Végétarisme, Veganisme : Partager ses Convictions

Publié le 31 juillet 2012 par Pigut

Certaines personnes vous le diront, les végétariens sont souvent barbants, ils ennuient tout le monde en faisant de l’activisme et du prosélytisme à tout va. Pour ce qui est des vegans, n’en parlons même pas, ce sont carrément des extrémistes tout droit sortis d’une secte. Même qu’il arrive qu’ils soient agressifs, de vrais terroristes !

Les faits

En effet, certains végéta*iens pourraient à l’occasion :

  • vous adresser des yeux noirs ou vous sermonner si vous mangez de la viande devant eux ;

  • critiquer l’achat de votre nouvelle jupe en cuir ou de votre belle  écharpe en fourrure ;

  • vous bassiner pour que vous utilisiez des cosmétiques non-testés sur les animaux ;
  • vous envoyer des vidéos atroces prises dans des abattoirs ou des élevages intensifs ;

  • vous dissuader d’acheter un chien dans un élevage / magasin ;

  • vous affirmer que cirques et zoos ne sont pas des paradis pour animaux ;

  • finalement remettre en cause absolument toute exploitation animale…

Vous aurez compris pourquoi ces végéta*iens là sont à éviter : ils sont gênant à force de ratiociner, ils en deviennent même avouons-le assez chiants ! Pour autant, on ne peut pas vraiment se contenter d’en faire un joli tas et les brûler sur le bûcher…

Alors la question ici est : mais pourquoi est-ce que certains végét*iens se comportent ainsi ?

Se comprendre

La première chose importante à souligner me venant à l’esprit est que les végéta*iens ne représentent pas un « amas » homogène de personnes endoctrinées à la pensée tout à fait similaire, ce sont en fait des personnes bien distinctes et différentes. De plus, comme tout le monde, ils ont chacun leur caractère propre, leur vécu, et bien sûr leurs hauts et leurs bas. Certains militent activement, d’autres préfèrent en parler peu. Comme tout un chacun, ils peuvent être parfois légers et diplomates et à d’autres occasions énervés et brusques.

Quand il y a dérapage, ce qui reste rare, les végéta*iens sont très vite taxés d’extrémistes insupportables, voire dans certains cas de terroristes. J’ai l’impression que ce genre de raccourci naît directement d’incompréhensions, de méconnaissance qui pourraient s’estomper avec beaucoup de communication.

Et si on essayait de se comprendre au lieu de s’abhorrer ?

Je ne vous cache pas que de nombreux de végéta*iens passent du temps à tenter de comprendre ceux qui se refusent à penser aux bien-être des autres animaux. En réalité, ils n’ont pas vraiment le choix puisque ces personnes représentent la majorité de la population humaine d’aujourd’hui. Quoi qu’il en soit, j’ai l’impression que le contraire n’est que rarement vrai. Je propose donc de réparer ce manquement.

Mon point de vue

Pour tenter de soumettre un embryon d’éclaircissement, je propose de commencer par mon ressenti personnel qui par définition n’engage que moi, mais qui peut éventuellement ouvrir des fenêtres vers une compréhension plus générale du sujet. Je n’ai pas la prétention à travers cet article de représenter la diversité de végéta*iens dans son ensemble, simplement de tenter d’apporter un peu de lumière sur certains comportements qui leur sont fréquemment associés.

Je rêve d’un monde meilleur. Ce monde pour moi ne peut se faire que sans spécisme (fait de discriminer les êtres selon leur espèce) afin que tous les êtres puissent avoir une chance de vivre en paix (les humains y compris évidemment). Ce monde, je n’ai pas juste envie de passer ma vie à le rêver, je voudrais le construire, le rendre bien réel. Pour cela, j’ai décidé de devenir végétarienne, puis végétalienne en élargissant le champ jusqu’au veganisme qui va au delà de l’alimentation (pour en savoir plus sur ces différents termes, c’est ici). Le veganisme abolitionniste consiste à refuser toute exploitation animale, arguant que tout être sentient a le droit de vivre peu importe l’espèce dont il fait partie. Le veganisme n’est en aucun cas une dépréciation de la vie humaine, c’est au contraire une appréciation de chaque vie pour ce qu’elle est : très importante pour celui qui la vit, indépendamment de ce qu’elle représente aux yeux des autres.

