[Test] Diablo 3, alors enfer ou paradis du gamer ?

Par Coupleofpixels

 

On l'aura attendu celui-là ! Depuis l'officialisation du développement en 2008 et le retour catastrophique des fans sur le nouveau style graphique pas assez sombre, Blizzard aura complètement revu sa copie... Entre la refonte quasi-complète de l'artistique et les changements de gameplay parfois en dernière minute (les différences avec la béta testée il y a un an et la version finale sont plus qu'anecdotiques), les développeurs n'auront pas chômé pour livrer le jeu le plus attendu de l'année.
 
Et nous aussi, on l'attendait fébrilement. D'ailleurs, notre collector trône fièrement au milieu d'une centaine de bougies sur un autel "Made in Hell" garanti contre l'eau bénite et sans qu'aucun démons mineurs n'aient été maltraités pendant sa construction... Mieux que les usines Apple en Chine...

Avec l'E3, nous avons eu aussi la chance de commencer le jeu avec deux bonnes semaines de décalage par rapport à tout le monde, ainsi, nous n'avons jamais rencontré la fameuse erreur 37 qui a empêché bon nombre d'entre vous d'effectuer vos prières quotidiennes...

Néanmoins, nous ne pouvons que condamner l'idée de "génie" consistant à imposer une connexion même pour une partie en solo. On peut comprendre cette idée quand celle-ci apporte vraiment quelque chose mais là, on coince un peu sur l'intérêt pour le joueur solo de devoir être connecté en permanence surtout quand les serveurs de Blizzard sont en carton (comme s'ils ne savaient pas que tout le monde essayerait de se connecter en même temps...).

Impossible également pour les vacanciers de s'adonner à leur loisir préféré loin de toute connexion et vu l'été pourri, je connais quelques vacanciers qui auraient pourtant bien aimé pouvoir casser du démon.
 
Bref, pas de soucis techniques pour nous hormis l'une ou l'autre déconnexion toujours aussi énervante d'ailleurs.

 

Mais trêve de problèmes de lancement, parlons un peu du jeu et surtout, avons-nous eu raison de patienter ?
 
Diablo 3 est, comme d'habitude dans les suites de Blizzard, très proche de ses prédécesseurs mais pourtant le fan de la première heure que je suis a été un peu choqué par quelques choix de gameplay assez "tranchants".

Le mot d'ordre de Blizzard : Simplification !

Ainsi, plus de parchemin d'identification (remplacé par un inutile clic droit qu'on se demande à quoi il sert), plus de parchemin de retour en ville remplacé par un pouvoir permanent accessible après une grosse heure de jeu, plus de Tetris avec son inventaire, tous les objets prennent la même place que ce soit une faux géante ou une baguette de sorcier,... et j'en passe.

L'objectif étant de ne plus casser le rythme des combats avec des actions inutiles mais étonnamment, le sac est toujours aussi petit et impose toujours un retour en ville pour vendre son surplus. Pas de mule ou de PNJ qui va vendre vos affaires à votre place.

Si ces changements sont parfois bénéfiques, mes premières heures de jeu en ont pourtant souffert... D'abord  parce que je suis un vieux con (qui a dit " c'est vrai" ? j'ai entendu!) et que je ne reconnaissais plus le jeu qui a hanté mes nuits sans devoir me trimballer 50 parchemins et essayer de faire rentrer toutes mes armes dans mon inventaire, mais surtout parce que le roleplay en prend pour son grade.

Soyons honnête, Diablo n'a jamais été un jeu de rôle mais un hack & slash pour cliqueur invétéré et collectionneur de loot mais son univers dark fantasy très rôliste a été aussi pour beaucoup dans son succès, alors voir une épée 2 mains plus grande que moi prendre la même place dans l'inventaire que le couteau de cuisine, ça me choque.

Mais il y a pire... Le système de dégâts !

Diablo 3 propose un système de calcul des dégâts ultra simpliste (ce qui a le mérite d'être accessible à tout le monde - Ca, c'est un troll gratuit, ne me remerciez pas ça me fait plaisir).
Ainsi, les dégâts de l'arme (dont le DPS est écrit en police +40) sont boostés par votre caractéristique principale : le guerrier voit ses dégâts augmenter de 10% par point de force, le chasseur de démon par point de dextérité et la sorcière par point d'intelligence (pour ne citer qu'eux).

Pas forcément très logique mais j'ai déjà vu des systèmes encore plus bizarres donc on peut encore l'accepter. Mais là où je crie au scandale, c'est que tous les archétypes peuvent porter toutes les armes sans aucun malus... Bienvenue donc aux sorcières avec une épée à deux mains plus grosses qu'elles ou aux moines à baguette...

 

Bien sûr dans la pratique, on a quand même naturellement tendance à utiliser les armes destinées à son archétype parce que les bonus sont plus adaptés mais on peut facilement faire tout le jeu en mode normal avec une arme un peu exotique avant de sentir le besoin de passer à des armes plus "logiques".
 
