Dédicace BD : Les Innnocents coupables d'Anlor et Laurent Galandon

Par Manuel Picaud
Depuis plusieurs mois ont disparu les dédicaces de ce blog. Pour les vacances d'été, cette rubrique reprend du service. Chaque jour du mois d'août ou presque, une nouvelle dédicace sera proposée. Ce sera aussi l'occasion d'évoquer quelques albums notables de ces derniers mois. Et à chaque fois une photo de l'auteur en situation.

Cette première dédicace du mois est donc un dessin d'Anlor qui signe la série Les Innocents coupables dans la collection Grand Angle chez Bamboo. Elle a été réalisée durant le très sympathique et familial festival de La Seyne-sur-Mer, près de Toulon, en juin dernier.
Laurent Galandon, l’un des piliers de la collection Grand Angle chez Bamboo, a fait évoluer le positionnement de la collection Grand Angle vers des BD vers « des histoires au cœur de la grande histoire » selon les propos du directeur éditorial Hervé Richez dans une interview pour Auracan.com. Après Gémelos où l’auteur s’intéressait aux jeunes sud-américains victimes de l’odieux trafic d’organes, Laurent Galandon nous fait découvrir un centre de détention de jeunes à l’aube de la Première Guerre mondiale. Il suit une bande de quatre jeunes, un peu comme Le Droit Chemin chez Delcourt de Wilfrid Lupano et Morgann qui ont choisi l'entre deux guerre. Mais ici le récit plus intimiste dénonce des bagnes aux fonctionnements intolérables.
Cap aux Maronniers quelque part en Franche Comté en 1912. La colonie pénitentiaire agricole accueille des enfants coupables de broutilles, mais en fait surtout d'être pauvres. Leur réinsertion passe par un vrai esclavage dans un camp où règne la terreur. Si ce n’est sa composition, faite uniquement de jeunes délinquants que la société bourgeoise bien pensante ne veut plus voir dans ses villes, le fonctionnement rappelle les prisons des adultes avec les clans, les dures règles et l’unique pensée de tout pensionnaire : l’évasion ! Dans ce bagne, un petit groupe de quatre gamins, Henri Bonnot, Adrien Pointet, Michel Agostino et Jean Marguin, tente de rester souder et de survivre à l'enfer, voire à s'enfuir... Mais on ne s'évade pas facilement. Le secours pourra-t-il venir de l'extérieur ?
On retrouve un scénariste très à l'aise dès qu'il s'agit de s'indigner sur l'injustice, sans user de pathos excessif. Il montre en fait avec une certaine pudeur une réalité insupportable tout en tissant une intrigue à tiroirs pleine de rebondissements et analysant en profondeur le caractère et le vécu des gamins. Côté graphique, outre les reconstitutions d'époque, on apprécie particulièrement les ambiances qu'a réussi à créer Anlor, venue du dessin animé, avec des visages attachants des personnages très  expressifs, avec leurs yeux légèrement disproportionnés, dans des registres aussi variés que la tristesse, la colère, la haine ou même la joie. A souligner aussi les couleurs particulièrement harmonieuses avec des fonds noirs pour exprimer les actions nocturnes. Une vraie pépite.

Anlor à La Seyne-sur-Mer © Manuel F. Picaud

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Les Innocents coupables - T.1/3 : La Fuite - d'Anlor (dessins et couleurs) et Laurent Galandon (scénario) - Bamboo, collection Grand Angle - 9 mars 2011 - 13,90 €
  
Les Innocents coupables - T.2/3 : La Trahison - d'Anlor  (dessins et couleurs) et Laurent Galandon (scénario) - Bamboo, collection Grand Angle - 7 mars 2012 - 13,90 €