Pour la petite histoire, lorsque j’étais « seulement » végétarienne, je n’étais pas « chiante ». Je trouvais horrible de faire souffrir des animaux sans raison mais je m’étais convaincue, comme beaucoup, que le végétarisme était un choix personnel et que je ne devais pas ennuyer les autres avec cela. Je considérait « faire ma part » en ne mangeant pas les animaux et je ne me renseignais pas outre mesure sur leurs conditions de vie et de mort.

En devenant vegan, j’ai compris que ne pas tuer les animaux pour moi-même ne suffirait pas à enrayer la souffrance animale. C’est également à ce moment là que j’ai réalisé que la majorité des personnes qui m’entouraient n’avait finalement jamais compris que mon végétarisme était bien plus qu’une préférence alimentaire puisque j’en parlais peu… quel dommage. En voulant respecter les opinions de chacun, je n’avais pas respecté les animaux dont je taisais les souffrances.

J’ai alors compris que je ne pouvais plus me contenter de m’abstenir de tuer des animaux pour manger, ou pour toute autre besoin de ma vie quotidienne. Je ne pourrais jamais construire seule dans mon coin un monde plus beau où les souffrances inutiles seraient épargnées, c’est une tâche qui ne peut se faire qu’avec l’aide du reste du monde. Et comment obtenir le soutien du reste du monde sinon en l’informant des malheurs que l’on veut éviter et en lui demandant son aide précieuse ?

C’est comme cela que j’ai commencé à parler plus souvent de mes choix, à les expliquer à qui voulait bien l’entendre, à les partager sur internet. J’ai arrêté de taire les souffrances dont j’étais témoin ou que l’on me signalait, je les ai au contraire propagées afin de les faire connaître. Je voulais que d’autres comprennent comme je l’avais fait un jour qu’en faisant de petits changements dans notre vie, en faisant tous un pas vers plus de respect, nous pourrions opérer pour le bien du plus grand nombre d’êtres.

Voilà pourquoi je parle aujourd’hui ouvertement de veganisme, en espérant faire réfléchir voire inspirer d’autres gens. Mon but n’est pas d’embêter tout le monde, mais au contraire de partager un élan positif. Mon seul dessein est qu’un jour les souffrances inutiles cessent. Je ne fais cela contre personne je le fais POUR tous.

Source : http://veganismisnonviolence.com/     Traduction :
Le veganisme : ce n’est pas à propos de nous, c’est à propos des autres animaux. Soyez vegan.

Décryptage

Nous avons vu tout à l’heure ce que les végéta*iens peuvent faire vivre aux autres, voilà à présent ce qu’eux peuvent ressentir :

  • Vous mangez de la viande devant eux : ils connaissent les étapes de l’exploitation des animaux à viande, leur utilisation comme des objets de production, ils visualisent les abattoirs, des animaux hagards ou affolés luttant pour la vie, c’est insoutenable.

  • Vous achetez fièrement une jupe en cuir ou une écharpe en fourrure : ils savent que les industries du cuir et de la fourrure sont aussi lucratives que cruelles, et que les peaux ne sont quasiment jamais comme beaucoup le croient des « déchets » d’abattoirs.

  • Vous aimez vos cosmétiques préférés et ne les changeriez pour rien au monde : ils savent que la plupart des produits de consommation sont testés sur les animaux et qu’en plus d’imposer d’immenses souffrances, ces tests ne sont pas des plus efficaces.
  • Vous dites penser ne pas faire de mal en vivant comme tout le monde : ils espèrent vous informer en vous envoyant des vidéos ou des articles mentionnant la souffrance et l’exploitation ainsi que des sites mentionnant comment les éviter. Ils essaient de vous faire comprendre que sans le réaliser, vous nuisez à d’autres êtres. S’ils vous proposent des images choquantes, ce n’est que parce que la réalité l’est.

