Brüno – Lorna

Par Yvantilleuil

Du grand n’importe quoi, qu’on adore… ou pas !

Si vous avez aimé l’hommage délirant au cinéma Grindhouse de Run dans les deux premiers tomes de la série Doggybags, ne lisez pas la suite de cet avis et courez acheter ce one-shot chez votre libraire.

Si vous n’avez pas lu Doggybags, courez chez votre libraire pour acheter le premier tome de cette saga complètement déjantée. Vous allez adorer !

Quant à Lorna, dès les premières pages, on accroche aux personnages hauts en couleur. Il y a tout d’abord Ivan, tombé en panne dans le désert, qui jure comme un charretier sur cette Treblinka de m**** dont il a hérité et qui m’a fait pouffer de rire. Mais il n’y a pas que lui car Brüno fait très fort au niveau du casting. Jugez plutôt : Henri Luxe-Butol, fils d’un puissant industriel pharmaceutique et amoureux fou d’une actrice porno aux gros nichons, Tamara Teets, la star du X qui fait la une du Financial World entre deux scènes de cul, William Machin, un scientifique rancunier qui n’apprécie pas trop le fait qu’on lui pique son invention du siècle (une pilule capable d’augmenter considérablement le volume du sexe masculin), Max Busenmeister, producteur de films X, et finalement, last but not least, Werner, un extra-terrestre venu visiter la Terre à bord d’un robot géant aux formes plantureuses.

Vous l’aurez compris, Brüno se fait actuellement soigner en toute discrétion pour ce gros brin de folie intitulé “Lorna”, mais entre-temps, le mal et fait et cet album est donc disponible (pour un public averti) dans toutes les bonnes librairies. L’auteur y livre une histoire abracadabrantesque mêlant SF, horreur, porno, humour décalé et road-movie, mais également un hommage particulièrement réussi aux films de série B/Z. Brüno se lâche complètement et propose une intrigue mêlant un pingouin extra-terrestre, une femme géante qui se balade à poil et avale les hommes qu’elle rencontre, des militaires à la recherche de l’arme absolue, un monstre arachnéen et pleins d’autres absurdités. Et bizarrement, aidé par une narration exemplaire et des dialogues savoureux, il parvient à lier l’ensemble en un tout qui happe le lecteur de la première à la dernière page. Yep, ce type est fou !

Visuellement, on retrouve son style minimaliste, assez épuré, particulièrement expressif et extrêmement efficace. Si le tout est dynamisé par un découpage ingénieux, on ne retrouve pas la colorisation habituelle, mais une bichromie jaunâtre des plus réussies, qui accentue encore l’ambiance surréaliste de l’ouvrage. Une ambiance qui est d’ailleurs soignée jusque dans les moindres détails, de la maquette du livre au style rétro, en passant par les fausses publicités et sans oublier cette couverture faisant office de poster.