Ambiance fin du monde

Publié le 06 juillet 2012 par Teazine

Samedi était la journée la mieux remplie niveau concerts susceptibles d'être intéressants. C'était d'ailleurs archi-complet depuis le début du mois, présence des Cure oblige. Mais rien ne s'est passé vraiment comme on le voulait ce jour-là.
LES EUROCKÉENNES 2012 SAMEDI
Comme trèèèès souvent aux Eurockéennes, la vilaine canicule a réveillé les festivaliers campeurs dès huit-neuf heures, ce qui est trop unfair quand on sait vers quelle heure en moyenne les gens se couchent lors de ces manifestations. En plus, la tempête de la nuit du jeudi au vendredi avait bien pris soin de casser les tonnelles. On a donc dû s'abriter à l'ombre d'un truc foireux le temps de boire un café bouilli au réchaud de camping. Nous maudissions le soleil quand une charmante autochtone nous souffle l'idée du siècle. Il y a une base de loisir à quelques dizaines de minutes de route du site du festival, un endroit où l'on peut se baigner dans un étang en compagnie des familles de Montbéliard, se doucher, et s'abriter sous les arbres. Comme on est vraiment sympa, on vous file le tuyau, c'est là. 
Du coup, on est rentrées sur le festival toutes propres mais un peu tard. En plus c'était bondé comme jamais, alors on n'a vraiment pas vu grand chose de Django Django sur la plage. De loin, ça avait l'air sympa, il y avait une sacré ambiance malgré l'horaire, plein de gens frappaient des mains. En tout cas, à l'Electron déjà c'était frais et vraiment bien. En sortant de la plage, on a croisé une bande de robots qui dansaient.
En vrai, ce qu'on attendait le plus de la journée, ce n'était pas les Cure, mais Thee Oh Sees. On aime le garage, on ne se refait pas. Et la bande de San Francisco fait partie de ce qui se fait mieux actuellement dans le genre. Evidemment, leur concert était super, ils ont la musique et l'attitude qui hume bon la sueur authentique (bien mieux que Hanni El Khatib par exemple). Leur installation est assez originale, ils ont la batterie devant et la fille aux claviers, qui chante vraiment bien d'ailleurs, est cachée derrière. On a longtemps trouvé John Dwyer (le patron) un peu socially awkward à tirer tout le temps la langue, jusqu'à ce que l'on comprenne que c'était tout simplement là où il posait son médiator quand il n'en avait pas besoin. Le concert était vraiment bien, mais ça ne vaut quand même pas le bonheur de les voir dans des caves humides. Une grande scène comme celle de la Greenroom n'est pas la plus appropriée pour un tel groupe. 
Durant toute la durée du set, les écrans sur les côtés diffusaient un communiqué inquiétant : "Risque d'orages forts, vigilance orange". Et le ciel est devenu tout gris pendant que les Dropkick Murphys jouaient sur la Grande Scène. Bon, nous ne sommes pas de grandes fans de punk irlandais, ça nous a vite lassées et nous sommes parties vers la plage, pour tenter de voir Kavinsky, devenu soudainement super hype depuis Drive. Il y avait énormément de monde alors nous nous sommes posées près du stand Coca Cola qui diffusait sur des écrans des messages que les festivaliers pouvaient envoyer par sms. Ça volait super haut, "Désolée, mais hier je t'ai trompé Julien", "J'ai tronfiance en toi", "Je t'aime Florance", "René est un quatre quatre" : follement divertissant. C'est là que la pluie est arrivée, très violente. Maintenant, on pouvait plutôt lire des "On va tous mourir" ou "Tous aux abris". C'est le moment où notre live-report commence à se transformer en vaste bulletin spécial de Météo France et que l'on sort victorieusement nos ponchos de secours achetés un peu plus tôt, en filles prévoyantes que nous sommes. Quand la panique s'est un peu apaisée et que la pluie a cessé, nous sommes allées vers la Grande Scène pour voir The Cure. Sauf que "nous sommes encore en épisode orageux" d'après les écrans, et le groupe attend donc avant de rentrer sur scène. La pluie est effectivement tombée à nouveau, en même temps que la nuit. De grands éclairs traversaient le ciel, paniquaient les uns et impressionnaient les autres, ambiance fin du monde. Les gens se faisaient de gros hugs, comme les "gros câlins"  des Teletubbies, pour se prendre un peu moins de flotte. Les vrais fans des Cure, habillés comme leur idole ,s'en foutaient pas mal et attendaient patiemment l'entrée en scène de Robert Smith et al.
Comme ça traînait un peu, nous sommes redescendues vers la Greenroom pour Die Antwoord, parce qu'ils nous intriguent beaucoup et que bon, The Cure étant censés jouer deux heures trente, on pouvait largement s'éclipser un moment. C'était très tuning 90s chez les Sud-Africains, affublés de jumpsuits oranges particulièrement affreuses. Accompagnés d'un DJ bodybuildé et masqué, le couple super freeky a balancé ses hits d'auto-tamponneuses devant un public tellement enthousiaste qu'il en sautait dans la boue. Ninja est aussi classe qu'effrayante, saute partout, et n'arrête pas de dire "lé fwancé". Au bout d'un moment, ils ont enlevé leurs combis moches, c'était mieux. Une fois qu'ils ont balancé leurs tubes "I Finf U Freeky", "Baby's On Fire", et "Rich Bitch" (qui était moins cool parce que les "r" n'étaient pas assez roulés), on est parties car on en avait assez vu, c'était franchement pas mal quand même. 
De retour sur la grande scène, on s'est vraiment mises aux choses sérieuses avec les Cure. Et c'était vraiment bien. On s'attendait à un concert de vieux un peu chiant, et au final on a beaucoup aimé et dansé. Certes, Robert Smith ressemble à une vieille dame bouffie, mais il a conservé sa belle voix d'antan. Le temps est passé très vite, et ils nous ont gratifié d'un rappel/best of, avec, dans l'ordre, "Close To Me", "Friday I'm In Love", "Why Can't I Be You?", et "Boys Don't Cry". Salut. Le fait qu'ils tournent encore est tout à fait légitime si ils jouent toujours aussi bien que ce samedi aux Eurockéennes. 
Pour terminer cette soirée les pieds trempés, il y avait Justice. C'était un peu la consolation pour tous les clubeurs qui étaient venus ici pour finalement voir que Kavinski, Busy P, Kindness, Sebastian et Skream & Benga avaient été annulés à cause de la pluie. Les techniciens de la scène de la Plage ont été priés de quitter le bateau pour venir en renfort sur la Greenroom et la Grande Scène. Il y avait donc au moins Justice de maintenu, pour le plus grand plaisir des kékés ivres qui nous draguaient en dansant de manière suggestive ("On a fait ça pour te montrer qu'on était des mâles.") - la joie des festivals tous publics. On n'attendait rien du duo français, leur dernier album est pas terrible et ça fait bien longtemps qu'on n'a plus écouté le premier. Et pourtant, étonnamment, leur set était pas mal du tout. Ils ont surtout joué des vieux morceaux, en incorporant pas trop mal les nouveaux, du coup on ne s'ennuyait pas et c'était cool de réentendre ce qu'on nous passait tout le temps en soirée au lycée. Ils ont une scénographie très bien fichue avec une croix et des orgues, et parfois, toute la scène se transforme en un ciel étoilé magnifique. C'était idéal pour nous mettre de bonne humeur avant de rentrer complètement blasées par la boue qui a envahi rapidement le camping. Et encore, ce n'était rien comparé au lendemain.