Obama et l'entrepreneuriat

Publié le 21 juillet 2012 par Copeau @Contrepoints

Pour Barack Obama, en pleine campagne électorale, si vous avez créé votre entreprise, pris des risques, inventé un nouveau procédé ou produit, il n'y a aucune raison de croire que vous avez construit quoi que ce soit : vous devez votre réussite à la bienveillante société qui vous a tout apporté sur un plateau.

Par l'auteur du site Le Dahu Libre

C'est en substance ce qu'a déclaré le président américain à l'occasion d'un discours de campagne en Virginie :

Vous voyez, si vous avez réussi, vous n'y êtes pas arrivé par vous-même. Vous n'y êtes pas arrivé tout seul. Je suis toujours frappé par les gens qui pensent : "Eh bien, c'est simplement parce que j'ai été plus intelligent." Il y a des tas de gens intelligents. "C'est parce que j'ai travaillé plus que n'importe qui d'autre". Laissez-moi vous dire quelque-chose : il y a des tas de gens qui travaillent dur.

Si vous avez réussi, c'est que quelqu'un, à un moment, vous a aidé. Il y a eu un très bon professeur quelque-part dans votre vie. Quelqu'un a aidé à créer cet incroyable système américain que nous avons, qui vous a permis de percer. Quelqu'un a investi dans des routes et des ponts. Si vous avez une entreprise, ce n'est pas vous qui l'avez construite. Quelqu'un d'autre vous a donné les moyens de le faire. Internet n'a pas été inventé tout seul. La recherche gouvernementale a créé Internet pour que toutes les entreprises puissent faire de l'argent grâce à Internet.

Pour Obama, les choses sont donc claires : Steve Jobs n'aurait pas pu aller au travail tous les jours en sécurité sans routes ni merveilleux système de permis de conduire. Par conséquent, ce n'est pas Steve Jobs qui a créé Apple, mais l'organisme chargé de la régulation du trafic routier en Californie. Aucun entrepreneur n'aurait pu réussir sans le gouvernement. Rien n'est possible pour un individu sans l’État qui peut tout, voit tout, construit tout et invente tout. L'initiative individuelle est noyée dans la masse des accomplissements collectifs qui bénéficient à l'humanité toute entière.

Il est donc, selon le président des États-Unis, complètement déplacé d'être fier de son succès personnel, qui ne fait pas le poids devant les réussites collectives. Si votre entreprise prospère, ce n'est pas parce que vous êtes plus intelligent ou travaillez plus que les autres. C'est parce que vous avez exploité l'intelligence et le travail des autres, et c'est parce que les autres ont fait preuve de suffisamment de bonté pour vous aider. Si vous avez inventé quelque-chose, ce n'est pas vraiment vous qui l'avez inventé, car vous avez été aidé, et vous êtes redevable de cette invention auprès de la collectivité. Il n'y a pas de grands hommes ni de grands inventeurs, il n'y a que des hommes qui ont eu de la chance (en découvrant "par hasard" l'ampoule électrique, le moteur à explosion...) et qui ont profité des autres.

Cette vision des choses n'est pas sans rappeler un passage du roman philosophique et dystopique d'Ayn Rand, Atlas Shrugged (La Grève en français), dans lequel Jim Taggart exprime à sa sœur Dagny sa haine et son dédain pour Hank Rearden, inventeur d'un nouvel alliage aux qualités dépassant tous les matériaux existants :

"Il n'a pas inventé le minerai de fer et les haut-fourneaux, n'est-ce pas ?"
"Qui ?"
"Rearden. Il n'a pas inventé la fonderie, la chimie ni l'air comprimé. Il n'aurait pas pu inventer son Métal sans des milliers et des milliers d'autre gens. Son Métal ! De quel droit pense-t-il que c'est le sien ? De quel droit peut-il dire que s'est son invention ? Tout le monde utilise le travail de tout le monde. Personne n'invente jamais rien."
Elle dit, perplexe, "Mais le minerai de fer et toutes ces autres choses ont toujours été là. Pourquoi personne d'autre n'a jamais fabriqué ce Métal, mais M. Rearden l'a fait ?"

Bonne question, Mlle Taggart... Peut-être M. Obama a-t-il une réponse à proposer ?

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