Rebecca

Publié le 07 juillet 2012 par Olivier Walmacq

genre: thriller
année: 1940
durée: 2h10

l'histoire: Un jeune lord anglais emmène son épouse dans son manoir où plane le souvenir de sa première femme.

la critique d'Alice In Oliver:

A la base, Rebecca, réalisé par Alfred Hitchcock en 1940, est l'adaptation d'un roman écrit par Daphne du Maurier et publié en 1938.
Le cinéaste compte alors sur la réputation du livre pour la promotion du film. D'ailleurs, Rebecca est le premier long-métrage d'Alfred Hitchcock à avoir été tourné aux Etats-Unis. A sa sortie, Rebecca connaîtra un grand succès, à la fois critique et publique, et sera récompensé par deux Oscars: celui du meilleur film et celui de la meilleure photographie.

Au niveau du casting, le film réunit Laurence Olivier, Joan Fontaine, Judith Anderson, George Sanders et Nigel Bruce.
Première qualité, et pas des moindres, cette adaptation reste très fidèle au matériau d'origine. A la base, le roman de Daphne du Maurier est un conte macabre, sombre, torturé et dans lequel planent l'odeur et l'ombre de la mort.

Et c'est ce que tente de traduire Alfred Hitchcock à l'écran. Sur ce dernier point, Rebecca oscille entre thriller, fantastique, suspense et épouvante.
Encore une fois, le film peut s'appuyer sur une photographie magnifique et en noir et blanc. Plus que jamais, Rebecca s'apparente à un film de maison hantée. Ici, c'est le spectre de l'épouse de Maxime de Winter (Laurence Olivier), un riche veuf, qui vient submerger une demeure isolée au milieu de nulle part.

A partir de là, le film propose une confrontation psychologique entre la nouvelle épouse de de Maxime de Winter (Joan Fontaine) et Mrs Denvers (Judith Anderson), la gouvernante de la maison. Cette dernière ne cesse de raviver les souvenirs macabres de l'ancienne femme de la maison. Alfred Hitchcock confère à cette gouvernante l'aura d'un fantôme, surgissant de nulle part et prête à accomplir une vengeance venue d'outre-tombe.
C'est aussi ce dernier point qui rend ce thriller aussi terrifiant.

Encore une fois, le cinéaste insiste largement sur la présence de cette servante fantômatique, le visage de cette dernière envahissant l'écran dans sa totalité. Ce personnage est volontairement déshumanisé, telle une ombre filmée parfois à contre-champ, pour mieux exprimer son statut de spectre malfaisant et occupant une place particulière dans l'immense demeure.
Quant à la nouvelle épouse de Maxime de Winter, cette dernière est l'opposée même de Mrs Denvers.

La jeune femme symbolise l'amour, la douceur mais aussi la naïveté, tel un personnage de conte de fées confronté à la terrible sorcière.
Certes, l'ex-épouse de Maxime est décédée mais son ombre plane tel un corbeau menaçant et plongeant l'héroïne dans une certaine mélancolie.
Inconsolable, la jeune femme ne tarde pas à avoir des idées suicidaires. A partir de là, la nouvelle Madame de Winter apparaît comme le nouvel ennemi de la maison. Un ennemi qu'il faut à tout prix éliminer.

Pour cela, pas besoin de grands dialogues, Alfred Hitchcock insistant largement sur les jeux des regards et un décor gothique et morbide, situé dans un lieu à la fois vaste, étroit et retiré du monde. Pourtant, la nouvelle femme de Maxime ne tardera pas à connaître la vérité, ici dévoilée lors d'un incendie, le feu ramenant progressivement la demeure "vivante" à la raison.
Bref, un superbe film qui peut s'appuyer sur de très bons acteurs, notamment Joan Fontaine, dont la beauté exalte la caméra.

Note: 18/20


Rebecca (1940) Alfred Hitchcock - Official Trailer [VO-HQ]