Focus #1 : Joy Orbison

Publié le 04 août 2012 par Lcassetta

Si vous suivez ce qui se passe dans la scène électronique, cet article n’aura rien d’une découverte, mais plutôt d’un hommage à l’un des plus importants producteurs de notre époque. Depuis son premier single, Hyph Mngo, en 2009, qui a révolutionné le genre, la discographie du jeune artiste est restée formidablement puissante et constante. Découvrez donc la success story de Joy Orbison !

Joy Orbison, ou Joy O, n’a sorti aucun album. Il accumule les EPs, les singles, les remixes et les collaborations depuis maintenant 3 ans, depuis la sortie de sa première chanson, Hyph Mngo… Et quelle chanson.

Si cette chanson est devenue aujourd’hui l’un des plus grands hymnes du dancefloor dans la mémoire récente, il faut surtout savoir qu’elle a littéralement eu un impact colossal et inévitable sur la production. Hyph Mngo est tout simplement le crossover entre Dubstep et House, celui qui a réussi à mélanger les signatures rythmiques et la structure de  la House à la basse indéniablement dansante du Dubstep, en y incorporant une pléthore d’éléments uniques. La maîtrise est spectaculaire, de l’intro fantastique et profonde au build-up long-mais-qui-le-mérite, aux nombreux drops explosifs et intenses, en passant par le refrain - mais quel refrain - soul, répétant un Do, I Do infiniment. L’effet sur les dancefloors était immédiat et l’est toujours : il est impensable de ne pas danser sur cette chanson. Hyph Mngo était automatiquement le noyau de tous les DJ Sets, le graal des producteurs en manque d’inspiration, et la formule magique pour danser à n’importe quel moment.

Et si vous ne l’avez jamais entendue, et que c’est la première fois que vous l’entendez, elle vous semblera familière, très familière. Pourquoi ? C’est simple : Ce track a eu tellement d’impact que tout le monde s’en est inspiré pour produire. On pouvait maintenant mélanger Dubstep et House facilement, il suffisait de faire comme Hyph Mngo… Et on peut se demander s’il y aurait des chances que beaucoup de chansons existent aujourd’hui si elle n’était jamais sortie, de l’orbitale Battle For Middle You de Julio Bashmore à la contagieusement dansante Getting Me Down de Blawan. Il est sain d’affirmer qu’en fait, la face de la musique électronique en aurait été modifiée sans cette chanson. Pas mal pour un premier single, hein ?

Sauf que Joy Orbison ne s’est pas arrêté en cours de route : après plusieurs très bons/excellents singles et EPs (pas aussi phénoménaux que Hyph Mngo, mais en même temps, la barre est tellement… stratosphérique), le jeune londonien a continué à attaquer les pistes de danse avec d’autres monstres. Il y a eu le très House BB/Ladywell, le plus Dubstep BRKLN CLLN/J.Doe, et beaucoup d’autres, mais on retiendra surtout Sicko Cell, qui était sortie en Unknown, c’est-à-dire qu’on n’en connaissait pas l’artiste. Cell faisait aussi l’effet de sa grande soeur, avec son sample psychotropique, distordant un Too much sur toute la chanson, claquant avec un I’m the information… Cocaïne powder en pitch grave, et développant une tension extrême avant la basse destructrice et le I’m so addicted-ed-ed-ed qui a fait de ce track l’un des plus mémorables de l’année dernière. Plus sombre qu’Hyph, il n’en reste pas moins Joy Orbison-esque (oui, ce mec est tellement important qu’on peut en faire un adjectif), et l’identité secrète d’Unknown n’était vite qu’un simple secret de Polichinelle : Seul Joy O pouvait aussi bien faire du Joy O.

Récemment, l’artiste a sorti Ellipsis, un nouveau single. Nouveau, enfin, il flotte depuis plus d’un an un peu partout mais vient de sortir officiellement. Cette chanson s’impose sans hésitation comme l’une des meilleures productions du jeune génie, répétant un sample très peu commun, tiré d’une interview d’un groupe de DnB, qui dit We just used to, like… do our own thing (On a pris l’habitude de faire notre propre truc), et, comme l’ont pertinemment mentionné les critiques : c’est exactement ce que fait Joy O depuis 3 ans. Ellipsis a tous les éléments de la production du DJ, et est basiquement ce qu’il a toujours fait. Le sample pas du tout commun mais irrésistiblement efficace, la basse spectaculaire, la structure unique, la chimère entre Dubstep et House… Le tout avec une pincée de talent unique, et hop, c’est du prêt-à-danser.

A part ça, il s’est apparemment lancé dans la collaboration. En effet, depuis le début de l’année, Joy O en est à sa quatrième release avec un autre grand de la scène : Boddika. Après leur spectaculaire single Swims, ils ont eu le temps de sortir d’autres titans de la scène. On a retrouvé Dun Dun/Prone, puis Froth/Mercy, aux allures beaucoup plus UK Bass et House que Dubstep. Leur dernière release est encore toute fraîche, et, surprise : on retrouve aussi un très grand nom de la scène, Pearson Sound (a.k.a Ramadanman). La rencontre de trois piliers de l’électro a donné Faint/Nil/Moist, un n-ième monstre de talent. Jouant sur des sonorités différentes, plus profondes et expérimentales, rappelant un peu le travail de Burial par moments, cette sortie vaut le détour.

Ainsi, pour conclure, Joy Orbison est l’un des plus importants et influents producteurs de sa génération, et en seulement 3 ans et une flopée d’EPs/singles sans aucun album, il s’est imposé comme un artiste culte de la scène électronique. Si sa musique a toujours été imitée, sa touche reste unique et reconnaissable entre mille. Son plus grand exploit a été de catalyser la quintessence de la House et du Dubstep dans Hyph Mngo, mais au vu de la qualité impressionnante et constante du reste de sa discographie, on ne peut qu’espérer le meilleur pour un hypothétique premier album.

Si Mohammed El Hammoumi (Si Mohammed El Hammoumi)

Je suis le rédacteur en chef du site. Je suis marocain, j'ai 18 ans et je suis étudiant... Bref, sachez surtout que je suis un énorme passionné de musique underground et de journalisme musical qui connaît le sujet de fond en comble. Je trouvé énormément de plaisir à écouter, partager, découvrir, parler, débattre et autres activités tant que ça concerne la musique. Voilà !


Suivre SimohElHammoumi