SUPER TRISTE HISTOIRE D'AMOUR, de Gary SHTEYNGART

Par Geybuss

 Roman - Editions de l'Olivier - 410 pages - 24 €

Parution en janvier 2012

L'histoire : Lenny aime Eunice. Lenny a 39 ans et est moche , Eunice 15 de moins et est magnifique. Il est juif. Elle est coréenne. Dans une Amérique future où tout est fait pour rester jeune tout en gardant les préjugés d'en temps, c'est un amour difficile : entre les questions personnelles et le regard des autres. Surtout qu'en toile de fond, c'est tout l'empire Américain qui s'effondre.

Roman d'anticipation ? Pas si sûr. L'effondrement de l'occident n'a -t-il pas déjà commencé ?

Tentatrice : AGFE

Fournisseur : La bib'

Mon humble avis : Ce livre peut être considéré comme un roman d'anticipation. Il est en tout cas une satire de haut vol de notre avenir proche... A moins qu'il soit une parodie de notre présent... Une super triste histoire d'amour évoque le déclin de l'empire américain, et pourquoi pas celui de notre bonne vieille Europe, mais surtout, la fin d'un monde, d'une époque, d'une humanité. Et honnêtement, à bien y regarder autour de nous, aux infos ou notre propre nombril, on peut dire que ce livre parle de demain et qu'il fait déjà nuit.

J'ai vraiment beaucoup aimé la façon qu'a l'auteur de décrire justement ce New York et cette Amérique de demain, ainsi que ses braves petits habitants, qui sont mi humain mi wifi, dont la vie n'est que bips et clignotements, qui considèrent le livre comme un objet obsolète qui PUE (!!!). D'ailleurs, l'un des personnages réponds "qui" quand on lui parle d'un livre et non "quoi" ! C'est une époque où quand on est pas geek on est déglingeek, ou lorsqu'on n'est pas branché sur Criseinfo H24 ont est out. Où le téléphone portable n'existe plus, remplacé par l'äpärät.... Petit appareil qui contient tous les avantages de l'Iphone actuel + une connexion à tout et partout pour vous renseigner et renseigner la planète entière sur votre degré de baisabilité, votre beauté ou votre laideur parmi les 30 personnes qui vous entourent, le contenu de votre compte en banque, votre récupérabilité devant la vieillesse : en quelques mots, avez vous les moyens de vous payer la jeunesse éternelle ? Sinon, vous ne servez à rien et l'on vous éjecte du centre ville pour vous parqueren extrême banlieue. Moi, je trouve que cela ressemble déjà bien à nos vies actuelles. Les hommes, en achetant la jeunesse éternelle, pense célèbrer la vie et critiquent les autres, qui veillissent naturellement et seraient donc obsédés par la mort. Hum.hum.

Si l'on ajoute à cela que les créanciers de l'Amérique sont la Chine, la Norvège et l'Arabie Saoudite, on se dit que l'auteur n'a pas eu besoin d'une boule de cristal pour inventer le futur dans ce livre.

En tout cas, j'ai "adoré" les idées de l'auteur quand à notre avenir et sa façon de les mettre en images comme en mot. On peut y voir du 2ème, voire du 3ème degré. Mais, comme l'Homme est déjà bien pathétique en 2012, moi j'y ai vu plutôt du 1er degré en fait, même si cela reste aussi amusant que déprimant à lire.

Voilà pour les bons côtés... Passons  de l'autre côté de la force...

Entre ces belles vagues de trouvailles, il y a eu pour moi, hélas, de longues plages d'ennui. Heureusement que ses trouvailles revenaient à rythme régulier pour maintenir mon intérêt et "m'obligeait" à poursuivre une lecture que je considérais parfois comme fastidieuse. Les moments qui évoquent la politique ou l'économie me sont plutôt passés au dessus de la tête. Le livre démontrant larelative superficialité d'une époque, et bien les dialogues suivent le mouvement et sont souvent inintéressants et vulgaires. Le personnage d'Eunice parvient tout de même à nous toucher mais ce n'est pas non plus un déferlement d'émotion.

Ce roman aurait mérité une coupe d'un tiers et, à mon humble avis, aurait du choisir  de se concentrer plus sur le couple Lenny/Eunice et leur époque matérialiste (mais où finalement chacun cherche l'amour et l'approbation des autres) plutôt que de s'embarquer dans des histoires de guerre et de bombardements où l'on ne sait plus trop qui est qui. Plutôt que "super triste histoire d'amour", je dirais super longue histoire d'amour qui n'est pas à PTDR !

Une lecture en demi teinte : cynique à souhait, originale mais bien trop longue, que je suis contente d'avoir lue, et surtout d'avoir fini. Donc comme souvent, à vous de voir !

L'avis de OreilleInterne; de AGFE, de Luocine