Du sexe au chocolat, un baiser sucré

Par Alon210 @alexanderc

Du sexe au chocolat, ou vice-versa, il n’y aurait qu’un pas ! A en croire une étude parue en 2007, le chocolat procure chez la femme une sensation de bien-être en tous points semblable à un baiser. D’autant que cet aliment-miracle est réputé, à tort ou à raison, provoquer l’orgasme…

On a vite fait de craquer pour ce succulent fondant choco… et c’est tant mieux !

Mes lecteurs assidus savent combien j’admire les scientifiques un brin déjantés. Plus exactement, il y a Hervé This, le gastronome moléculaire (sans culotte courte) qui nous explique, en outre, la cuisson et la couleur des aliments, ainsi que les scientifiques spécialisés dans le sexe, alias chercheurs en psychologie comportementale (ceux-là même qui nous en apprennent davantage sur le zizi que nous n’en savons nous même).

Vous saurez tout sur le zizi…

Justement, l’air de Pierre Péret est encore d’actualité… Après l’aversion du vagin rougeâtre, les conseils en matière de pratique sexuelles, ou encore l’appétence des hommes et des femmes pour les congénères vêtus de rouge, l’étude menée par le Docteur David Lewis et émanant de l’Université de Sussex (sans jeu de mots !) fournit une confirmation des voies neurologiques impliquées dans le plaisir, à savoir qu’on peut plus ou moins simuler n’importe quelle sensation par une stimulation adéquate.

En matière de psychologie, et notamment de sexologie, des progrès faramineux ont été faits ces dernières années grâce à l’avènement de l’IRM. En plus d’avoir révolutionné l’imagerie médicale et la chimie, la résonance magnétique nucléaire a enrichi considérablement les neurosciences : on en sait désormais bien plus sur les fondements neurologiques de la pensée et des émotions, tel le plaisir orgasmique.

Vue en IRM cérébrale, la sensation procurée par le chocolat présente de nombreuses similitudes avec l’orgasme. D’ici à dire que le chocolat provoque la jouissance… D’aucuns ne s’accorderont en revanche pour dire qu’en gâteau fondant ou en carrés, il procure un bien-être passager, censé, chez la femme, être comparable à un baiser passionné.

Comment savoir si cette femme simule ou non ? Par IRM !

Dans cette étude éminemment sérieuse, il est question de chocolat noir. Comme toujours en “chocolatologie” d’ailleurs, tant le chocolat est un objet d’étude prisé. Coupe-faim, anti-vieillissement, prévention du cancer et des maladies cardiovasculaires, antidépresseur… : on lui connaît désormais mille vertus, ou presque ! D’autant, disons-le nous, que cinq ou six carrés de chocolat par jour ne font pas grossir : bien au contraire le chocolat apporte une juste dose de graisses saines et essentielles au renouvellement cellulaire ; le tout est de s’imposer une limite !

C’est bon pour le moral !

Ce n’est pas la Compagnie Créole qui dirait l’inverse… Le chocolat, c’est bon, et même très bon, pour le moral ! Reste que l’étude ne précise pas si l’effet du chocolat vis-à-vis du plaisir est le même chez l’homme. On ne peut rien conclure trop hâtivement, étant donné que des différences dans les processus orgasmiques sont connus depuis peu entre l’homme et la femme, donc pourquoi pas dans le ressentir du plaisir en général…

Mais surtout, qu’est-ce qu’une femme embrassant langoureusement un homme… à la salive chocolatée ? Ne rigolez pas : il y a quelques années une jeune fille est morte en embrassant son petit ami qui avait mangé un sandwich au beurre de cacahuète. Le rapport ? Elle était allergique à l’arachide, et, comme chacun sait, les substances allergisantes agissent à l’état de traces (d’où l’utilité de le préciser sur les étiquettes). Or d’autres composés peuvent agir à l’état de trace ; c’est justement le cas de beaucoup de substances sécrétées par les plantes…

Ainsi donc, le chocolat fait du bien, apparemment autant qu’un baiser fougueux ! Les différents composés qu’il contient agissent en synergie ; en particulier la phényléthylamine est incriminée : c’est une hormone contribuant à l’orgasme, or le chocolat en contient. Cependant, sa teneur dans quelques carrés est actuellement discutée, ou plutôt la relation dose-effet : s’agit-il de quantités pondérables pour déclencher une réponse physiologique, si vite qui plus est ? Probablement pas, du moins pas une sensation aussi intense que l’orgasme.

Pourtant, le pâtissier Pierre Hermé raconte une anecdote (voir l’orgasme en 10 récits) savoureuse : une femme lui aurait confié ressentir l’orgasme en goûtant un de ses délicieux gâteaux. Or, il ne s’agit pas d’un cas isolé, loin de là ; les témoignages pullulent sur Internet, d’autant que les femmes auraient globalement des goûts plus raffinés (affaire de culture sans doute, car les récepteurs aux goûts sont aussi abondants chez les deux sexes, voir Une histoire de goûts).

Le chocolat : nouveau canard vibrant ?

Le chocolat, provoquer l’orgasme ? Sans doute un peu excessif ! Provoquer un plaisir identique au baiser, en revanche… L’on sait fort bien que les chimiorécepteurs linguaux sont on ne peut plus actifs lors d’un méli-mélo de langues (ce qu’on appelle couramment “rouler une pelle”, ou mieux un french kiss, à ne pas confondre avec un smack, simple bisou “superficiel” ne mettant pas en branle des récepteurs autres que ceux de la langue).

Encore que, concernant l’orgasme, certains composés puissent diffuser par voie sublinguale, c’est-à-dire atteindre instantanément la circulation sanguine… Mais aussi, le chocolat pourrait bien être un placebo : et si, plus on se persuaderait qu’il nous fait du bien, plus il nous en ferait effectivement ? Ne serait-ce qu’un baiser agréable, se laisser emporter par la douceur du caco venu du bout du monde rien que pour nous…

Si l’or noir n’est peut-être pas assez puissant pour mimer l’orgasme (sauf éventuellement chez les personnes hyperesthésiques, c’est-à-dire souffrant de perception accrue des stimuli sensoriels), il serait en revanche digne d’une masturbation linguale (façon de parler !), sans que le mécanisme de substitution aux baisers ne soit véritablement élucidé. Après plusieurs siècles, le chocolat n’a décidément pas encore révélé tous ses mystères.

A voir ou à revoir, Comment rouler une pelle : assez hilarant !

NB : ne s’y fier guère outre-mesure ; en la matière il n’y a que l’expérience qui vaille ! Et vaillant chocolat ne remplacera jamais le regard charmeur d’autrui…