Qu’est ce qu’on se marre !

Publié le 18 novembre 2011 par Everobert @eve_robert

Vous en avez sans doute entendu parler, Herman Cain, candidat conservateur aux primaires républicaines (vous savez, c’est celui qui propose un impôt unique de 9%), est accusé de harcèlement sexuel. Par quatre femmes différentes. Mais les électeurs … n’en ont rien à foutre, comme en témoignent les sondages.

Comment expliquer ce phénomène ? Pour certains, la base républicaine a envie de croire à l’innocence d’Herman Cain et à un complot de l’autre camp (ouah, ça rappelle quelque chose). Dans un pays aussi profondément clivé sociologiquement et électoralement que les Etats-Unis, la théorie du complot, ça marche à donf (d’ailleurs les libéraux ont déjà conspiré pour faire élire Barack Obama alors qu’il n’est pas né aux Etats-Unis, tandis que le gouvernement Bush est responsable du 11 septembre, et je vous parle même pas de l’assassinat de Kennedy.

Des pétasses sans humour

Une explication alternative, qui fait se dresser mes cheveux sur mon crâne et mes poils pubiens sur mon pubis (mon dieu que ce mot est hideux), c’est que pour beaucoup de conservateurs, il n’est toujours pas perçu comme fondamentalement mal d’avoir des comportements lubriques et de harceler ses collègues. Herman Cain a bien sûr joué sur ce sentiment, en déclarant que les femmes en questions ne comprenaient simplement pas son sens de l’humour. (Qu’est-ce qu’on se marre, dites donc !)

Ou comme le formulent si joliment les éditorialistes américains :

Kurt Schlichter  : the only things you need to file a lawsuit are the filing fee and a printer. Facts are optional. … Where sexual-harassment law once protected women from being forced to be the playthings of crude lechers, it’s been transformed to enforcing a prim puritanism that drains the humor and humanity from the workplace.”

John Derbyshire : « Is there anyone who thinks sexual harassment is a real thing? Is there anyone who doesn’t know it’s all a lawyers’ ramp, like “racial discrimination“? You pay a girl a compliment nowadays, she runs off and gets lawyered up.”

Bon sang mais c’est bien sûr ! Enfin chers lecteurs, ouvrons les yeux! HERMAIN CAIN EST UNE VICTIME. De nos jours, à cause de ces connasses de féministes, il n’est plus possible de complimenter les femmes. Avant, elles trouvaient ça flatteur. Aujourd’hui elles sont devenues des bébés sensibles et sans humour, hystériques ; elles crient au harcèlement et collent un procès au cul pour la moindre galanterie. On a peur de se retrouver seul avec elle dans un ascenseur, car le risque de finir au tribunal est trop lourd. Bref, les féministes revanchardes utilisent les lois sur le harcèlement sexuel comme une arme dans leur guerre globale contre l’humour et les plaisirs de la séduction. (Non mais c’est vrai quoi, on rigolait bien quand on pouvait jouer à « pouet pouet camion » avec les seins de sa secrétaire).

C’est drôle, mais on a entendu quasiment la même chose – le fameux argument selon lequel le harcèlement sexuel n’est qu’une tentative de drague mal interprétée – en France (quoi que proféré avec un tantinet plus de classe et de distinction – on reste des français, merde) il y a quelques mois, lorsque nos éditocrates préférés ont volé au secours de DSK au nom de la « galanterie française », qu’il faudrait défendre face à la pudibonderie puritaine anglo-saxonne.

