[Critique] POINTS DE RUPTURE

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : Powder Blue

Note:
Origine : États-Unis
Réalisation : Timothy Linh Bui
Distribution : Jessica Biel, Ray Liotta, Forest Whitaker, Eddie Redmayne, Patrick Swayze, Kris Kristofferson, Lisa Kudrow, Don Swayze, Sanaa Lathan, Chandler Canterbury, Jeff Wolfe, Sala Baker, François Chau, Leyna Nguyen, Joe Holt…
Genre : Drame
Date de sortie : 2 novembre 2011 (DTV)

Le Pitch :
Rose tente désespérément de joindre les deux bouts, en dansant dans un club de striptease, pour payer les frais hospitaliers de son fils, très malade. Charlie, quant à lui, écume les bas-fonds de Los Angeles à la recherche d’une personne qui pourra l’aider à réaliser son funeste projet. Jack, un homme seul, fraichement sorti de prison semble décidé à reconstituer les pièces d’une existence en lambeaux. Enfin, il y a Qwerty, un jeune entrepreneur de pompes funèbres qui doit faire face à de graves difficultés financières. Des âmes cabossées qui vont s’entrechoquer, dans l’espoir de changer le cours de leur vie…

La Critique :
Sorti dans une indifférence générale, Points de rupture fût pourtant précédé d’une campagne promotionnelle non officielle, bâtie autour de la scène de lapdanse dans laquelle Jessica Biel se livre sans détour. Une vidéo qui n’a pas spécialement incité les fans de la belle à se ruer sur le film, mais plutôt à se jeter sur YouTube, où ils ont pu profiter de la dite scène sans avoir à se farcir le reste du long-métrage. Alors que faut-il faire ? Aller sur YouTube et regarder cette scène, il est vrai marquante, où carrément opter pour le film dans son intégralité ? La réponse est simple : il faut voir Points de rupture. Car on y voit non seulement Jessica Biel danser en tenue légère, mais il s’agit sans aucun doute de son meilleur rôle. Le film est certes imparfait, mais n’en reste pas moins recommandable. L’actrice, qui, on le rappelle, a débuté dans la série réactionnaire Sept à la maison, tombe le masque (et le haut). L’effet est immédiat et la propulse dans la cour des grandes. Non seulement sublime, Jessica Biel habite le film et se donne sans réserve dans un rôle difficile car bâti sur des clichés un poil rabattus.
C’est d’ailleurs le défaut principal de ce Points de rupture qui cumule les poncifs du film choral à la Magnolia. Comparaison qui finit de rendre le film de Timothy Linh Bui mineur, tant celui de Paul Thomas Anderson s’impose comme un modèle du genre.
Mais bon, mineur ne signifie pas anecdotique ou mauvais. Points de rupture compte aussi quelques qualités non négligeables.
Il y a le casting tout d’abord. Entre les têtes d’affiche (Jessica Biel, Forest Whitaker, Ray Liotta, Eddie Redmayne) et les seconds rôles (Patrick Swayze, Kris Kristofferson, Lisa Kudrow), la distribution a de la gueule. Et pour en revenir à Swayze, il est important de souligner qu’il s’agit ici de sa toute dernière apparition au cinéma. Une performance d’ailleurs furtive mais remarquable.
Tout le monde fait son boulot avec soin, incarnant des figures mélancoliques perdues dans les méandres d’un mélo qui n’hésite pas à forcer le trait. Ce sont les acteurs qui sauvent la mise, même si l’écrin dans lequel ils évoluent n’est pas non plus ultra bancal.
Les histoires s’entremêlent, la plupart du temps de manière fluide et finalement, c’est le manque de relief d’un scénario un peu fade, qui plombe le plus le film. Un script qui joue les prolongations inutilement, qui ne sublime que très rarement les poncifs auxquels il s’attache.

Points de rupture n’a pas connu les honneurs d’une sortie en salle. C’est dans un sens compréhensible, mais néanmoins dommage, quand on voit les chargements de navets qui déboulent tous les ans dans les cinémas. En vidéo aussi, Points de rupture est passé inaperçu. Rien ici ne justifie un tel traitement. Propre, bénéficiant d’une photographie teintée de poésie crépusculaire et jouissant d’une distribution cohérente et puissante, le film de Timothy Linh Bui, cinéaste abonné aux DTV, reste recommandé à toutes celles et ceux qui aiment les performances d’acteurs. À ceux qui aiment Jessica Biel aussi, on y revient. Après tout, la star ici c’est elle. Tout le film semble converger vers cette fille perdue, en quête de liberté. Difficile d’y être insensible.

@ Gilles Rolland

Crédits photos : Eleven Eleven Films