  • Vous voulez acheter un chien dans un élevage/magasin : ils savent que cela suppose de considérer les animaux comme des biens de consommation. Cela fait entrer dans un cercle vicieux d’exploitation et de maltraitance. Ils savent en outre qu’avec ce système, de nombreux chiens sont élevés dans des conditions intolérables, et que d’un autre côté, des milliers d’animaux abandonnés meurent dans les refuges bondés portés à bout de bras par des bénévoles.

  • Vous êtes content d’amener vos enfants aux zoo ou au cirque (avec animaux) : ils savent que les animaux ne sont pas des clowns, que ces lieux ne sont pas les havres de paix pour animaux que vous imaginez, que la biodiversité n’a pas besoin de ces endroits, ils les déconseillent vivement.

  • Les thèses qu’ils avancent vont parfois plus loin que votre pensée n’a osé vagabonder simplement parce que celles-ci sont issues de longues réflexions soutenues par des connaissances poussées sur des sujets qu’ils trouvent importants. Vous n’avez peut-être pas ces connaissances, non pas parce que vous êtes ignare ou inférieur, mais parce que vous n’avez peut-être pas encore songé à vous renseigner de manière approfondie sur tel ou tel point. De leur côté, ils auront pris le temps de regarder ces faits trop souvent ignorés et de raisonner autour de toutes les conséquences qui peuvent en découler. Au fil de ces recherches et réflexions poussées, ils peuvent en venir à considérer que toute exploitation doit s’arrêter.

Bien sûr, tout les végéta*iens ne savent pas tout de la « question animale » et surtout pas du jour au lendemain, qui le pourrait d’ailleurs ? Certains même ne savent pas grand chose, ils se laissent simplement guider par leur empathie et cela les pousse à respecter d’autres êtres (même si sans le savoir on continue quelques fois de blesser ceux que l’on voudrait défendre en étant mal informé). D’autres encore n’ont pas envie d’en parler tout le temps. Ils leur arrive d’être brimés parce qu’ils n’ont pas réponse à toutes les questions des omnivores, pourtant, ils ont pour sûr grand coeur et cela devrait appeler à plus de référence.

L’horreur quotidienne

La vie quotidienne d’un végéta*ien dans nos sociétés peut être vécu comme un enfer. Le spécisme qui consiste à apprécier les êtres selon leur espèce est la norme. Les hommes, considérant les autres animaux comme inférieurs, se permettent d’infliger à ces derniers des actes abominables selon leur bon vouloir. Cette manière de faire n’est pas nouvelle dans l’histoire de l’humanité. Dénigrant tour à tour les hommes aux couleurs de peaux ou sexualités différentes, les enfants, les femmes, etc., nos sociétés ont pu excuser pendant des siècles des attitudes nauséabondes plus tard condamnées (note : hier répandu, « normal » et même défendu, le racisme n’est plus respecté aujourd’hui même s’il existe encore largement, on le condamne). Reconnaître moins de droits, d’intelligence ou encore d’émotions à certains êtres autorise l’exploitation et la maltraitance sans mauvaise conscience.

Ainsi, en tant que végéta*iens ayant conscience de ce fait, marcher dans la rue et devoir affronter les vitrines de l’exploitation de la souffrance que sont les magasins d’alimentations contenant des produits carnés ou les boutiques de vêtements à base de produits animaux, devoir encaisser la banalisation des méfaits envers les animaux est une souffrance de tous les jours. Penser à tous les êtres qu’il reste à sauver et à tous ceux qui ne le seront pas peut aussi littéralement rendre fou. Et quand ces tiraillements sont surmontés de railleries, d’interrogatoires à répétition et à l’occasion d’attaques, cela devient pour certains invivable. Mais ceci n’est aucunement une plainte, car cette souffrance n’est rien face à celle que subissent des millions d’animaux chaque jour… et c’est bien le plus difficile à avaler et à faire comprendre.

Source : http://veganismisnonviolence.com/ Traduction :
Et pourtant vous dites qu’être vegan est « extrême »
(Notez que le veganisme n’est pas un régime alimentaire)

Les dérapages possibles

Pour des individus ayant pleine connaissance des souffrances infligées aux animaux pour le seul confort des humains et qui savent comment les éviter facilement, l’arrêt de l’exploitation animale est une évidence puisqu’elle paraît possible et salvatrice. L’ampleur des souffrances lorsqu’on en prend connaissance devient rapidement intolérable. Pour de tels individus -dont je fais partie- il est admis que si nous avions tous conscience des souffrances que l’on crée, nous pourrions avoir la motivation de faire les efforts permettant de construire un monde plus tolérant et pacifique.

