[Critique] KILLER JOE de William Friedkin

Par Celine_diane
[AVANT-PREMIERE] 

C’est indéniable, et ce malgré tout ce que l’on a à redire sur son Killer Joe, Friedkin septuagénaire n’a rien perdu de son mordant. Après l’une des plus cruelles (et métaphoriques) parenthèses qui soient sur l’amour vorace (Bug), il revient sur le devant de la scène avec cette oeuvre subversive, histoire cradingue prétexte à une charge explosive à l’encontre de la famille. Au départ : des personnages un peu minables, bêtes, pauvres et sans scrupule. D’un côté, un fils et un père (Emile Hirsch et Thomas Haden Church) capables de tuer la mère pour récupérer le montant de l’assurance-vie ; de l’autre, un flic et tueur à gages, corrompu et malsain à souhait (incroyable, Matthew McConaughey) qui exige une ado de douze ans (interprétée par la majeure Juno Temple) en monnaie d’échange. Personne n’est à sauver sur cette scène misanthrope, même pas les figures féminines, vénales ou paumées. Friedkin, derrière l’humour noir qu’il déverse comme un venin, ne rigole pas. Son film est d’une méchanceté vicieuse et insuffle, en crescendo, un malaise durable. 
Pourtant, il y a dans ce Killer Joe ce qu’il n’y avait pas dans les précédents films de Friedkin. Des longueurs et de la provoc’ facile. Hormis quelques secondes finales, en feu d’artifice pervers, Killer Joe se la coule douce et étouffe dans des préliminaires trop longuets, la tension qu’il souhaite installer. En outre, malgré une mise en scène soignée qui annonce d’emblée la couleur (noir corbeau), la frontière entre gêne intelligente et mauvais goût embarrassant est souvent trop mince. Certaines séquences vont trop loin (on pense à la séquence du poulet, déjà culte) transformant l’inconfort moral en potache visqueux. Ce qui, in fine, n’apporte que peu de valeur ajoutée au propos initial. 

Sortie le 5 septembre 2012.