Lundi de Pentecôte travaillé ?

Publié le 29 mai 2007 par Jeune Prof De Droite

(photo AFP) Si l'on s'en tient à l'aspect financier, le lundi de Pentecôte travaillé est un succès. La journée de solidarité (mise en place en 2004 par le gouvernement Raffarin) a rapporté l'an dernier à l'Etat près de deux milliards d'euros, dont 800 millions ont servi à la prise en charge des personnes âgées en établissements, et 400 millions au financement de l'allocation personnalisée d'autonomie (pour les personnes âgées dépendantes).

Sur le fond, je n'adhère pas au slogan utilisé hier par la gauche ou par certains syndicats (comme FO) pour caractériser cette journée : "travailler plus pour gagner moins". D'abord, pour être parfaitement honnête, il faudrait dire "travailler plus pour gagner autant", le principe étant de travailler un jour de plus par an de façon non rémunérée au profit de la solidarité envers les personnes âgées. Ensuite, utiliser un tel slogan met en avant une logique égoïste alors qu'il s'agit au contraire de solidarité.

Pour ma part, je préfère de loin un tel système (qui, finalement, consiste à donner une poignée d'heures de son temps tous les ans au bénéfice des personnes âgées) à la création d'un nouvel impôt, qui, certes, dispenserait de ces quelques heures de travail, mais grèverait un peu plus le budget de tous les ménages : pour le coup, ce serait "travailler autant pour gagner moins". Le lundi de Pentecôte travaillé permet donc de venir en aide aux personnes âgées dépendantes sans nuire au pouvoir d'achat des Français.

En pratique, maintenant, il n'en reste pas moins vrai qu'un certain nombre de problèmes se posent. Selon un sondage OpinionWay paru il y a quelques jours, 59% des Français (48% dans le secteur privé) annoncaient qu'ils ne travailleraient pas le lundi de Pentecôte. Certes, pour les salariés dont les entreprises étaient fermées hier, le jour n'était pas férié à strictement parler, puisque la journée leur était décomptée des RTT, mais il n'empêche qu'au final ces chiffres font un peu désordre.

Pour inciter les entreprises à ouvrir, je crois que la première mesure à prendre serait de mettre ce jour-là les fonctionnaires au travail. Les tribunaux, les écoles, les préfectures, les ANPE, la Poste ne fonctionnaient pas hier ! Il est vrai que, dans la mesure où les fonctionnaires ne créent pas de richesse, qu'ils travaillent ou non ce jour-là ne changera pas grand-chose à la somme récoltée au profit des personnes âgées. Mais il serait particulièrement injuste vis-à-vis du secteur privé que les fonctionnaires soient, pour cette raison, dispensés de participer à la solidarité nationale.

Les enseignants (je parle de ce que je connais le mieux), même s'ils ne sont pas devant les élèves le lundi de Pentecôte, sont le plus souvent censés participer à des réunions pédagogiques. A dire vrai, cela ressemble fort à une pseudo occupation qu'on a inventé là pour faire croire que les enseignants travaillaient aussi. Cette journée de pédagogie n'est par ailleurs généralement pas effectuée le lundi de Pentecôte, ce qui, là encore fait un peu désordre, et, pour citer un cas plus personnel, personne n'a travaillé hier dans le lycée où enseigne ma fiancée ; aucun enseignant n'a d'ailleurs reçu de convocation pour une future réunion pédagogique.

En réalité, il faudrait mettre fin à cette fumisterie, et envoyer les enseignants devant les élèves. Ce serait plus utile aux élèves, et cela faciliterait la tâche de bien des parents, censés travailler ce jour-là. Pour marquer qu'il ne s'agit pas d'une journée comme les autres, elle pourrait être utilisée à des cours de soutiens et de remise à niveau. La même chose pourrait être faite au sein des universités. Je souhaite en tout cas vivement que Xavier Bertrand, qui a promis récemment de "faire une évaluation du dispositif sans tabou" se pose sérieusement cette question.