PALUDISME: Une grande avancée dans la technique de l’insecte stérile

Publié le 20 août 2012 par Santelog @santelog

Utiliser une particularité de l'accouplement du moustique vecteur du paludisme qui insère un bouchon pour sceller son sperme à l'intérieur de la femelle, pourrait, selon ces scientifiques de Yale, être la base d'une nouvelle substance « de contrôle des naissances » des moustiques anophèles, porteurs de cette maladie mortelle qui menace aujourd'hui plus de 3 milliards de personnes. Ces résultats, présentés à la 244è réunion de l'American Chemical Society, marquent un grand pas dans le développement de techniques dites de l'insecte stérile, des techniques qui permettent de préserver l'environnement et d'éviter la résistance des moustiques.

Le Pr Richard Baxter, professeur de chimie à l'Université de Yale, décrit cette nouvelle stratégie de contrôle des naissances pour les moustiques qui consiste à empêcher la formation de ce fameux bouchon, pour empêcher les moustiques de se reproduire et de transmettre le paludisme. Seules les femelles Anopheles gambiae piquent et se nourrissent de sang humain, transmettant ainsi le parasite du paludisme à l'homme. Pour assurer le succès de l'accouplement, le mâle produit une « prise d'accouplement » pour sceller son sperme à l'intérieur de la femelle. Les chercheurs de Yale ont purifié l'enzyme spécifique, la transglutaminase, responsable de la coagulation nécessaire à former ce bouchon, ont reconstitué le processus de coagulation en laboratoire, ouvrant la voie à la recherche de substances chimiques qui pourraient inhiber ce processus.

Bloquer l'enzyme transglutaminase pour bloquer l'acouplement : Les auteurs rappellent qu'en 2009, un professeur de l'Imperial College de Londres, le Pr Flaminia Catteruccia, avait déjà identifié l'enzyme transglutaminase et montré que le blocage de l'enzyme empêche les femelles de fertiliser leurs œufs. C'est avec la collaboration de ce chercheur, que l'équipe de Yale a pu poursuivre les recherches. «Nous avons terminé les travaux préparatoires pour commencer le dépistage des substances chimiques qui pourraient inhiber l'enzyme », explique le Dr Baxter. « Il existe déjà de nombreux composés qui inhibent les transglutaminases ». Les moustiques mâles seraient élevés dans des conditions contrôlées, nourris avec un inhibiteur de transglutaminase et seraient dans l'impossibilité de s'accoupler avec les femelles, réduisant ainsi la population des moustiques vecteurs, sans utilisation d'insecticides. L'objectif serait aussi de développer un produit chimique spécifique à l'anophèle qui permettrait de minimiser les coûts et l'impact environnemental.

La technique de l'insecte stérile est une approche différente en ce qu'elle évite l'adaptation des moustiques inévitable avec les mesures de contrôle traditionnels, comme les insecticides, rappellent les auteurs.

Source:American Chemical SocietyMeddling with male malaria mosquito 'mating plug' to control an epidemic (Visuel University College London/Sam Cotton)