Interview – Entretien avec le fondateur d’eviGroup

Publié le 21 juin 2012 par Android Et Vous! @androidetvous

A l’occasion de la sortie récente de la Yzi, nous vous proposons aujourd’hui une interview et non des moindres, celle du PDG (Nicolas R.) de l’entreprise française eviGroup !

1) Pouvez vous nous parler de la société evigroup? (année de création, lieu où vous travaillez, la taille de vos bureaux, ect.)

Tout d’abord bonjour Jaysen et merci pour cette interview. eviGroup vient de fêter ses 5 ans puisqu’elle a été créé en Juin 2007. Elle remplaçait une précédente structure, spécialisée dans le logiciel.
Notre siège social se trouve à Nancy et nos bureaux dans la Tour Thiers.

2) Pouvez vous nous parler de vous et nous expliquer pourquoi avez vous voulu fonder votre société ? (connu pour être un éditeur et développeur de logiciels) Et de quelle manière vous êtes passés d’éditeur et développeur à concepteur de matériel informatique ? (monolithe, pad…)

Étant programmeur de formation, le logiciel m’a forcément toujours attiré. Pour autant, celui-ci n’est rien sans un matériel dédié. C’est pour cela que nous avons proposé le Monolith en 2007 : un PC de bureau, de la taille d’un boitier DVD, sans ventilateur, pas vraiment puissant mais vraiment économe, utilisé comme outil de traitement de l’information. Nous vendons notamment des Monolith à des centres de recherche, à des laboratoires d’analyses médicales ou même à des cinémas : ils utilisent alors nos machines, cachées derrière des écrans plats, pour diffuser des bandes-annonces.

C’est donc en voulant augmenter la qualité et le service auprès de nos clients que nous avons commencé à développer du matériel : il est en effet bien plus simple de gérer le S.A.V. ou les éventuelles incompatibilités logicielles avec le matériel que nous fabriquons plutôt qu’avec le matériel de la concurrence.
En contrôlant la chaine, nous pouvons donc offrir le meilleur à nos clients, optimisation, produit adapté à leurs besoins et réactivité sur les mises-à-jour, le tout pour un prix contenu.

3) EviGroup a été l’un des précurseurs dans le domaine des tablettes (avec Archos) en sortant des ardoises sous windows 7 (avec le pad) et android (avec le wallet). Pouvez nous expliquer pourquoi vous vous êtes lancé sur ce marché ?

Pour le Pad, c’est le fruit d’une lente réflexion : une sorte de chimère de l’appareil à tout faire. Nous avions créé Seline, un assistant capable de comprendre et répondre à vos sollicitations, mais il manquait un appareil qui puisse casser la frontière entre vous, votre écran d’ordinateur, et les autres. Nous avons tenté un contact avec Archos, mais nous n’avons eu aucun retour. Le Pad est alors né:
tenu à l’horizontal, il n’obstrue pas votre champ de vision comme un ordinateur classique. Que vous soyez assis ou debout, il vous permet donc d’interagir avec d’autres personnes.

Nous sommes de toute façon développeur et supporter des TabletPC depuis qu’elles existent (2002) et nos logiciels sont optimisés pour l’écran tactile. Simplement, nos clients trouvaient les tablettes bien trop chères (autour de 2000 euros à l’époque). C’est aussi pour cela que nous avons crée le Pad. Une TabletPC avec des composants d’ordinateurs, mais à peine plus chère qu’un netbook.

4) Pouvez vous nous dire pourquoi vous avez choisit l’OS Android ? (qui était à ses débuts à l’époque) Pensez vous sortir des tablettes sous un autre OS (Tizen, windows 8, une distribution linux…) ?

Nous proposons déjà une tablette Windows 8. il s’agit du SmartPaddle Pro. Elle est livrée avec Windows 7 et Windows 8 RP en double boot. Cela permet aux clients de commencer dès maintenant leur transition et de s’habituer à l’OS.
Nos Pad sont également compatibles Linux depuis la première heure, et de nombreux clients installent cet OS, sous différentes distributions, sur nos machines. Nous vendons même, si besoin, les machines sans OS et fournissons les drivers Linux.
Pour Android, il s’agissait du choix le plus pragmatique à l’époque : Google commençait à véritablement développer son OS. En face, sur les processeurs ARM, nous n’avions qu’un Windows CE pas vraiment adapté.

