Nicolas Sarkozy et l'éducation

Publié le 29 mai 2007 par Jeune Prof De Droite

C’est le 2 février dernier que dans un discours à Maisons-Alfort, N. Sarkozy a exposé son programme pour l’éducation. Je vais revenir aujourd’hui sur le contenu de son intervention, que j’ai beaucoup appréciée, à quelques nuances près, sur lesquelles je reviendrai dans une prochaine note.

Le premier mérite de N. Sarkozy dans ce discours est d’avoir proposé un diagnostic assez lucide et sans concession des difficultés de l’école aujourd’hui. On ne trouve en effet de solutions à un problème qu’à condition de bien cerner le problème lui-même. Or, « le problème », a-t-il souligné avec raison, « n’est pas technique, il est intellectuel et il est moral. » A force de se concentrer sur la question des moyens, la politique a fini par oublier que l’éducation n’était pas avant tout une question de quantité, mais de qualité et de transmission de savoirs et de valeurs.

N. Sarkozy pointe ainsi du doigt l’échec de la démocratisation de l’enseignement, qui, au lieu d’exiger le meilleur de chacun des élèves, a eu pour conséquence la diminution progressive des exigences et le nivellement par le bas : « L’école n’a plus mission de tirer tout le monde vers le haut au nom d’une certaine idée de ce que doit être un homme, mais de brader les diplômes pour remplir l’objectif d’amener 80% d’une classe d’âge au baccalauréat. »

Bien entendu, il ne s’agit pas d’accuser les enseignants de cet échec, mais plutôt le système lui-même dans son ensemble : « Je n’accepte pas, précise-t-il, qu’on fasse des enseignants les boucs émissaires d’un désastre dont la politique est seule responsable. »  N. Sarkozy regrette que la politique ait trop souvent « exclu le projet éducatif du débat politique ». Seule une volonté politique forte pourrait en effet mettre fin à la logique quantitative et à la dévalorisation des diplômes. C’est la politique qui doit définir ce que la France veut faire de son école. « Si je suis élu, martelle le candidat, je m’engage à ce que l’on débatte de nouveau des programmes scolaires et du projet éducatif devant le Parlement et le pays. »

Sans non plus « trop magnifier le passé », N. Sarkozy rêve de réintroduire dans l’école d’aujourd’hui les valeurs qui ont fait la grandeur de l’école de J. Ferry. L’école doit d’abord être un lieu de « transmission du savoir ». N. Sarkozy a utilisé l’expression plusieurs fois et je m’en réjouis, en ces temps où les pédagogues veulent nous faire croire que l’école doit d’abord veiller à développer la créativité de l’élève (de l’apprenant, disent-ils dans leur jargon). L’école doit devenir par ailleurs un « lieu d’exigence morale et intellectuelle » : elle doit pousser l’élève à donner le meilleur de lui-même, lui inculquer le goût du travail et de l’effort, et des valeurs de respect : « l’école n’est pas faite pour apprendre aux jeunes à être jeunes. L’école est là pour leur donner les moyens de penser par eux-mêmes. »

Au-delà de cette volonté politique générale, j’énumère maintenant les mesures concrètes proposées par N. Sarkozy pour l’éducation.

pour les élèves :

-accroître les exigences : « il n’y a pas d’autre choix qu’une éducation exigente qui pousse les élèves à se dépasser au lieu de les inciter à la facilité »

- faire de l’orientation une « pièce centrale » du système éducatif, afin que chacun puisse mieux choisir la formation qui correspond à ses aspirations

- diversifier davantage l’école « où la culture technique [doit être] partie intégrante de la culture générale », afin que l’apprentissage puisse « être une vocation et non un pis aller »

- mettre en place des études surveillées après la classe, pour aider les jeunes à faire leurs devoirs et leur éviter d’être laissés à l’abandon

- créer des internats d’excellence pour les bons élèves issus de familles modestes

- développer la place du sport à l’école, parce que « le sport est une morale de l’effort et une éthique »

- à terme, supprimer la carte scolaire, pour lutter contre les inégalités sociales

pour les enseignants :

- restaurer le respect qui leur est dû, en exigeant par exemple que, partout, les élèves se lèvent lorsque l’enseignant entre dans la classe

- revaloriser leurs carrières, « si dévalorisée depuis un quart de siècle »

- « multiplier les passerelles avec les autres administrations publiques », afin d’élagir leurs perspectives de carrière

- redistribuer pour moitié les éventuelles économies faites par le non-remplacement d’enseignants partant à la retraite.

- permettre aux enseignants voulant travailler davantage de gagner davantage (par l’encadrement des études surveillées)

- donner la liberté pédagogique aux enseignants

- évaluer les enseignants sur leurs résultats, avant tout par des critères qualitatifs (sur ce point, N. Sarkozy reste, il est vrai, assez flou)

pour les parents :

- verser une allocation familiale dès le premier enfant, « parce que le premier enfant représente une charge très lourde pour les jeunes couples »

- aider les parents qui en ont besoin à élever leurs enfants

- responsabiliser les familles qui ne respecteraient pas l’obligation de scolarité ou qui laisseraient leurs enfants se livrer à des actes de délinquance par une mise sous tutelle des allocations  familiales.

Au delà de l’Education Nationale elle-même, N. Sarkozy propose aussi la création d’écoles de la deuxième chance dans tous les départements pour les adultes qui souhaiteraient reprendre leurs études, avec des cursus permettant d’accéder à l’enseignement supérieur sans le bac. Le candidat projette également d’instaurer pour tous un capital formation qui permettrait à chacun de se former tout au long de sa vie.

Bien sûr, certaines de ces mesures nécessiteraient des précisions, mais parce que N. Sarkozy est le seul candidat à pointer du doigt la baisse des exigences, la dévalorisation des diplômes et les difficultés de l’école à assurer la promotion sociale, il me paraît aussi le seul capable de rendre à l’école toute la place qui lui revient.