Burial – Shell Of Light (Shlohmo Remix)

Publié le 29 août 2012 par Lcassetta

Remixer Burial n’est pas une chose facile. Le légendaire Burial est une influence majeure pour énormément d’artistes, et nombreux d’entre eux s’y sont attelés, en dénaturant souvent la qualité et l’ambiance unique et particulière de l’artiste. L’année dernière, Shlohmo a décidé d’y mettre sa touche de nature et d’émotions, et c’est le remix le plus réussi de Burial. Chronique !

Comme je le disais en intro, la musique de Burial est unique, et seul lui est capable de faire aussi bien du “Burial”. Ses samples poignants, sa basse profonde, son drum loop inoubliable, son ambient émouvante… Shlohmo, d’autre part, est l’un des producteurs qui réutilise le plus ce côté très émotionnel et déchirant avec ses bruits de nature, de gouttes d’eau qui tombent, ses samples pitchés à des profondeurs inhumaines, etc. Ca semblait déjà bien parti pour lui, il apporterait une touche de nature éthérée au travail dense et abyssal du producteur.

Pour le contexte, Shell Of Light est l’une des chansons préférées des fans, pour son côté intriguant, son sample hypnotisant, et surtout pour être l’une de ses compositions les plus émouvantes. Répétant un Closer d’une voix féminine sur un beat légèrement optimiste et des râles presque joviaux, la chanson parle d’un amour à sens unique, où la personne essaye se rapprocher de la personne sans succès. Mais surtout, la perle de l’album, le moment de génie et l’un des passages les plus mémorables de la discographie de Burial est l’outro, une chanson-dans-la-chanson d’une minute où le beat devient extrêmement poignant et émouvant, avec un léger piano sourd et une voix qui répète God can you whisper in her ear? I wasn’t sure we could be friends. L’objectif de la chanson, le génie de la manoeuvre, réside dans le build-up progressif de la chanson pour au final déboucher sur un petit moment mélancolique très court, qui au final obscurcit tout le reste de la production.

Nombreux sont ceux à avoir loopé la fin, et ceux qui n’écoutent la chanson que pour cette partie. Shlomo en fait partie. Il dit avoir trouvé ce sample tellement magnifique qu’il a lui aussi vouler le looper. Sauf que voilà, ce n’est pas tout: s’il reprend cette boucle, il y ajoute dès le début ses désormais célèbres bruits de la nature, ses gouttes d’eau, ses feuilles qui vibrent au vent et tout cet attirail forestier. Mais voilà, contrairement à Burial, il ne finit pas la chanson sur une note triste. Le sample vocal commence à se multiplier et à se retrouver accompagné de plusieurs layers de voix aigues, et là c’est le drop. A 1:44, cette même voix prend une toute autre dimension et se retrouve intensifiée par un puissant pitch aigu et une ribambelle de murmures stridents répétant un oh oh oh et ajoutant de la densité et de la profondeur à la voix originale. Accompagné d’un synthé poignant, le tout devient particulièrement touchant et presque encore plus émouvant que le loop original.

Si le but original de Burial était de créer une attente stratosphérique pour au final délivrer ce qui est l’un de ses meilleurs moments, pour n’en dévoiler qu’un peu, Shlohmo abuse de ce filon et étend ça sur 5 minutes d’un sample qui tourne sans arrêt, et c’est tellement beau qu’on aimerait qu’il ne se finisse jamais. Le premier appliquait la formule de n’en montrer qu’un peu pour ne pas tout gâcher d’un coup, mais le second a tellement bien réutilisé ça que ça serait bête de ne pas en profiter et d’en abuser. Je veux dire d’en abuser ad infinitum. Seul Burial peut faire du Burial, et seul Shlohmo peut remixer Burial. Amen.

Si Mohammed El Hammoumi (Si Mohammed El Hammoumi)

Je suis le rédacteur en chef du site. Je suis marocain, j'ai 18 ans et je suis étudiant... Bref, sachez surtout que je suis un énorme passionné de musique underground et de journalisme musical qui connaît le sujet de fond en comble. Je trouve énormément de plaisir à écouter, partager, découvrir, parler, débattre et autres activités tant que ça concerne la musique. Voilà !


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