5) Pouvez vous nous expliquer de quelle manière vos tablettes sont conçues ? Vous travaillez autour d’une problématique ? Ou avez vous une autre façon de procéder ? L’assemblage se fait dans quel pays ? (avez vous des partenaires pour cet tâche ?)

Nous travaillons en étroite collaboration avec des assembleurs de tout pays. Nous avons une approche pragmatique : quand nous pouvons assembler et fabriquer nos machines en Europe, nous le faisons. C’est le cas de notre Smart-e et d’une future tablette 7 pouces.
Pour autant, nous sommes encore obligé de passer par l’Asie pour les 2/3 de notre production. Nous faisons des tentatives d’assemblages de Pad “Made in France” depuis le début de l’année mais le tissu industriel français est tellement mauvais que cela en devient compliqué. Nous sommes pourtant sur la bonne voie. Il y a deux ans, nous achetions tout en Asie. En 2011, 35% de nos dépenses se sont faites en Europe.

Pour la conception des machines elles-même, nous n’avons pas de centres de design. Souvent donc, nous “achetons” un design (une coque) mais nous gardons le contrôle total du choix des composants internes et de leur disposition.
Même sans studio de design, nous faisons parfois des ajustements. Le châssis du Pad a par exemple été modifié presque une douzaine de fois, aussi bien pour l’optimiser que pour en changer l’apparence (vous le constatez avec le Padde, qui a de gros points de ressemblances avec le Pad, puisqu’il partage le même châssis).

En ce qui concerne la création de machines en tant que tel, une somme de facteurs différents entre en jeu: nous pensons d’abord aux usages, et imaginons toujours marier le matériel et le logiciel. Certains diront que ce n’est pas le cas avec la Yzi. C’est vrai pour le moment, ça ne le sera plus dans deux mois.
Pour les tablettes sous Windows, la partie logiciel consiste à offrir à chaque client notre suite bureautique Seline mais aussi Scale, une interface 3D pensée pour une utilisation au doigt. Disposant d’un AppStore, elle propose, depuis bien longtemps, une expérience tactile satisfaisante sous Windows 7.
Nous pensons aussi que la relation client commence une fois la carte bancaire débitée. Certains concurrents font le contraire : une fois que vous avez payé, vous n’êtes plus intéressant, à part pour payer des accessoires.
Chez eviGroup, nous offrons les accessoires (comme la housse) mais aussi les mises-à-jour logicielles (à vie) ou bien encore l’ensemble des logiciels présents sur notre AppStore Scale. En fait, c’est nous qui subventionnons les développeurs. Ils mettent alors leurs logiciels sur Scale gratuitement, alors qu’ils sont payants sur d’autres plates-formes.
Bref, quand vous êtes client eviGroup, surtout si vous avez été l’un des premiers, c’est que vous avez cru en nous : à nous de vous montrer notre reconnaissance et de vous offrir des améliorations logicielles, même plusieurs mois après. La concurrence fait plutôt le contraire : elle offre le dernier raffinement technologique aux nouveaux clients, laissant les anciens de côté.

Enfin, eviGroup, c’est un concentré d’innovations : au-delà de l’IA Seline et Scale, nous proposons un système de Head-tracking qui permet de contrôler la tablette sans les mains. Cela est très utile pour les personnes handicapées, mais aussi pour certains milieux critiques, comme les hôpitaux, où toucher l’écran n’est pas toujours possible.

6) Vos tablettes sous windows 7 embarque des logiciels maisons (la suite Seline) avec une surcouche ergonomique (Scale). Qu’en est il de vos tablettes android ? Aura t-on droit un jour à un portage de Scale sur android ?

Je ne commente pas nos développements futurs. Mais nous avons de gros projets logiciels sur nos tablettes Android.

