Rentrée littéraire 2012, Ce que cache ton nom de Clara Sanchez

Par Mango

Sur les 261 œuvres présentes  sur la liste du prix Nadal 2010, la plus prestigieuse  récompense littéraire espagnole,  c’est ce roman de Clara Sanchez qui l’a obtenu. Au cœur de ce roman se tient  la rencontre, plus qu’improbable a priori, dans une petite ville de la Costa Brava espagnole, de deux êtres que tout sépare et qui n’aurait jamais dû se rencontrer: Julian, à la fin de sa longue vie, un républicain espagnol, rescapé du camp de Manthausen et Sandra, une toute jeune femme, enceinte d’un homme qu’elle croit ne pas aimer, venue se réfugier là, dans une petite maison prêtée par sa sœur. Julian poursuit des criminels  nazis, de paisibles retraités en apparence, dont un couple d’octogénaires norvégiens  qui se prennent d’amitié pour Sandra qu’ils installent bientôt dans leur belle villa.  Quelle est leur véritable intention ? Heureusement Julian met en garde Sandra qui va l’aider dans ses recherches mais le danger guette cependant. Ce n’est pas à proprement parler un thriller ni un policier mais plutôt un bon roman psychologique où priment les sentiments humains, des plus violents aux plus subtils. La haine, l’amour, l’amitié, lla jalousie et le besoin de vengeance et de justice, dominent tour à tour. La toile de fond, derrière l’apparence légère et anodine d’une petite station balnéaire espagnole, n’est rien moins que la tragédie apocalyptique des camps de concentration nazis dans  toute leur horreur. C’est  avec plaisir et intérêt que j’ai lu ce roman essentiellement pour les deux narrateurs que sont les deux personnages  principaux  habilement campés dès les premières pages. Après quoi, la curiosité nous entraîne à vouloir savoir ce qu’ils vont devenir : on peut plus lâcher l’histoire! Le récit balance constamment entre les récits des deux narrateurs
Julian: «Ma fille pensait que j’étais un vieux fou, un cas désespéré obsédé par un passé qui n’intéressait plus personne et dont il n’oubliait ni un jour, ni un détail, ni un visage, ni un nom,  même si c’était un nom allemand long et compliqué, alors qu’il devait souvent faire un gros effort pour se rappeler le titre d’un film.»
Sandra: «J’étais enceinte de cinq mois et, plus ça allait, moins je voyais clair dans la question de savoir si je pouvais avoir ou non  l’envie de former une famille ; d’un autre côté,  c’était un fait que j’avais laissé mon travail, avec une complète insouciance,  justement maintenant que le travail était difficile à trouver, et que ça allait être dur de m’occuper toute seule de l’enfant.
C’était fin septembre: on pouvait encore se baigner et prendre le soleil.  Vers le milieu du mois, les maisons alentour avaient fermé leurs portes jusqu’au  prochain été. Quelques-unes seulement , comme la nôtre, restaient habitées toute l’année et  la nuit,  malgré les lumières, d’ailleurs peu nombreuses et éparpillées, elles donnaient une terrible impression de solitude.» 
 
Rentrée littéraire 2012, Ce que cache ton nom de Clara Sanchez, Prix Nadal 2010,  (Marabout,  à paraître le 26  septembre 2012, 443 pages),Lo che esconde tu nombre, Traduit de l’espagnol par Louise Adenis, 2010

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