marquer d’une frappe à ras de terre façon Cabaye (73). Au nombre d’occasions sur l’ensemble ce n’est clairement pas mérité, mais globalement la maitrise collective et technique des visiteurs est  quand même criante. Le dernier quart d’heure de la rencontre est représentatif de l’Euro de la Pologne. Incapable de se révolter et jouant seulement par à coup, Perquis et ses potes n’auront pas les moyens de revenir dans la partie. Hormis une balle sortie sur la ligne par la défense Tchèque dans les arrêts de jeu, le peuple Polonais doit s’y résoudre. La Pologne, comme l’Autriche et la Suisse il y a 4ans, et comme la Belgique en 2000, est éliminé de sa compétition dès les poules.

Un stade chaud bouillant, une équipe avec un beau potentiel, un guide tout feu tout flamme en le personne de Blaszczykowski, et une entame de match parfaite, tous les ingrédients étaient réunies pour que la Pologne se qualifie. Mais voilà ils ont déjoué, rattrapés par l’enjeu et usés physiquement, ils sont éliminés de leur Euro. Et ils peuvent nourrir beaucoup de regrets au vue du déroulement des trois rencontres de poule. C’est le football. 
Pour la République Tchèque en revanche, c’est le renouveau. Absente du deuxième tour d’une compétition internationale depuis leur défaite en demie contre la Grèce en 2004, les voisins de la Pologne ont su élever leur niveau de jeu pour accéder au quart.

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LES NOTES

POLOGNE

Tyton (6) : Il a eu peu de boulot, et il a encore failli revêtir le costume de super héros en sortant la tête de Sivok. Il ne peut pas faire grand-chose sur le but encaissé. Le meilleur polonais de la compétition, pas de doute, c’est lui.

Piszczek (1): A oublier.

Perquis (5.5) : Solide sans être monstrueux, le seul qui a essayé de réellement se révolter après l’ouverture du score adverse.

Wasilewski (3.5): Pas auteur d’un grand match, il a quand même fait le taf la plupart du temps, mais voilà, une glissade fatale sur le but..

Boenisch (6) : Le meilleur polonais sur l’ensemble du match. Constant, il a beaucoup apporté défensivement, mais aussi offensivement pendant la forte domination de son équipe.

Dudka (4) : On ne l’a pas franchement pas vu que ce soit en première mi-temps comme en seconde. Jouer à Auxerre cette saison, c’est forcément signe de poisse.

Polanski (4.5) : grosse activité en début de match, il a un peu disparu une fois la demie heure passée, à l’image de son équipe

Murawski (4.5) : Voir Polanski.

Obraniak (4) : Hormis sur les phases arrêtées, le bordelais n’a pas assez pesé sur la défense adverse, et a sombré physiquement. Connaissant ses capacités, on aurait pu en attendre plus de sa part. Remplacé par Brozek à la 70ème.

Blaszczykowski (5.5) : le meilleur de son équipe. Au plus fort de la domination, dans tous les coups, c’était lui le patron. Mais voilà, quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.

Lewandowski (4) : Chiant pour la défense, sa complémentarité avec son acolyte a beaucoup gêné la défense adverse en début de match. En début de match seulement. 

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REPUBLIQUE TCHEQUE

Cech : pas grand-chose tant les attaquants ont arrosé les tribunes la plupart du temps. Mais il est quand même bien plus rassurant que sur ses deux dernières sorties face au Russe et à la Grèce.

Gebre Selassie (6) : match solide du marathonien jamais débordé sur son côté au contraire de son homologue. Chaud défensivement et offensivement, beaucoup d’activité.

Sivok & Kadlec (5.5) : Après un début de match très compliqué à gérer, ou les deux lascars ont sévèrement morflés face aux assauts répétés des kamikazes Polonais, ils ont su refaire régner l’ordre dans leur territoire. 

Limbersky (5) : complétement perdu dans le premier acte, il aura eu le mérite de se réveiller en deuxième mi-temps, en participant au gangbang organisé en groupe sur le pauvre Piszczek. Kif kif.

Plasil & Hubschman (5.5 & 6.5) : Imprécis et incapable de faire une seule relance propre, les deux larrons auront vécu un cauchemar en début de match. Mais ça c’était avant qu’ils décident de reprendre le contrôle du match et de poser le pied sur le ballon. La suite de la rencontre a été une simple formalité tant l’opposition était à sens unique et tant techniquement la différence était flagrante.

Kolar (4) : N’est pas Rosicky qui veut. Complétement perdu au milieu du terrain, un peu plus présent en seconde, mais rien de bien tranchant.

Jiracek (6) : plutôt cantonné à défendre durant la première demie heure, il s’est montré un peu plus sur le reste du match. C’est lui une nouvelle fois le buteur de son équipe. Putain d’opportuniste au sang-froid. Remplacé par Rajtoral en fin de rencontre.

Pilar (6) : Le plus remuant, le plus créatif, il pas mal tenté, même si ses actions ont rarement abouti à quelquechose. Mais une chose est sure, le gamin a du talent à revendre et de la roublardise aussi. Feindre de ne pas voir qu’il est l’heure de céder la place au copain, c’est plutôt gonflé.

Baros (5): On se demande encore comme ce mec a réussi à finir meilleur buteur de l’euro 2004. Et pourtant il est toujours là. Fantôme en première période, il aura un peu plus existé physiquement en seconde, et aura offert le but à son coéquipier. Remplacé par Pekhart en fin de match.

David