Le liseur

Par Céline

Le liseur - Bernhard Schlink

Folio, 242 pages

Résumé:

A quinze ans, Michaël fait par hasard la connaissance, en rentrant du lycée, d'une femme de trente-cinq ans dont il devient l'amant. Pendant six mois, il la rejoint chez elle tous les jours, et l'un de leurs rites consiste à ce qu'il lui fasse la lecture à haute voix. Cette Hanna reste mystérieuse et imprévisible, elle disparaît du jour au lendemain. Sept ans plus tard, Michaël assiste, dans le cadre de des études de droit, au procès de cinq criminelles et reconnaît Hanna parmi elles. Accablée par ses coaccusées, elle se défend mal et est condamnée à la détention à perpétuité. Mais, sans lui parler, Michaël comprend soudain l'insoupçonnable secret qui, sans innocenter cette femme, éclaire sa destinée, et aussi cet étrange premier amour dont il ne se remettra jamais. Il la revoit une fois, bien des années plus tard. Il se met alors, pour comprendre, à écrire leur histoire, et son histoire à lui, dont il dit : "Comment pourrait-ce être un réconfort, que mon amour pour Hanna soit en quelque sorte le destin de ma génération que j'aurais moins bien su camoufler que les autres ? "

Mon opinion:

J'ai débuté ce roman avec un a priori: je m'attendais à trouver une sorte de Lolita au masculin. Il n'en est rien. Après quelques pages, je me suis laissée happée par l'histoire et je n'ai déposé le livre qu'en fermant la dernière page. Le roman est construit en trois parties. La première nous parle de la rencontre avec Hanna et de la relation, pas toujours très saine, qu'elle entretient avec Michaël. La seconde partie nous plonge dans le procès d'Hanna. Entre compréhension et condamnation, Michaël remet en question sa relation avec Hanna, sa position face à ce qu'il découvre sur cette femme qu'il a tant aimée et qui le hante toujours. La troisième partie serait en quelque sorte reliée à la rédemption, au pardon, à la guérison. Le roman parle du nazisme et des camps de concentration, vu par la génération qui suit la fin d'une époque. Les jeunes condamnent leurs parents pour les crimes passés. La notion de responsabilité et de culpabilité est abordée. Avons-nous une responsabilité collective pour les crimes posés contre l'humanité par les générations qui nous ont précédées? Sommes-nous coupables de nos silences? Michaël (et sûrement l'auteur aussi) remet en question tout un comportement collectif, une vision du passé et du futur. Certains passages qui concernent Hanna m'ont beaucoup troublée, m'ont touchée. Les découvertes que Michaël fait sur Hanna, son comportement qu'il comprend peu à peu, m'ont parfois émue, parfois amenée à me questionner.
Le liseur est un roman qui parle de livres, de lectures, mais aussi de relations humaines, de l'histoire passée de tout un peuple. C'est un livre qui, écrit simplement, remue beaucoup de choses. Hanna est un personnage important qui amène son lot de questionnement.
Un gros coup de coeur pour ce livre, que je vous conseille fortement et que je relirai. À découvrir!

Quelques extraits:

"Pourquoi? Pourquoi ce qui était beau nous paraît-il rétrospectivement détérioré parce que cela dissimulait de vilaines vérités? Pourquoi le souvenir d'années de mariage heureux est-il gâché lorsqu'on découvre que, pendant tout ce temps-là, l'autre avait un amant? Parce qu'on ne saurait être heureux dans une situation pareille? Mais on était heureux! Parfois le souvenir n'est déjà plus fidèle au bonheur quand la fin fut douloureuse. Parce que le bonheur n'est pas vrai s'il ne dure pas éternellement? Parce que ne peut finir douloureusement que ce qui était douloureux, inconsciemment et sans qu'on le sût?"
p.48

"Je me demande ce que doit faire en vérité ma génération, celle de gens vivants à une époque ultérieure, des informations sur les atrocités de l'extermination des Juifs. Nous ne devons pas nous imaginer comprendre ce qui est inconcevable; nous n'avons pas le droit de comparer ce qui échappe à toute comparaison; nous n'avons pas le droit de questionner, car celui qui le fait, même s'il ne met pas les atrocités en doute, en fait néanmoins un objet de communication au lieu de les prendre comme une chose devant laquelle on ne peut que s'imposer le silence de l'horreur, de la honte et de la culpabilité."
p.118

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