Alors il est vrai que parfois, lorsque l’on parle de tels sujets il peut y avoir des accrochages. On touche à des choses profondes qui tiennent à cœur à beaucoup d’individus. Dans ces cas là il peut arriver que des gens s’énervent, s’emportent, parfois même s’insultent. Il peut arriver d’extrapoler trop largement, de supposer que l’autre sait déjà ce qu’il ignore, de faire culpabiliser son interlocuteur par trop de fermeté.

Ne nous sommes nous pas tous un jour emballés, portés par nos émotions et avons malheureusement fait preuve d’agressivité ou de maladresse avec une ou plusieurs personnes ? Ce genre de discussion peut prendre littéralement aux tripes et se terminer en dispute. C’est vraiment navrant et contre-productif, mais ça peut arriver…

Je ne défends en aucun cas les actes violents et l’emportement, je n’essaie pas d’excuser cela, je tente seulement d’expliquer ce qui peut parfois mener jusque là. Je veux souligner que tout le monde passe par des moments d’égarement à l’occasion. Toutefois, les végéta*iens jugés extrêmes n’ont pas droit à l’erreur, où on les montre violemment du doigt au moindre faux pas. Cela ne doit pas nous amener à généraliser et à faire de tous les végéta*iens les grands méchants loups ou au contraire des anges. Ce sont juste des personnes avec leurs qualités et leurs défauts dont l’aspiration est d’aller vers du mieux pour tous.

Vouloir convaincre

Finalement, qui n’a pas voulu un jour dans sa vie « enrôler », persuader, ou ne serait-ce qu’informer quelqu’un d’autre. Je ne sais pas si c’est bien ou mal, mais nous l’avons pourtant tous fait. Que ce soit pour du sport ou des disciplines de bien-être (« tu devrais te mettre à la natation/au foot/au yoga, » etc.), des sujets écologiques (on nous urge de consommer bio, trier nos déchets, faire attention à notre consommation d’énergie, etc.), une manière de vivre (« l’achat d’une maison est la meilleure chose à faire », « la décroissance t’apportera beaucoup », « les enfants sont la plus belle chose au monde », etc.)… Quand nous pensons que quelque chose est positif, nous avons souvent l’envie de la partager.

Dans le cas qui nous intéresse ici, même quand les végéta*iens se contentent de répondre au bombardement de questions et de réflexions parfois sincèrement curieuses, parfois gratuitement provocatrices auxquelles ils sont régulièrement confrontés (« comment fais-tu avec les protéines ? », « la salade souffre aussi, non ? », « mais le cuir ne fait de mal à personne », « l’homme est carnivore, il doit manger de la viande », et la liste est longue), ils  peuvent être montrés du doigt pour tentative de « conversion sauvage ». Pourtant, le végéta*isme n’est pas une secte et répondre à des questions posée n’est que logique et pas enrolement.

Quand aux plus influents prosélytes actuels, les grandes entreprises et leurs lobbyistes qui tentent de nous séduire à coup de publicités ultra coûteuses aux messages parfois pseudo scientifiques ou idéologiques (un exemple parmi tant d’autres ? un exemple de « contre-attaque » des lobbyistes de la viande contre les « méchants anti-viande » ?), ils me paraissent bien plus dangereux puisque leur but n’est pas d’apporter du mieux mais de créer du profit. Je ne pense pas qu’il faille donc jeter la pierre aux végéta*iens qui ne cherchent qu’à sauver des vies.

Pour terminer, si vous trouvez que les végéta*iens sont extrêmes, irrespectueux, chiants, rabat-joie ou plus sobrement ennuyeux ou inintéressants, demandez-vous quels qualificatifs peuvent définir la façon dont les humains traitent les autres animaux…

***

Entre nous :

A vous : quel est votre point de vue, votre vécu ?

Des idées pour communiquer sans heurts sur ces sujets délicats ?