Cinéma en plein air dans le Parc de la Villette

Publié le 02 août 2012 par Cardigan @onlyapartmentsF

Il est assez difficile de ne pas associer Paris avec le cinéma, cette petite musique somnambule qui, dans la nuit éternelle, parcourt sur sa corde la distance qui sépare la veille du sommeil. Et de cette association, il semble improbable de ne pas penser à ces salles de projection légendaires, authentiques sanctuaires obscures d’un culte nouveau où l’on pénètre pour recevoir cette lumière spectrale et magique qui émane d’un écran métamorphosé en la voile du bateau qui, comme à la fin du célèbre poème de Baudelaire consacré au voyage, nous conduit peu importe au ciel ou en enfer, mais toujours du fond de l’inconnu pour trouver quelque chose de nouveau. Pour poursuivre avec l’analogie, nous dirions que nous désirons nous engouffrer dans ces salles obscures car nous recherchons cette chute dans l’abîme, attirés par le venin réconfortant de cette lumière qui nous brûle doucement le cerveau.

Pourtant, aussi incroyable que cela puisse paraitre, il existe également à Paris un cinéma en plein air, situé dans le parc colossal de la Villette. Dans cette atmosphère que l’on croirait tirée d’un film de Jacques Tati, le programme Métamorphose vous offre chaque soir jusqu’au 26 août, une projection gratuite (avec la possibilité de louer un transat pour 7 euros).

(http://www.villette.com/fr/agenda/Cinema-en-plein-air-2012.htm)

Cela ne fait aucun doute que le cinéma, tout comme les mythes et les rêves auxquels il est associé depuis toujours, est un territoire propice aux métamorphoses. Souvenez-vous ce jour, il y a maintenant plus d’un siècle, où, par un hasard peut-être irrémédiable, l’omnibus du grand Georges Méliès, dont le passage sur les Grands Boulevards avait été filmé attentivement, se transforma sous ses yeux en un corbillard. Et c’est très certainement une des raisons qui a poussé tant de gens à vouloir trouver dans le cinéma le secret de la vie et de la mort. Car comme le savent bien nos ancêtres, la métamorphose est un voyage proprement dit, un itinéraire entre une forme qui meurt et une autre qui naît, doté de la faculté de nous donner une vision de cette notion de vie et de mort, de l’animal et de l’humain, du matériel et de l’immatériel et également, puisque nous parlons ici de cinéma, du visible et de l’invisible.

Et c’est à cette relation aux formes multiples entre le cinéma et la métamorphose que se consacre, comme l’annonce son titre, le cycle du Parc de la Villette, à travers une série de films de différents pays, nationalités et époques, allant de la récente version de Tim Burton de Alice au Pays des Merveilles au formidable classique de série B des États-Unis des années 50, L’homme qui rétrécit en passant par le film mémorable et inquiétant Dans la peau de John Malkovich.