7) Vous avez sorti dernièrement la Yzi qui est une tablette d’entré de gamme (secteur très concurrentiel dominé par Archos en Europe). Pouvez vous nous dire la plus value de la Yzi par rapport aux autres tablette chinoise ou Arnova ? Et par la même occasion combien espérez vous en vendre ?

La Yzi n’est pas une tablette “low-cost” au sens strict. Clairement, si on avait appliqué la recette low-cost, nous sortirions une tablette à 79 euros TTC. La Yzi est une tablette qui s’apparente à des tablettes vendues normalement 300 ou 400 euros. Elle dispose d’une batterie performante de 6000 mAh, là où la concurrence low-cost propose très souvent du 3000 mAh. Elle propose un écran de qualité, et capacitif multitouch. Elle propose surtout du Android 4, là où la concurrence à valeur égale propose du Android 2.3. Enfin, la finition n’a rien de low-cost. Nos premiers retours sont extrêmement positifs, et nos revendeurs louent la qualité d’assemblage, meilleure selon eux que des marques de tablettes Android à 500 euros dont je tairais le nom.

L’approche de la Yzi a été pragmatique. Il y a actuellement un nombre incalculable de tablettes Android sur le marché. Soit nous faisions comme tout le monde, et personne n’aurait parlé de la Yzi, soit nous abordions un nouvel angle innovant. L’innovation dans la Yzi, c’est la marge brute : elle est ridicule. D’habitude, les fabricants désirent marger à 30% voire 40%. Sur la Yzi, on est à quelques euros de bénéfice seulement, et nous offrons une housse.
Avec ce prix canon, nous espérons nous rattraper sur le volume et créer un cercle vertueux. En effet, proposer un prix si agressif fait forcément parler, qui plus est quand vous êtes une entreprise française.
Nous avons donc de grands espoirs dans la Yzi et les premiers chiffres de vente sont encourageants : la production est en flux tendus.

8) De quelle manière sera vendu votre tablette ? Aura t-on droit à des Yzi vendus en marque blanche ?

Pour le moment, vous trouverez la tablette sur notre site (www.yzi.fr). La tablette est en cours de référencement, et je pense qu’elle serait disponible chez Auchan ou Grosbill au moment où vous publierez l’article. La Yzi peut être vendue aux revendeurs en marque blanche, mais ceux-ci le feront surtout pour des bundles avec leurs logiciels, ou bien en cadeaux d’entreprises.

9) EviGroup est connu principalement par les entreprises, qui utilisent plusieurs de vos produits ? Cependant il semble que vous cherchiez à vendre vos produit au près du grand public. De quelle manière comptez vous faire connaître d’eux ? (via une campagne publicitaire, le bouche à oreille)

De nombreuses entreprises utilisent nos produits : Microsoft et Intel eux-même utilisent nos Pad. Nous avons également des clients chez TF1, McDonalds, Eurocopter… Bref, le spectre est large.
Nous avons des contacts avec l’éducation nationale et le Smart-e a d’ailleurs été créé en ce sens. Pour le grand public, le bouche-à-oreille peut aider mais n’est pas suffisant. Nous avons donc des plans médias dans les cartons. Cependant, n’en attendez pas autant qu’une campagne de publicité à la Apple, nous n’en avons pas les moyens.

10) Est ce difficile d’être un si petit groupe par rapport aux géants Américain ou Asiatique ? Le fait d’être français est il un avantage ou un désavantage ? (surtout au niveau des investisseurs ?)

Ce n’est pas difficile : nous avons pour nous la possibilité d’être réactif et de nous adapter très rapidement. Pourtant, en effet, cela peut poser problème en terme de crédibilité. Certains clients préfèrent une marque connue, même si elle cumule les pertes depuis plusieurs trimestres.
Le fait d’être français est pour moi un point fort, surtout dans le contexte actuel. Et puis, cela permet au client de savoir que le SAV qui répond à son email n’est pas loin de chez lui, et la proximité, ça reste un gros point fort.

11) Le mot de la fin ?

“Personne ne leur avait dit que c’était impossible, alors ils l’ont fait”. C’est un peu notre état d’esprit.

Un grand merci à Nicolas R. pour avoir pris le temps de nous répondre et surtout pour nous avoir donné des réponses aussi clairs et précises.