Contrastes

Publié le 26 juin 2012 par Toulouseweb
Le trafic d’Air France marque le pas.
Les statistiques de trafic disent tout et ne mentent jamais. D’où l’intérêt des chiffres relatifs au mois de mai que vient de calculer ID Aéro, et leur comparaison avec ceux d’Air France, un contraste porteur d’inquiétude.
On note tout d’abord que la croissance moyenne mondiale est de 4,8% pour une offre accrue de 4,3%. D’où une situation saine, avec un coefficient d’occupation des sièges en très légère hausse, 0,3 point. Depuis le début de l’année, le trafic mondial a progressé de 6,7%, c’est-à-dire très nettement au-dessus du taux moyen 1980-2010 de 4,9% par an. En d’autres termes, la reprise est désormais largement confirmée et fait apparaître une phase de stabilité positive. Elle est de nature à faire oublier les problèmes récents et une évolution en apparence erratique sur laquelle les analystes n’arrivent pas à émettre un jugement tout à fait clair.
Il n’est pas inutile de le rappeler : depuis le début 2011, le transport aérien a été très secoué, principalement par ce qu’il est convenu d’appeler le printemps arabe, les problèmes libyens, événements à connotation évidemment négative mais suivis, il y a exactement 12 mois, par ce qu’il est convenu d’appeler le rebond islandais, c’est-à-dire un retour à la normale, à un an de distance, après l’épisode des cendres volcaniques. Un peu plus tard, les compagnies ont dû prendre en compte tout à la fois l’impact d’une année bissextile, le rebond qui a fait suite au printemps arable et celui lié au tsunami japonais.
Air France, pour sa part, a mis en évidence un «événement» extérieur de très petite portée, mais bien réel, la nécessité de prendre en compte 4 jours fériés de plus qu’en mai 2011. Ce qui n’a pas cassé la demande mais, dit la compagnie, a bouleversé le «mix» affaires/loisirs. S’il n’y avait que cela, tout irait bien.
En effet, un examen attentif des chiffres ID Aéro relatifs à mai montre que les compagnies européennes traditionnelles ont enregistré une croissance moyenne de 4,5% tandis que les low cost faisaient beaucoup mieux, + 6%. Rien de tel chez Air France dont le trafic passagers, dans le même temps, a reculé de 0,2% pour une offre réduite de 1,4%. Une différence qui a évidemment sauvé la relative bonne tenue du coefficient d’occupation. Le trafic Europe d’Air France, lignes intérieures incluses, a augmenté le mois dernier de 2,6%, ce qui est à peine convenable. Le contraste avec les statistiques mondiales est donc très marqué et guère encourageant.
Dans la mesure où il s’agit ici de regarder l’évolution de la demande en temps réel, les «bases» de création récente sont déjà prises en compte. On ne connaît pas pour autant leurs chiffres mais, pour l’instant, on ne trouve pas encore trace du coup de fouet espéré.
Reste à savoir comme va évoluer Transavia, en passe de tripler progressivement sa flotte. La low cost franco-hollandaise vient déjà de lever le voile sur son programme hivernal, qui fait apparaître la desserte des Pays-Bas au départ de Chambéry, Grenoble et Nice, avec des prix d’appel de 50 euros. Ce sont là des initiatives qui font penser à la manière de faire de Ryanair et Volotea et qui annoncent peut-être une nouvelle stratégie. Là aussi, l’impatience grandit.
Pierre Sparaco - AeroMorning