Tant que j'en suis aux éléments qui fâchent, le loot de ce troisième épisode est vraiment décevant... On loot beaucoup, parfois même trop mais surtout on loot très peu d'objets vraiment utiles... Je ne compte plus les haches avec boost d'intelligence ou les baguettes avec boost de force...

Et quand on sait que certains loots magiques sont parfois bien meilleurs que des loots légendaires, on a tendance à ne regarder le loot que d'un oeil, ce qui est dommage pour un Diablo... Heureusement, tout cela s'arrange "un peu" avec les niveaux de difficulté supérieurs.

 

La difficulté est d'ailleurs un autre sujet de mécontentement puisque le mode normal (qui est obligatoire pour chaque personnage) est d'une simplicité à faire peur...

Bien évidemment, le fait que l'hôtel des ventes mette à votre disposition des objets incroyablement puissants pour quasiment rien contribue beaucoup à rendre ce mode trop facile mais même avec le matériel d'origine, la difficulté n'est pas insurmontable, loin de là.

On fait donc face à un tutoriel de 20-25 heures, le temps de terminer le jeu en mode normal avant de passer aux choses sérieuses avec le mode Cauchemar puis Enfer pour terminer par l'abominable Armageddon sur lequel Blizzard a placé la barre très haut puisque les rares joueurs à l'avoir terminé ont systématiquement évité certains boss presqu'invincibles.

A noter quand même que Blizzard a déjà abaissé la difficulté de ce mode lors d'un patch précédent. Et bien sûr, n'oublions pas le mode extrême où l'on ne joue qu'avec une seule vie... De quoi pimenter ses parties !

Mais alors pourquoi on y joue ?
 
Après avoir lu tout ça, vous êtes certains que j'ai détesté le jeu...
Et bien pas du tout...

Le syndrome Blizzard a encore une fois frappé puisqu'une fois le jeu lancé, seuls les premiers rayons de soleil m'annonçant qu'il est peut-être temps d'aller dormir une heure ou deux m'ont fait lâcher la souris et à peine déconnecté, je ne pensais déjà plus qu'à ma prochaine session....

Blizzard est définitivement un dealer de talent !
Car c'est bien là, le miracle de Diablo3... Une simplification du gameplay à outrance afin d'aller à l'essentiel et même moi qui suis plutôt un amateur de jeux complexes, j'ai accroché immédiatement. Plus rien ne se dresse entre notre avatar et le loot, ce qui reste le nerf de la guerre dans un Diablo.
 
D'un point de vue technique, le jeu reste jouable sur une large gamme de configuration et pourtant, ce ne sont pas les effets qui manquent.
Entre le chasseur de démon qui tire ses projectiles aussi vite qu'une mitraillette et le sorcier qui balance ses sorts dans tous les sens, l'écran devient vite illisible pour le non-initié. Les effets sonores sortent également du lot. Tout dans le jeu est là pour vous rappeler que vous êtes le héros, le sauveur de Tristram et de l'humanité qui affronte les hordes démoniaques !

L'hôtel des ventes va diviser la communauté et si pour ma part, je suis vite devenu accroc à l'hôtel en pièces d'or où on peut s'équiper pour vraiment pas grand-chose, j'ai plus de doutes sur l'utilité de l'hôtel en euros.
Blizzard a d'ailleurs eu quelques soucis en Corée où Diablo 3 est maintenant considéré comme un jeu d'argent. On peut comprendre le besoin de contrôler les ventes en argent réel qui avaient lieu sur des sites externes mais de là à l'intégrer autant dans le jeu...
 
Enfin, la question piège, Diablo3 est-il le meilleur Diablo-like du moment ?

Question difficile car même si j'ai adoré (et adore toujours) jouer au jeu et développer des persos en pagaille, il y a plusieurs éléments qui m'ont déçu (simplification, trop grande facilité en mode normal, loot un peu faiblard,...).

En tant que créateur du genre (même si Gauntlet a été une grosse source d'inspiration), je pense que, oui, Blizzard signe le meilleur titre du genre mais si vous êtes fans du style cliqueur chasseur de loots, je garderais quand même un oeil sur Torchlight 2 qui semble bien parti pour tenter un putsch contre le roi Diablo mais en attendant, foncez l'acheter, vous ne serez pas déçu.

Conclusion
 
Diablo 3 aurait pu souffrir de sa trop grande simplification et pourtant ce n'est pas le cas. Tout est plus rapide, tout est plus joli et tout est mieux pensé que chez la concurrence.

On se retrouve donc à la tête d'un héros surpuissant à dégommer des milliers de démons dans l'espoir de looter l'objet de nos rêves et malgré les défauts du jeu, on ne peut pas s'empêcher de recommencer...
 
Pourtant, il faudra pour s'amuser dire adieu aux derniers éléments de jeux de rôle et voir Diablo 3 comme ce qu'il est vraiment, un hack & slash pour cliqueur fou avide de loot.

Dommage que le jeu soit si facile pendant ses premières heures et qu'il faille vraiment attendre les niveaux de difficultés supérieurs pour commencer à découvrir un vrai Diablo avec un peu de stratégie pendant les combats surtout en multi.
 
Note : 8/10