On peut penser à Alain Finkielkraut lorsqu’il dénonce « le procès des baisers volés, des plaisanteries grivoises et de la conception française du commerce des sexes », ou encore Irène Théry lorsqu’elle vante un féminisme « à la française » qui « veut les droits égaux des sexes et les plaisirs asymétriques de la séduction, le respect absolu du consentement et la surprise délicieuse des baisers volés. » Comme s’il était AGREABLE de se faire mater le cul par son patron. Comme s’il était DELICIEUX d’affronter des remarques lubriques pour la seule raison qu’on porte une jupe. Et surtout comme s’il pouvait être « féministe » de tolérer une drague à sens unique, où la femme subit passivement les avances d’un homme qui détient, outre l’initiative exclusive du rapport de séduction, le pouvoir de la licencier, rétrograder ou placardiser (dans le cas Herman Cain), ou de la faire virer (dans le cas DSK).

Comme l’évoque Eric Fassin sur son blog, dans une « démocratie libérée de la domination masculine », la séduction se doit d’être repensée :

« Pour être féministe, il n’est donc pas nécessaire de renoncer aux « plaisirs asymétriques de la séduction ». En revanche, pourquoi l’asymétrie serait-elle définie a priori, la pudeur féminine répondant aux avances masculines, comme si les rôles sociaux ne faisaient que traduire une différence des sexes supposée naturelle ? (…) Au contraire, l’incertitude fait le charme d’un jeu qui consiste à improviser sans savoir d’avance qui joue quel rôle. Autrement dit, dans l’érotique féministe, le trouble dans le genre s’avère… troublant. »

Des salopes vénales

Pour en revenir à nos conservateurs américains, dans leur grand combat pour rétablir la vérité sur le harcèlement sexuel, ils nous rappellent aussi cette grande et belle vérité : si les femmes sont aujourd’hui si promptes à appeler leur avocat pour une petite main aux fesses de rien du tout, c’est parce qu’elles sont fondamentalement VENALES. Ce qu’elles cherchent vraiment, c’est la gloire et l’argent. Comme me l’a toujours dit ma mère : si tu ne parviens pas à épouser un homme riche, il ne te reste plus qu’à en poursuivre un en justice. D’ailleurs, personnellement, si je travaille à temps plein c’est dans cet unique but : poser mon cul derrière un bureau et exhiber langoureusement mon décolleté toute la journée, dans l’attente d’une blague salace de mon patron, histoire de pouvoir porter plainte et encaisser un max. Évidemment.

La commentatrice politique Laura Ingraham éclaire ainsi avec pertinence l’affaire Herman Cain : “We have seen this movie before and we know how it ends. It always ends up being an employee who can’t perform or who under-performs and is looking for a little green.”

Tout ça me rappelle furieusement le troussage de domestique et autres pertinentes réactions de nos éditocrates nationaux pendant l’affaire DSK. On a connu des deux côtés de l’Atlantique le même déplacement de débat ; on a cessé de parler des faits (y a-t-il oui ou non eu harcèlement… ?) pour discuter de savoir si le harcèlement était acceptable ou non. On s’est mis à juger les victimes présumées, placées en position d’accusées et sommées de se justifier. Présumées folles et un peu nympho sur les bords du simple fait de leur accusation. Exactement comme Anita Hill il y a vingt ans de cela, lorsqu’elle avait accusé Clarence Thomas, un juge de la Cour Suprême, de harcèlement sexuel.

Soyons sérieux deux minutes. Porter plainte pour harcèlement sexuel, c’est devoir affronter une réputation de pleurnicheuse et de fille à problème parmi ses collègues, le risque de perdre son job (surtout aux USA parce que bon Outre Atlantique la sécurité de l’emploi, einh…), et des relations conflictuelles avec son ancien employeur. Donc d’un point de vue carrière professionnelle, vous en conviendrez, c’est moyen.

Pour la gloire, on repassera aussi : refuser d’être traitée par son boss comme une pole dancer, c’est prendre le risque d’être jetée en pâture aux lions sur la place publique et traitée, en gros, de pute. Lisez les journaux.

Et après on s’étonne que les femmes victimes de harcèlement sexuel répugnent à porter plainte. Comme Tristane Banon, ou comme l’une des accusatrices d’Herman Cain, qui a déclaré avoir peur d’être la prochaine Anita Hill…