Mafia blues

Publié le 12 février 2008 par Gary

Mais où sont passés les Parrains, les Affranchis, et les Incorruptibles ?

Pour les inconditionnels, voici la BO du Parrain :  

  Vous n'alliez au cinéma que pour pour entendre l'italo-américain, se souvenir de Marlon Brando et de ses bajouts et trésaillir devant les sursauts nerveux de Joe Pesci...

 
Au menu du cinéma d'aujourd'hui, pas grand chose à se mettre sous la dent. Scorsese s'est attaqué récemment à la mafia irlandaise de Boston avec ses Infiltrés. Le film manquait un peu de souffle, sans doute à cause du faible charisme des acteurs principaux, Leonardo DiCaprio, Matt Damon et Mark Wahlberg. Au final, l'oscar qu'a obtenu Scorsese grâce à son film ressemblait plus à un hommage de fin de carrière qu'une récompense pour son travail de réalisation. Réaction...

En novembre dernier, Ridley Scott a tenté le coup avec American Gangster. La distribution était cette fois-ci assurée par Denzel Washington et Russel Crowe. Le face-à-face a plutôt bien fonctionné, le film assez bien marché. Pas mal, mais on attendait peut-être un peu plus de la rencontre de ces deux acteurs. L'histoire est globalement la même que celle du film de Scorsese, et de tant d'autres. Deux hommes s'affrontent, l'un incarne le bien, mais un bien agité de ses démons intérieurs. L'autre personnifie le mal, à la perfection. S'oppose le flic alcoolique et marginal, figure tutélaire d'une norme plus vraiment intangible et le gangster, businessman nageant en plein rêve américain. Ce shéma, on commence à rêver qu'il soit dépassé. 

La bonne surprise est venu du froid canado-sibérien. David Cronenberg a réussi avec Eastern promises à nous rendre l'atmosphère d'un quotidien russe à Londres, chez les mafieux Vory V Zakone. Nous faisons intrusion dans ce monde ultra-violent par l'entremise d'une infirmière anglaise d'origine russe, Anna. Elle recueille un bébé dont la mère vient de mourir. Ce qui la mène directement chez Semyon et Kirill, père et fils, dont l'occupation ne se borne pas seulement à la gestion d'un restaurant russe, réchauffer le borch et servir la vodka. L'homme de main des deux mafieux, Nikolai, interprété par Viggo Mortensen se charge des tâches ingrates qu'implique l'activité criminelle de ses patrons. Il se revèlera finalement plus ambitieux qu'il n'y paraît. Eastern Promises, les Promesses de l'Aube en francais (là-encore, pourquoi l'Aube et non pas l'Est ? ) se regarde comme la suite du précédent opus de Cronenberg, A history of violence. On y retrouve la même thématique : le rapport que nous spectateurs entretenons avec la violence. Une fois confrontés à elle, nos réflexes disparaissent, nous réagissons de manière insoupçonnée. C'et vrai, la piste qu'explore Conenberg ressemble à un sentier battu et rebattu, mais il l'explore avec modestie. Pas de folie des grandeurs chez Cronenberg, l'unité de lieu et de temps prédomine. C'est mieux.