Fuir la chaleur à la coréenne...

Publié le 16 juillet 2012 par Zimmer

Une plage de l'île de Jéju en Corée


En été, les français rêvent souvent de la plage : sous le soleil, se dorer  la peau recto verso… En revanche, dans l’imaginaire collectif coréen, l’arrivée d’été fait plutôt rêver de gorges, de rivières et de vallées fraîches dans les montagnes... 

Un torrent de montage


Bien sûr, les coréens aiment aussi aller sur la plage sous le soleil. Mais ce sont souvent des groupes de jeunes gens amis qui vont à la plage, pour faire la fiesta. Sinon, on y reste en général très peu de temps car il y fait trop chaud : la mer, le sable et l’air…

Plage à Busan (ville portuaire coréenne)


En coréen, « la saison des vacances d’été » pourrait se traduire par 피서철 Pisôchoel (la période où l'on fuit à la chaleur). Pour fuir la chaleur, depuis toujours, les coréens préfèrent de loin se réfugier au bord de l’eau fraîche des torrents et rivières de la montagne. 

Le rêve...!

La péninsule coréenne est montagneuse et il est très facile d’accéder à ses montagnes à partir de n’importe quelle ville. La plupart des montagnes sont de basse altitude, et offrent ainsi des randonnées faciles d'accès.Mais si on y va simplement pour fuir une chaleur accablante, on doit grimper un peu pour atteindre les gorges nichées entre les vallées. Pour passer une belle journée, les coréens emmènent avec eux de la nourriture et un tapis de sol. Après avoir trouvé l'endroit idéal, on déploie le tapis (de préférence en bambou tressé) et on dépose les boissons et les fruits dans l'eau du torrent (l’eau est fraîche, même trop froide si elle est proche d’une source). 

 Une scène estivale typique

Les enfants s’amusent dans l’eau et les adultes papotent ou font un somme. Les amoureux des chutes d’eau doivent grimper encore un peu plus... Se glisser sous une chute d'eau est apprécié par les coréens, pour la fraîcheur mais aussi pour la fonction de massage apportée par l'eau qui tombe en force.   
Dans le temps, les lettrés confucianistes coréens aimaient aussi se réfugier près des eaux de montagnes, coulant sous l'ombrage des arbres de la forêt. Ils s’installaient dans un pavillon ouvert construit au bord de l'eau ou simplement sur des roches plates. Ils composaient des poèmes (en écrivaient aussi sur l’éventail), jouaient au go, buvaient du vin…

Le poème, la musique et le vin....

Sous le règne de Séjong le Grand (1418 – 1450 : roi humaniste qui est à l’origine de la création de l’alphabet coréen en 1443), les fonctionnaires avaient d’un à trois mois de repos en été pour qu’ils puissent s’instruire grâce à la lecture.

les tapis et les coussins en bambou, les éventails.. 


Une autre méthode employée par les coréens pour éviter la chaleur est de sortir à la nuit tombée. Après le coucher de soleil, on trouve beaucoup de monde aux bords des rivières qui traversent les villes... 

flânerie nocture

La nuit, on se balade souvent en famille ou en couple. On peut assister aux petits concerts gratuits dans certains quartiers. A 22 heures, encore dehors, on prend un goûter du soir dans l'une des nombreuses échoppes.  

Une nuit estivale au centre de Séoul

   Selon un ancien adage rural, si on se prélasse une journée en été, on a faim pendant 10 jours en hiver. En été, les paysans coréens avaient beaucoup à faire sous le soleil ardent !... Sans climatisateur ou ventilateur, ils ont inventé des objets anti-chaleur qui les accompagnaient durant toute la période estivale : éventail, oreiller en bois (étonnant !), traversin en bambou, store en bambou tressé, couverture en chanvre, habits en ramie…  

Une invitation à la sieste

Parmi eux, le traversin en bambou est un objet intéressant. Il s’agit une structure cylindrique vide tressé en bambou. Il mesure environ un mètre de longueur et 25cm de diamètre. 

Comment faire une bonne sieste au frais

On l’appelle 죽부인 JukBouîn : l’épouse en bambou. Durant les étés coréens chauds et humides, on dort en le prenant dans les bras et entre les jambes. Cet objet empêche l’utilisateur d’avoir des démangeaisons cutanées à cause de  la sueur. C'était un objet de première nécessité chez les lettrés qui ont même écrit  des récits en l'honneur de cette compagne estivale.   

Habit traditionnel coréen (Hanbok) en ramie ; ultra léger (voire transparent)