[Critique DVD] La Porte du diable

Par Gicquel

Au 19e siècle, un sergent-major de l'armée fédérale est de retour dans son village natal. D'origine indienne, il est, malgré les récompenses obtenues au fil des ans, toujours mal considéré.

"La Porte du diable" de Anthony Mann

Avec : Edgar Buchanan, Rhys Williams, Robert Taylor

Sortie le 04 juillet 2012

Distribué par Wild Side Video

Durée : 84 minutes

Nombre de : 1

Film classé : Tous publics

Le film :

Les bonus :

Pour l’histoire du cinéma, et celle du western en particulier, «La porte du diable » assez méconnu me semble-t-il, est un film totalement à part. C’est le premier du genre pour Anthony Mann alors familier des thrillers, et surtout, avec «  La flèche brisée » qui sort la même année, c’est le premier film pro-indien.

Le point de vue à sens unique, radical, est celui des opprimés. Anthony Mann le place à un niveau d’humanité incroyable pour l’époque, en évoquant frontalement  l’ostracisme dont ils sont l’objet. Il le fait à travers l’histoire d’un indien Lance Pool qui malgré sa bravoure et ses décorations décrochées pendant la guerre de Sécession, doit maintenant céder ses terres à des fermiers blancs.

Un contentieux existe entre les deux peuples, mais le temps n’est plus à l’attaque des diligences. Et les bagarres de saloon ont une toute autre allure.

Le héros a fait la guerre aux côtés des blancs et de retour chez lui, il prône l’intégration. Il y croit fermement, ce n’est qu’une question de temps, pense-t-il en dévisageant le joli minois de son avocate(Paula Raymond ) .Là encore stupeur dans le monde du western ; une femme dans un tel rôle ! La première rencontre avec Lance Poole est d’ailleurs éloquente.

L’homme a toujours vécu dans ce petit coin de paradis du Wyoming appelé «  Les douces prairies » ; il ne voit pas pourquoi, riche de 5.000 têtes de bétail, il devrait tout abandonner.

On tente alors de parlementer, de trouver un compromis, quand la force du mal, incarné par un avocat machiavélique (Louis Calhern), réussit à déjouer les plans de bonne entente. Ce sera l’affrontement.

Mann n’en dit pas forcément plus, laissant simplement sa caméra traquer les zones d’ombres d’un conflit ancestral pour en débusquer les failles et les incohérences. Avec des scènes d’action là encore assez inédites, parfaitement filmées, sur les images de John Alton.

Et si le propos final demeure à la force publique, pendant une heure, l’espoir a pris les devants. Robert Taylor en est le porte parole. Je parle à la fois du rôle, mais aussi du comédien, tellement sérieux dans sa panoplie  que l’investissement semble total. De nos jours, ça ce fait rare.

  • « L’Ouest majuscule » (26 mn )

Bertrand Tavernier et Jean-Claude Missiaen commentent ce film en insistant particulièrement sur le travail de John Alton, chef opérateur qui se fera virer plusieurs fois des plateaux de tournage pour aimer … les ombres.

Mais avec Mann, pas de problème et leur bonne entente se matérialise notamment  « dans la bagarre du bar, et la manière dont la tension est créée. C’est une bagarre peu conventionnelle du western, hargneuse, pas de musique, qui alterne  avec des plans expressionnistes, avec une caméra toujours en contre plongée ou au-dessus du regard ».

En bref

Le film

Un western classique pour son histoire, mais d’une originalité qui en 1950 a pu faire grincer des dents. Le point de vue est indien et la réalisation d’une très grande efficacité sur le message humaniste qu’il entend faire passer

Les bonus

Deux réalisateurs spécialistes des westerns nous donnent leur point de vue …