Terra nova : argument d‘autorité et déni de la réalité au service du socialisme

Publié le 26 juin 2012 par Copeau @Contrepoints

Terra Nova se décrit comme un outil de rénovation intellectuelle de la social-démocratie à disposition de la « gauche progressiste ». La gauche est là mais la rénovation intellectuelle peut attendre longtemps encore.

Par Florent Belon.

Auditeur régulier de BFM, j’ai de nombreuses fois entendu les propositions ou interventions de membres du think tank « Terra Nova », qui se décrit comme un outil de rénovation intellectuelle de la social-démocratie à disposition de la « gauche progressiste ». Compte tenu de la description, comme diraient certains jeunes,  « c’est pas ma  came ». En plus je déteste ce qui se dit « nouveau », car très souvent la promesse n’est pas tenue, il ne s’agit que d’un réchauffé au moyen de Marketing (Farid Mokart et Bruno Jeambart doivent être des plus efficaces en la matière. Une église évangélique à vocation environnementaliste n'aurait pas renié le nom "Terra Nova").

Et en effet, l’inspiration est clairement socialiste, les solutions étant toujours de l’encadrement ou de la bureaucratisation présentée de façon « soft » et moderne. On pourrait néanmoins attendre d’un organisme tel que celui-ci, recueillant une armée mexicaine de membres et experts allant des plus marqués (Alternatives économiques, publication officieuse d’Attac, Henri Weber un socialiste dur), aux personnes qui m’apparaissaient plus centristes (Jean-Hervé Lorenzi ou des associés-gérants de Rothschild…).

Régulièrement je trouvais les analyses biaisées, mais je mettais cela sur le compte de mon point de vue orthodoxe et factuel, alors que le think tank en question a une vocation clairement politique.

BFM : Le meilleur comme le pire à l'antenne

Mais aujourd’hui je n’hésite pas à dénoncer une erreur grossière. Lors d’un débat lundi 25 juin entre 19 H et 20 H, entre un socialiste de droite (Eric Woerth) et un socialiste new look de gauche hollandien (Olivier Ferrand, grand manitou de Terra Nova), ce dernier a affirmé que notre système social était assurantiel et non redistributif.

J’avais déjà décrit en partie en quoi ceci n’était pas le cas dans un article précédent. Comment qualifier un système où :

  • les prestations maladie ne sont pas proportionnelles aux cotisations
  • les prestations retraite du régime général ont un minimum et un plafond qui anéantit pour des montants de cotisations faibles ou élevés tout lien entre le montant perçu et celui cotisé
  • les prélèvements sociaux qui financent une part croissante de notre régime social ne permet pas d’acquérir le moindre droit à prestation.
  • sans parler des nombreuses allocations sociales où la cotisation n’est en aucun cas une condition d’obtention.

Ceci est confirmé par une étude récente de l’INSEE concernant notre système de retraite, reprise par de nombreux médias :

Un système assurantiel est un système où il y a une mutualisation du risque. Mais comme dans tout système marchand, un rapport entre cotisations et prestations ou indemnités existe. L’assuré ne couvre pas le risque d’autrui, il échange une cotisation faible contre une indemnisation importante et aléatoire dont la probabilité est faible.

Un système redistributif peut être également assurantiel, mais il se définit comme étant un mécanisme où un transfert de richesses s’opère entre individus.

Notre système d’assurances sociales est clairement et de plus en plus redistributif. Énoncer le contraire permettrait d’affirmer qu’un système de retraite privé n’aurait aucun impact en termes de répartition par rapport au système actuel. On ne peut prêcher tout et son contraire.

La réalité, voilà l'ennemi du socialisme

Il est regrettable qu’une organisation se définissant comme un think tank voulant mettre à la disposition de partis de gouvernement des solutions politiques opérationnelles puisse énoncer de pareilles fausses informations par la voix de son président. Il est regrettable qu’aucun journaliste présent, non pas d'une radio subventionnée lors d'une émission de la qualité scientifique de "Là-bas si j'y suis", mais de BFM "la radio de l'économie", n’aie relevé cette erreur.

Comme l’annonce Ayn Rand dans la Grève, les socialistes sont par nature dans le déni de la réalité, ils veulent la construire et décrètent sans cesse des résultats que les autres doivent atteindre. Lorsqu’ils ne sont pas atteints, c’est intentionnel de la part de citoyens égoïstes, il faut alors user de la contrainte, bloquer les prix (loyers, honoraires médicaux), rendre les individus esclaves (volonté d’imposer une installation en zone sous-médicalisée aux professions libérales).

A l’inverse, comme le résumait admirablement Hayek dans La route de la servitude, « l’attitude d’un libéral à l’égard de la société est comme celle d’un jardinier qui cultive une plante, et qui pour créer les conditions les plus favorables à sa croissance doit connaître le mieux possible sa structure et ses fonctions. »