Croquant, craquant Crac (by Cécile)

Publié le 21 juin 2012 par Lifeproof @CcilLifeproof

Que faites-vous quand on vous dit : « allez, viens, tu verras cette expo va être super » ? Je crains de ne pas être difficile à persuader parce que, à l’invitation d’une copine, je me suis rendue jeudi dernier au Centre rhénan d’art contemporain (ou Crac) qui se trouve à Altkirch, donc près de Mulhouse, donc loin et pas loin en même temps, donc avec mes légumes, donc en étant fatiguée de la soirée sans titre mais poétique de la veille, donc en sachant que j’allais rentrer tard mais tout cela est-il bien grave ? J’y ai fait de très jolies découvertes artistiques et gustatives et c’est tout ce qui compte…


Luca Francesconi, sans titre, 2012, installation in situ / Courtesy de l'artiste / Photo: C.R.

Le Crac, je vous en ai déjà parlé ici, il se situe dans une ancienne école à Altkirch et a pour mission de sensibiliser à l’art contemporain le public de la région en y organisant des expositions. Jusqu’au 16 septembre vous pourrez y découvrir les diverses façons d’aborder et de renouveler le genre de la sculpture contemporaine avec deux expositions aux titres très surprenants : « I wish blue could be water » de Vanessa Safavi et « Echo of the moon » de Luca Francesconi avec en plus un project room consacré à une jeune artiste : Capucine Vandebrouck, poésie, subtilité, douceur et profondeur réunis en un même lieu.


Luca Francesconi, Tournesols, 2012 / Courtesy de l'artiste. Production Crac Alsace / Photo: C.R.

Luca Francesconi parle de et avec la nature. Au grès de ses balades, il récupère des objets hétéroclites le long d'un fleuve du nord de l'Italie, . À partir de ces petites choses, il compose ses œuvres : des fleurs séchées jonchent le sol et signifient peut-être la mort, d'autres surgissent du sol et oscillent entre fragilité et indestructibilité, elles sont en bronze; un coquillage nacré de ce fleuve, il l'insère dans un mur, qu'est-il alors? Oreille ? Un lieu où murmurer ou entendre un secret ? Poétique, sensible et surprenant quoiqu'il en soit. C'est peut-être mon côté « je cherche des coquillages quand je suis à la mer » mais, parmi les œuvres de Luca Francesconi, ce sont ces œuvres mettant en scène des coquillages qui ont véritablement fait écho en moi, elles parlent de mystère : de la vie, du monde animal qui est capable de créer une coquille alors que l'homme ne l'est pas, d'un ailleurs inconnu vers lequel tendre, monde d'envoûtement et de douceur qui est malgré tout dur et tragique, à la fois mort et vivant, synonyme de rêve et de cauchemar...


Vanessa Safavi, Vital Energy and relaxed Being, 2012, Silicone, bois, plexiglas / Courtesy de l'artiste et galerie Chert, Berlin / production Crac Alsace / Photo: C.R.

Cette expo, je ne vous en parle pas parce qu'on me l'a demandé ni parce que les macarons Pierre Hermé qui étaient servis au vernissage étaient formidables (promis, je n'ai pas eu d'indigestion !). C'est avant tout parce que j'y ai découvert trois artistes qui m'ont touchée et je crois vraiment que ce qui m'a le plus marquée est leur travail avec la lumière, le lieu et le reflet de l'extérieur dans leurs œuvres. C'était le cas avec les nacres de Luca francesconi, ça l'est aussi dans les Vital Energy and Relaxing Being de Vanessa Safavi qui sont d'étonnants tableaux faits de silicone et qui ont la particularité d'être des monochromes invitant à se plonger dedans et contempler l'extérieur dans un même temps grâce à cette surface réfléchissante, il nous faut voir au-delà des apparences afin d'appréhender le monde dans sa globalité : « (…) The real world is in a much darker and deeper place than this, and most of it is occupied by jellyfish and things. We just happen to forget all that. / (…) Le monde réel est dans un endroit beaucoup plus sombre et plus profond que cela, et il est principalement occupé par des méduses et des choses. Nous avons juste oublié tout cela. ». Vanessa Safavi nous invite à observer le monde, ses couleurs, ses subtilités, sa profondeur, ce qu'on ne regarde pas parce qu'on vit peut-être trop vite, prendre le temps et aller au fond des choses, des abysses, beau programme en perspective, non ?


Capucine, Vandebrouck, Les mouchoirs, 2012, mouchoirs en papier et résine noire / Courtesy de l'artiste / Photo: C.R.

Dernière artiste et je vais m'arrêter là pour aujourd’hui, Capucine Vandebrouck qui m'a fait craquer avec ses petits mouchoirs pris dans une résine noire qui a, elle aussi, la particularité de refléter la lumière environnante. Ils sont figés. Elle détourne la matière originelle, la perturbe et donne à voir l'objet différemment nous invitant à l'observer et à le remettre en question.

J'ai trouvé étonnant la façon dont les œuvres de ces artistes, si différentes soient-elles, réussissent à cohabiter dans cet espace: très intéressante exposition, à voir pour tout ce que je vous ai dit, parce que même si elle parle de mort, elle parle aussi de la beauté de la vie et nous invite à un moment de contemplation et de poésie.

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Luca Francesconi – Echo of the Moon / Vanessa Safavi – I wish Blue could be Water / Poject Room n°10 – Capucine Vandebrouck. CRAC Alsace / 18, ru du Château - 68130 Altkirch / jusqu'au 16 septembre 2012 / du mardi au vendredi de 10h à 18h, le week-end de 14h30 à 19h. Entrée libre.