« Si seulement il y avait plus d’hommes comme lui parmi les femmes »

Publié le 02 août 2012 par Juval @valerieCG

Aujourd’hui je voudrais interroger la place des hommes dans le mouvement féministe. Ce texte peut déjà servir de préambule à la réflexion. L’idée m’est venu d’un homme sur twitter qui m’a interrogé sur cette place ; j’avoue bien volontiers que c’est le premier à m’avoir demandé cela. En 15 ans de féminisme je n’ai aucun souvenir qu’un homme ne m’ait jamais demandé « où je peux me situer ? ». Je ne le cite pas il se manifestera s’il le souhaite.

Le féminisme a connu différentes phases et la dernière a consisté à étudier la place de chacun dans la société. C’est en gros le genre c’est à dire le sexe social, la façon dont on fabrique des hommes et des femmes à partir d’êtres nés avec des organes génitaux différents.
Ces réflexions ont évidemment mené à l’interrogation du rôle masculin et le fait que les hommes subissent également du sexisme.

Sauf que. Tout en subissant du sexisme, tout en étant confinée dans un rôle parfois désagréable à tenir la classe sociale « homme » détient des privilèges sociaux, économiques, culturels.

En tant qu’homme vous avez des privilèges, vous n’y pouvez rien c’est ainsi. Vous êtes peut-être davantage payé que votre collègue qui a les mêmes compétences et diplômes que vous. Si vous faite de la politique, on vous mettra au poste clé, la femme sera suppléante ; vous êtes en effet si naturellement compétent.
Vous avez donc, en tant que membre d’une classe dominante, une place particulière et peut-être qu’elle vous emmerde cette place mais c’est déjà un luxe que d’être emmerdé.

Et vous êtes féministe. Vous voulez aider donc à améliorer la situation des femmes et peut-être même la vôtre.

Vous avez été socialisé en tant qu’homme.  Conditionnements sociaux, oblige, il y a toutes les chances que vous preniez davantage la parole, et une femme, moins. Il y a des grandes chances donc, si vous êtes médiatisé qu’on vous invite pour parler de la situation des femmes. Il y a de grands risques que vous finissiez par être le seul interlocuteur légitime sur le féminisme (Bourdieu y est bien arrivé) et nous vous écouterons, béates. J’ai vu ca dans toutes les assocs féministes.
On peut constater qu’à l’heure actuelle le seul interlocuteur valable pour parle des questions de genre et de race est un homme blanc, Eric Fassin.  Le problème n’est pas qu’il soit compétent ; j’en suis même tout à fait fan. Le problème est qu’on se retrouve à le trouver sur tous les plateaux télés, au milieu d’autres hommes blancs et tous parlent, qui des femmes, qui des non blancs.

Comprenez nous, un homme qui débarque et veux aider, alors qu’on est plutôt habituée à se faire envoyer chier, ca réveille notre féminitude. Alors on materne. On dorlote. On applaudit même lorsqu’il dit des phrases aussi essentielles que « l’inégalité c’est mal ».

Alors qu’est ce que je peux dire aux hommes féministes ? Evidemment que je suis contente que vous soyez là. Mais non vous ne vivez pas ce que vivent les femmes. Non vous n’êtes pas opprimées comme elles.

Ne venez pas m’expliquer que la drague c’est cool si je ne le pense pas.
Ne venez  pas m’expliquer une hiérarchisation des combats à mener.

Ne me libérez pas, je m’en charge.

Et si vraiment vous avez quelque chose à faire et envie de faire quelque chose, voici quelques idées :
- la pilule pour homme
- augmentation du congé paternité
- étude et analyse du nombre de suicides chez les hommes

Bref je ne parle pas à votre place et vous laisse vous débrouiller.