Le RATP se prend pour Jean de La Fontaine

Publié le 08 juillet 2012 par Gabee @Grabirelle

Hello mes jolies poulet(te)s doré(e)s ! (c'est contraignant, la mixité)

Un peu de culture pub ?

Je voulais aujourd'hui vous parler d'une campagne qui traîne (oui, "traîne", parce qu'elle me dérange un tantinet !) depuis quelques temps maintenant, sur les quais du métro parisien. Vous avez sûrement vu ces affiches si vous habitez vers Paris. Je passe devant chaque jour, et... pour tout vous dire, justement, parce que je suis cliente de la RATP (oui, cliente, et pas "utilisatrice", "usagère" ou je ne sais quelle autre terme foireux), chaque jour de l'année, j'ai très mal pris cette campagne.

Voilà le contexte: La RATP cherche à communiquer sur les bons usages, de rigueur dans les transports en commun. Effectivement, les locaux sont constamment dégradés (Ouuuh, le joli tag "Nico+Jenny=love") et ses clients se plaignent très fréquemment du comportement de certaines personnes. Une première réponse très intéressant avait été développée par l'entreprise, en matière de communication digitale, en utilisant le réseau social Twitter, d'une façon plus qu'intéressante. Ils ont créé le hashtag #quoimaligne, permettant aux utilisateurs de Twitter de s'exprimer sur ce qu'il se passe dans les transports en commun en y associant ce hashtag (on est un peu sur le principe Gossip Girl, en moins naze). Le compte officiel, supporté par la RATP, se charge ensuite de retwitter les remarques les plus pertinentes, intéressantes. Cela va du signalement d'un retard à la dénonciation de la voisine qui pose ses pieds sur les sièges (ouh l'odieuse bonne femme !). Bonne initiative, écoute de l'entreprise au top et grand succès à la clé: bien joué.

Mais voilà, la RATP veut elle même s'exprimer sur le sujet et ne plus se contenter de relayer la parole de ses clients (beh quoi, on a décidé d'arrêter de se cacher derrière le client ?). C'est tout à son honneur. Ce qui l'est moins, c'est la tournure qu'à pris cette campagne...

S'inspirant de Jean de La Fontaine et de ses métaphores brillantes, de l'art de la satire qu'il maniait à merveille, utilisant "les animaux pour éduquer les Hommes", selon ses propres mots, la RATP s'est incroyablement bien planté. Des personnes en infraction sont mises en scène en train de bafouer les règles de politesse élémentaires, dans les transports en commun (tu ne salira point les sièges, tu laissera ta place aux mémés, tu ne bousculera pas la bourgeoise effarouchée, perchée sur ses talons Lanvin, de risque de la voir piquer une crise...). Ces contrevenants sont remplacés par des animaux. Sous l'image, une accroche moralisatrice au possible, reprenant le style des adages qui clôturaient les fables de La Fontaine.

1er "hic" : le choix des animaux associés aux clients contrevenants (mais clients tout de même, mince !), pas des plus flatteurs. Un âne, un paresseux, une poule, un lama, une grenouille, un porc, un buffle...

2ème "hoc" : Le jugement porté et le ton extrêmement moralisateur de la campagne.

Et, pour citer La Fontaine, Ô combien imité, jamais égalé (surtout pas pour cette campagne)...


"Chacun à son métier, doit toujours s'attacher"

Et la RATP devrait en prendre de la graine. Parce que, donner des leçons, c'est bien, mais être irréprochable, c'est mieux.

Qu'en est-il des nombreux retards, des annulations à répétition ? Combien de fois sommes-nous restés pantois sur un quai de gare, aucun affichage fonctionnel à l'horizon, ni même de train (Combien de fois ai-je rêvé d'avoir un hélicoptère dans cette situation ?) ? Combien de fois nous sommes-nous retrouvés arrêtés en plein milieux des voies pendant des dizaines de minutes, sans même savoir pourquoi, sans même une information ? Combien de fois est-ce que je me suis fait ennuyée par un boulet un peu éméchée à quelques mètres seulement d'une équipe de contrôleurs qui n'agissaient même pas, trop occupés à dresser des contraventions (Un courage et un sens du service à toute épreuve) ? Combien de fois ai-je attendu, sans jamais l'entendre, un simple "bonjour" de la guichetière de ma gare (aussi aimable qu'une harpie) ? Et la liste aurait pu être bien plus longue, si je l'avais voulu exhaustive.

Alors, certes, cracher par terre, ne pas payer son ticket de RER, bousculer les gens, parler trop fort au téléphone, s'affaler sur les strapontins aux heures de pointe, c'est mal (très mal). Mais, concrètement, je ne me sens pas concernée par ces incivilités et je ne pense pas que les personnes concernées vont changer leur comportement après s'être senti traitées de porc ou d'âne.

Beaucoup trop de gens se plaignent des services de la RATP, d'utilité publique, étant donné que, sans trains et métro, je ne peux plus aller travailler. Être client de la RATP relève plus d'une obligation que d'un choix et on s'en rend encore plus compte par leur comportement. Ils ne connaissent pas la concurrence et jouent avec nos nerfs. Ils dénigrent le fait que nous leur créditons une partie de notre salaire chaque mois en nous qualifiant d'usagers. Maintenant, par dessus le marché, ils se permettent de juger nos comportements, de nous comparer à des animaux et pire, de nous faire la morale (Bravo les mecs !).

Alors, certes, la campagne et amusante, mais, dès qu'on y pense un peu plus, ça pique. Je dirais même que ça pince assez fort.

Et vous, mes poulet(te)s doré(e)s, qu'avez-vous pensé de cette campagne ? L'appréciez-vous ?