MON TRAITRE, de Sorj CHALANDON

Par Geybuss

Roman - Livre de Poche - 217 pages - 6.00 €

Parution en poche en août 2009.

L'histoire : Fin des années 70. C'est l'histoire d'un luthier parisien qui rencontre l'Histoire en Irlande. Il y pénètre avec son ignorance. Celle ci deviendra révolte, partage, passion, admiration, question, opinion, amitiés, adoption. Le combat de l'IRA devient le sien, lui qui sera toujours le petit français. Et puis, il y aura la trahison.

Tentation : Le choc reçu avec Retour à Killibegs

Fournisseur : Ma PAL, achat au salon de Rennes, exemplaire dédicacé !

Mon humble avis : Mon traître précède Retour à Killybegs. Avec ces deux romans, il ne s'agit pas de début et de suite, aussi, ils peuvent être lus dans l'ordre qui se présentera à vous. Il s'agit en fait de deux voix, de deux versions différentes de la même histoire... Retour à Killibegs donne la parole au traître, grand homme de l'IRA, Thyron Meehan. Mon traître, et bien c'est le narrateur qui s'exprime, ce narrateur qui est le trahi, et aussi, sous couverture d'un personnage romanesque, l'auteur. Sorj Chalondon a vécu cette histoire qui ne cicatrise pas. A la différence près qu'il n'était pas luthier, mais journaliste.

Nous avons donc ici le regard de l'étranger, Antoine : étonné, curieux, maladroit, attentif, l'enthousiaste, naïf, volontaire, fier "d'assister à" puis de "faire partie de". Un regard auquel le lecteur éloigné de la cause irlandaise peut facilement s'identifier. Que l'on soit dans un pays en guerre ou paradisiaque, juste loin de chez soi et de notre quotidien, vient cette question de savoir si l'on en fait vraiment partie, si l'on est intégré, question légitime qui ne trouve pas forcément de réponse ferme et définitive.

Dans "Mon traître", Antoine tombe amoureux d'un pays en guerre intérieure, contre l'occupant anglais principalement. Malgré l'horreur générée par le conflit, Antoine découvre une chaleur humaine sans borne, l'accueil, les bières qui coulent dans les pubs, les chants en l'honneur des hommes tombés au combat. C'est une immersion totale dans l'Irlande du Nord que nous décrit Sorj Chalandon. Très vite, Antoine rencontre Thyron, monument de l'IRA, qui le prend sous son aile et l'appelle "fils". Avec Sheila sa femme et quelques autres irlandais, il deviendra la famille de coeur d'Antoine, l'AMI comme la vie vous en apporte peu. Ce n'est un secret pour personne, puisque le titre le crie déjà haut et fort, cet ami se révélera être un grand traître de l'IRA. Pour quelle raison ? Les deux livres donnent des soupçons de réponses, mais aucun n'est forcément dans l'âme de Thyron. Aucun ne le juge vraiment.

Alors que Retour à Killybegs pose surtout la question de la trahison face à la patrie, aux frères d'armes, aux idéaux, "Mon traître" évoque en plus cette question au sujet de l'amitié. Car ce roman est surtout le récit d'une amitié presque filiale, où l'un admire et l'autre protège et initie. Dès les premières pages, dès la première rencontre d'Antoine avec Thyron, l'auteur nomme l'irlandais par ces mots glaçants et durs, même si justifiés : Mon traître. Ils sont douloureux, en tant que lecteur, on les trouve violents, peut-être même trop forts et injustes. Et pourtant, la vérité ne les démentit pas.

Une amitié peut elle tolérer le mensonge, peut-elle survivre à la trahison, peut-elle même avoir exister dans ces conditions ou n'était elle qu'hypocrisie et manipulation ? Je n’ai pas la réponse non plus. Parfois, il me semble la tenir dans mes mains et l’instant d’après, je me dis.... “Oui, mais tout de même”....

Quant à l'intégration de l'étranger en terre inconnue, je n'ai pas forcément de réponse, mais celle qu'apporte ce roman me met du baume au coeur tout de même. Malgré la tragédie, Mon traitre  donne une note optimiste et prouve que rien n’est simple, rien ne se résume en un mot ou une personne. Tout est l’ensemble composés de uns.

L'avis de Clara, Constance, Midola, AGFE

PS ; Depuis ma lecture, je suis passée, par hasard, devant un luthier à Rennes. Je suis entrée dans la boutique pour discuter avec le luthier et lui dire qu'il existait un livre dont le personnage était un luthier.... Bien entendu  mon luthier aux yeux bleus avait lu Mon traitre. Nous voici à discuter de Sorj Chalandon... Et d'après mon luthier, les descriptions que l'auteur fait de ce métier sont parfaites, très réalistes, tant dans la description que le ressenti... 

Ce livre peut entrer dans mon challenge

   Pour l'Irlande

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