Collinx MONDÉSIR (Haïti).

Par Ananda

PARS PETIT POETE

C’est bon…

Petit poète modeste et fragile

Pars comme le printemps

Temps tant tempéré

Mais qui s’éclipse

Au rythme du tangage

D’un kayak pris aux emprises

Des sinusoïdes

D’une mer porteuse

Et colporteuse d’espoirs

Pars sans toi

Sans ces mots-fantômes

Et ces reflets immortels

Qui font de toi

Un colloïde en suspension

Dans la fluidité du présent

Pars l’âme délavée

Et la mémoire engloutie

Dans l’obsession de ton au-delà

Tu partiras

Sans-parti sans partie

Sans étoile sans étole

Sans étoffe sur l’épaule

Sans amours sans glamours

Sans flammes dans l’âme

Sans cœur sans corps

Sans blaze sans blason

Sans soucis sans soutiens

Sang foi sang froid

Sans lampion sans lampadaire

Sans ailes sans zèle

Sans histoire à révéler

Aux sauvages de l’avenir

Tu partiras

Avec les talons troués

L’âme en guenilles

Les mains languies

Le cœur engourdi

Et le corps meurtri

Tu partiras

Avec les paupières troussées

Comme un pétale

Sous les flagelles des glaçons du ciel

Tu iras

Loin de l’orient et l’occident

Des lits où des étoiles

Se dessinent

Comme des constellations

De l’outre-monde

Loin des cardinaux de la terre

Loin des pluies de sang

Loin des cris et des chants d’agonies

Loin des rives rivales

Des morsures mortelles

Et des couloirs cabalistiques

Petit poète pars

Sans horizons

Sans cap et sans aiguille

Tu vas quitter

La terre et ses étrangers

Va seul et ta poésie

Dans le pays où l’âge est à naitre

Et où l’horloge est à son aube

Car la solitude

Est le seul moyen

De rester vivant au milieu des hommes.

Collinx Mondésir.