Le vol du Syrphe

Publié le 12 août 2012 par Taupo


Hier, je pique niquai avec le Memesprit Crew et ils m’ont demandé si je connaissais un insecte qui ressemblait à s’y méprendre à une guêpe sans en être une. Le premier exemple qui m’est venu à l’esprit est le syrphe dont j’avais photographié un spécimen lors de ma seconde tribulation:


La famille des Syrphes est en effet très différente de celles des guêpes car ils appartiennent à l’ordre des diptères alors que les guêpes (avec les fourmis, et les abeilles) appartiennent à l’ordre des hyménoptères. Les diptères sont caractérisés notamment par la présence d’une seule paire d’ailes, la seconde ayant évolué pour donner des structures en forme de petits balanciers, les haltères, et qui servent essentiellement à stabiliser le vol:


La présence de seulement deux ailes est d’ailleurs l’origine étymologique du nom de leur groupe: di = deux, et ptera = ailes. En fait vous en connaissez plein des diptères: les mouches, les moustiques, les taons et toutes les autres joyeusetés qui enchantent nos vacances.
(Les hymenoptères tiennent quant à eux leur nom du fait que leurs ailes (ptera) soient maintenues ensembles par une série de petits crochets: elles sont donc mariées (hymen) ensemble).

Bref, après les avoir saoulé avec ces considérations taxonomiques, je me suis mis à leur décrire les prouesses aéronautiques dont sont capables les mâles syrphes dont le vol stationnaire est censé charmer les femelles syrphes. Vu que je n’ai pas osé imiter le vol du syrphe, je crois que la démonstration n’a pas été assez spectaculaire… Heureusement que Sir David Attenborough est là pour me sauver la mise:

Traduction:
Pour les Syrphes, certainement les insectes aviateurs les plus accomplis, un vol au contrôle parfait est ce qui rend attractif un mâle pour les femelles. Un mâle se déclare maître d’un territoire en restant exactement au même point le plus longtemps possible. Ce n’est pas facile, lorsqu’il y en a plein d’autres autours qui tentent de faire exactement la même chose.
On pourrait croire qu’il est complètement immobile alors qu’en fait il doit altérer continuellement son vol pour compenser des turbulences dans l’air. C’est une incroyable performance d’acrobatisme aérien, bien meilleure que ce dont nous sommes capable avec un hélicoptère. Et tout ça pour impressionner la femelle, pour lui montrer qu’il est incroyablement doué pour garder un territoire.

Chasser des rivaux qui se rapprochent trop, est un exercice épuisant. Et quand on essaie de se maintenir immobile en plein air, même le plus petit moucheron doit être écarté. Après une matinée passée à faire ceci, un syrphe mâle peut avoir perdu jusqu’à 1/3 de son poids. Pas étonnant donc qu’ils doivent faire une pause à la mi journée pour se reposer et se requinquer. Il tamponne du nectar avec des parties buccales qui prennent la forme d’un coussinet. Après avoir rempli son réservoir, le mâle retourne à son territoire pour la session de voltige de l’après midi, dans l’espoir d’attirer une femelle et s’accoupler avec elle.
Encore une fois, avec sa vue incroyable, il est capable d’apercevoir tout ce qui peut ressembler à une femelle et qui volèterait aux alentours. Je vais peut être capable de le duper avec cette sarbacane.


Et voilou: c’est quand même plus facile de fasciner son public quand on a du bagou… et une caméra à haute vitesse!