Un moment de lucidité

Publié le 11 août 2012 par Clesan

Hollande : le doute s'installe chez les Français

Mots clés : François Hollande

Par Judith WaintraubMis à jour le 10/08/2012 à 23:01 | publié le 10/08/2012 à 18:00 Réactions (704)
Près de 57 % des sondés estiment que François Hollande tient les engagements qu'il a pris pendant la campagne présidentielle. Crédits photo: Abaca.
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Selon un sondage Ifop pour Le Figaro, une majorité de Français se déclare très sceptique sur sa politique pour lutter contre les déficits, l'immigration clandestine, l'insécurité et la désindustrialisation du pays.

La crise n'est pas moins pénible au soleil, et la popularité de François Hollandeen pâtit. Selon l'enquête Ifop que nous publions ce vendredi, 46 % des Français seulement se déclarent satisfaits de l'action de François Hollande, cent jours après son élection, le 6 mai. Le président, qui n'a pas bénéficié d'un état de grâce comparable à celui de ses prédécesseurs, n'a pas non plus convaincu de sa capacité à «redresser» le pays, pour reprendre son principal slogan de campagne.

51 % des personnes interrogées pensent que les choses en France sont en train de changer plutôt en mal, contre 17 % qui les voient évoluer plutôt en bien. «Dans ce climat très pessimiste et au regard des marges de manœuvre limitées qui existent, la confiance accordée à François Hollande et son gouvernement dans différents domaines est systématiquement minoritaire, relève Jérôme Fourquet, directeur du département Opinion et Stratégies d'entreprise de l'Ifop. Seuls 40 % leur font plutôt confiance pour trouver des solutions avec les autres pays européens à la crise de la zone euro, 33 % pour réduire la dette et le déficit public, 31 % pour lutter efficacement contre la désindustrialisation du pays et seulement 27 % pour faire reculer le chômage, priorité numéro un des Français.»

57 % des sondés estiment cependant que François Hollande tient les engagements qu'il a pris pendant la campagne présidentielle. Cette proportion s'établit à 92 % parmi ses électeurs du premier tour, qui apparemment ne sont pas déçus. C'est le corollaire du peu d'espérance qu'a suscitée la victoire du candidat socialiste. Partant de moins haut, la cote de popularité du président se tasse plus lentement.

Les mesures symboliques plébiscitées

Interrogés sur les mesures prises pendant ces cent jours, les Français plébiscitent les plus symboliques, au premier rang desquelles la diminution de la rémunération du chef de l'État et des membres du gouvernement.

L'avancement à fin 2012 du retrait des troupes combattantes d'Afghanistan recueille l'approbation de 75 % des sondés. 71 % de l'échantillon global (et 84 % des ouvriers, les plus concernés) sont satisfaits que le gouvernement soit revenu à la retraite à 60 ans pour ceux qui ont commencé à travailler tôt et qui ont cotisé 41 annuités. L'encadrement des loyers est également salué par 68 % des Français. Il fait même un tabac chez les Franciliens avec un taux d'approbation de 75 %.

Le niveau de satisfaction est un peu moins élevé en ce qui concerne l'augmentation de 2 % du smic. Il reste tout de même majoritaire avec 59 % dans l'ensemble de la population, et même 68 % parmi les cadres et les diplômés. En revanche, les ouvriers, qui sont proportionnellement les plus nombreux à bénéficier de cette hausse, sont seulement 48 % à s'en contenter.

Les heures supplémentaires regrettées

Ces mêmes ouvriers sont 75 % à regretter la défiscalisation des heures supplémentaires, qui fait 61 % d'insatisfaits parmi nos sondés, toutes catégories professionnelles confondues. Voilà qui devrait encourager l'opposition à relayer la croisade entreprise par le député UMP des Alpes-Maritimes Christian Estrosi pour obtenir l'abrogation des 35 heures et l'instauration de négociations entre patronat et salariés sur le temps de travail et les rémunérations.

La mise en place d'une fiscalité plus élevée sur les droits de succession et les donations mécontente, elle, 64 % de la population. Avec la défiscalisation des heures supplémentaires et la suppression du bouclier fiscal, l'alourdissement de ces droits constituait pourtant l'une des mesures phares du programme du candidat socialiste pour rétablir une «justice» qu'il estimait bafouée par son prédécesseur. Les politiques de rigueur ont beau s'imposer et même se durcir à peu près partout en Europe, les Français semblent toujours aussi peu disposés à faire des efforts, ce qui augure mal de l'accueil réservé à la réforme fiscale que prépare le gouvernement pour l'automne.