[Critique] THE DICTATOR

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : The Dictator

Note:
Origine : États-Unis
Réalisateur : Larry Charles
Distribution : Sacha Baron Cohen, Anna Faris, Ben Kinglsey, John C. Reilly, Jason Mantzoukas, Megan Fox, J.B. Smoove, Bobby Lee, Kevin Corrigan…
Genre : Comédie
Date de sortie : 20 juin 2012

Le Pitch :
La République du Wadiya est sous le joug de la terrible dictature de l’Amiral Général Aladeen, un homme impitoyable, immensément riche et grand amateur de femmes. Sous le coup de plusieurs accusations de l’ONU, au sujet de « prétendues » armes de destruction massive, Aladeen décide de se rendre à New-York pour répondre aux questions de l’organisation. Sur place, le dictateur se heurte à l’hostilité de la population et devra faire face à un retournement de situation des plus inattendu…

La Critique :
Il ne faudrait pas que cela devienne une habitude pour Sacha Baron Cohen. Depuis Ali G, le bougre sait y faire quand il s’agit de promouvoir un film. The Dictator n’a pas dérogé à la règle d’or de l’acteur qui, plusieurs mois avant la sortie en salle de son dernier fait de gloire, a multiplié les happenings lors des grands évènements mondains et politiques. On se souvient notamment de son apparition sur le tapis rouge des Oscars, où il a dispersé « par inadvertance » les cendres de Kim Jong-Il sur le costard d’un présentateur de la chaine E! Entertainment, ou encore de sa déclaration en mai dernier, au sujet de la victoire de François Hollande aux présidentielles. Sacha Baron Cohen s’est fait le héros d’une machinerie bien huilée. Une stratégie marketing redoutable et offensive qui a déjà fait ses preuves pour Borat et Brüno et qui passe ici à la vitesse supérieure en embrassant de plein fouet quelques thématiques politiques plutôt ardentes.

En se mettant dans la peau d’un dictateur complètement barjot, amateur de coucheries avec les stars (justifiant l’apparition de Megan Fox) et adepte des exécutions arbitraires, Cohen pousse encore le bouchon un peu plus loin dans sa propre logique. Le but est probablement de provoquer le rire en choquant, alors que le film s’inscrit en quelque sorte dans un contexte mondial des plus délicats.

La vue du film entraine une seule conclusion : la promo était largement plus drôle que le film lui-même. On retiendra plus facilement les déclarations de l’Amiral Général Aladeen dans les médias, que les répliques de son long-métrage, c’est indéniable. Car The Dictator déçoit constamment et trahit un manque flagrant d’inspiration dans l’écriture d’un scénario poussif, riche en vannes moisies, qui tombent la plupart du temps à plat. Et ce dès le début. Non pas que l’idée de propulser un personnage comme Aladeen dans une réalité loin du faste auquel il est habitué ne soit pas bonne. Non, c’était même franchement bien vu. C’est le traitement de cette idée qui multiplie les loupés. Les répliques sont poussives et les gags jamais hilarants. On sourit parfois, on rie rarement et la morale de l’histoire tend à considérer la globalité de l’œuvre comme une gentille arnaque faussement subversive.

The Dictator tombe dans une cruelle banalité et tente de retenir l’attention et de déclencher l’hilarité par le biais d’images sexuellement grossières. C’est déplacé car rarement utilisé à bon escient et au final, on se désintéresse volontiers des mésaventures de ce dictateur plus fadasse que prévu. Le long-métrage du bras droit de Sacha Baron Cohen, Larry Charles, tend carrément à énerver quand il joue les missives géo-politiques, alors qu’il est évident qu’il ne s’agit là que d’un habillage fastueux et vain aux blagues d’un acteur qui n’est jamais aussi bon que quand il se met au service de la vision d’un autre (cf. Hugo Cabret). Cohen aurait mieux fait d’utiliser ses bonnes idées de promo dans son film, qui ne tient jamais totalement ses promesses.

De plus, en laissant de côté le found footage qui donnait à Borat un parfum de documentaire, The Dictator finit de ressembler à une banale comédie.

Restent les quelques apparitions amusantes des amis stars de passage, les deux ou trois séquences plutôt bien vues et la musique qui reprend judicieusement quelques tubes sur un mode oriental, mais c’est bien tout. Le soufflé retombe vite. Sitôt vu, sitôt oublié…

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Paramount