[Critique Cinéma] La servante

Par Gicquel

Suite à un déménagement dans une maison plus grande, la femme d'un professeur de musique persuade celui-ci d'engager une domestique. Mais bientôt, la servante devient la maîtresse et la calme maison devient alors le lieu d'un dramatique huis clos.


"La Servante" de Kim Ki-Young

Avec : Eun-shim Lee, Jeung-nyeo Ju, Jin Kyu Kim

Sortie Cinéma le 15/08/2012

Distribué par Carlotta Films

Durée : 111 Minutes

Genre : Drame, Epouvante-horreur

Film classé : -

Le film :

Ce film, réalisé dans les années soixante, a été adapté il y a deux ans, dans une version assez différente, sous le titre  « The housemaid » de Im Sang-Soo.. L’original qui ressort sur les écrans au cœur de l’été 2012 fit à l’époque l’effet d’une bombe. Par le sujet abordé (les rapports dominant dominé au sein d’une cellule familiale traditionnelle) et son traitement cinématographique qui dit-on posera les bases du nouveau cinéma coréen.
Je ne vais pas m’amuser au jeu des parallèles, mais les deux films s’opposent sur bien des points, Im Sang-Soo s’étant inspiré de l’œuvre de Kim Ki-Young , pour en faire avant tout un thriller psychologique.


Ici les données sont peut-être moins subtiles, mais tout aussi machiavéliques: la noirceur du trait sonde avec une parfaite cruauté l’âme humaine et ses avatars. Chez Kim, la servante, petite peste en devenir, est la maîtresse absolue du drame qu’elle va mettre en place L’homme est devenu son esclave – contrairement au mari du remake, qui lui a pris les choses en main – et l’épouse, une domestique servile. Acculé à des situations extravagantes, le couple, désormais prisonnier d’un engrenage meurtrier, est d’une soumission totale. Leur vie est devenue infernale.
Si la société coréenne de l’époque se reflète dans cette dramaturgie, elle renvoie aussi la folie meurtrière et schizophrénique de son héroïne, dans des contrées plus obscures, sur lesquelles le réalisateur s’appesantit.
L’adultère, la cruauté, la suspicion… et l’enfance qui n’est pas épargnée.


La musique en ouverture, quasiment déstructurée, devient, au fur et à mesure du dénouement, une composante à part entière, un personnage total, aussi excessif que cette mise en scène de plus en plus diabolique. Le final est d’une lourdeur ridicule. Le mélo tue, et c’est grotesque.

En bref

Le film

Un triangle amoureux contre nature qui tourne au drame sous le regard sans concession d’un réalisateur virtuose qui entre Bunuel et Losey fixe les codes du nouveau cinéma coréen. Nous sommes alors en 1960. Aujourd’hui l’œuvre demeure authentique, mais boursouflée par un final très appuyé.