Le business model du gratuit est un mythe

Publié le 30 août 2012 par Bedigitalbusiness @bdb_paris

Depuis la création de BeDigitalBusiness, j’ai orienté mes services de conseil sur les entrepreneurs. Un de mes premiers objectifs lors de nos rencontres est de leur faire comprendre qu’un business model sérieux ne peut pas se reposer sur un service gratuit avec ou sans pub. Dans la grande majorité des cas, les revenus de la publicité baissent constamment et ne permettent pas d’équilibrer les comptes, à moins que vous soyez dans l’hyper luxe et que votre support multimédia vise les 300 personnes les plus riches du monde. Entre vos investissements et les rentrées publicitaires, dans ce cas précis, l’équilibre est peut-être possible…
Mais revenons à la réalité

Le web, c’est un secteur d’activité économique

Une entreprise pure-player (qui vend ses services que sur le web) est une société comme une autre et donc à les mêmes obligations économiques et juridiques.
Tout d’abord, le budget d’un site de service à destination du grand public n’est pas de 10€ par mois. Facebook a été conçu de A à Z par une équipe technique, le fondateur n’a pas acheté un truc tout fait de quelques dizaines d’euros chez un hébergeur gratuit.
De plus, une entreprise web ne vit pas en-dehors du monde. Par exemple, en 2008, Facebook payait un million de dollars de facture d’électricité et c’est sans compter ses salariés, les impôts…

Les 2 règles à se souvenir

1 – Un site n’est jamais terminé, il y a toujours de nouvelles fonctionnalités (du bouton pinterest à rajouter à la possibilité de payer via une monnaie virtuelle), de nouvelles technologies à implémenter (le responsive design, html5…)
2 – Plus vous avez d’audience, et plus tout vous coûte plus cher : plus de serveur, plus d’électricité, plus de local, plus de personnel (comptabilité, juridique…)

Audience et rentabilité financière ne sont pas synonymes

Dixit, l’article de 20 minutes : « un site d’information requiert, grosso modo, 7 à 8 millions de visiteurs uniques (VU) mensuels pour payer les coûts d’une rédaction de 40 à 50 collaborateurs ».
NDLR : cela correspond environ à l’audience du site du Monde
La conséquence est que toutes les entreprises débutant par un business model gratuit se retrouvent confrontées à trouver en catastrophe un moyen efficace de rentabiliser tous leurs investissements, sinon…. une disparition pure et simple du service.
- Prenons l’exemple Facebook
Les actions facebook ont perdu la moitié de leur valeur en 3 mois. Qui va continuer à éponger ses pertes ? Les financiers ont été impressionnés par cette structure et ils ont laissé les comptes ouverts, mais si la peur les prend…
[+] Facebook et la pub
- Un autre exemple plus franco-français, covoiturage.fr :
L’annonce du passage au payant a été mal vécue par une partie des utilisateurs. Ses derniers trouvent via ce site un passager payant, pour diminuer leurs propres frais. Quelques uns ont même monté des groupes d’opposition sur Facebook au changement de modèle. Ma lecture de leur groupe est qu’ils refusent tout simplement que la structure puisse se rentabiliser. Ils ont l’impression d’être des vaches à lait. Mais la société qui paie tout sans pouvoir rentabiliser son service… cela ne serait pas une vache à lait aussi ?
Comme je le répète à mes clients et aux étudiants, si le site est gratuit, c’est vous le produit que l’on vend (aux annonceurs…).
J’espère que covoiturage.fr et ses clients mécontents trouveront un terrain d’entente. Rêvons ensemble aux solutions possibles : peut-être que ceux qui ne veulent pas payer, sont prêts à faire des dons ou à avoir leurs profil d’acheteur vendus, voire à faire du bénévolat pour maintenir le site, mais alors dans ce cas que faire des salariés…
A noter que dans l’article, un des concurrents resté gratuit évoque sans nuance sa compréhension de ce changement de modèle.
[+] Pourquoi le site français covoiturage.fr est-il devenu payant ?

Mon avis

Vous commencez à me connaître, je suis pragmatique.
Dans mon activité de conseil en stratégie digitale, mon objectif est que les entreprises arrivent rapidement à générer de la rentabilité. Depuis 12 ans, ce que j’ai appris, c’est qu’une partie du succès vient de la capacité de bien déterminer la cible avec la volonté de payer. Les personnes qui veulent profiter gratuitement des services d’une entreprise sont des handicaps à sa poursuite économique et au maintien des emplois.

Pour résumer mes propos, je vous renvoie à la baseline de BeDigitalBusiness : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme, web sans stratégie n’est que ruine de l’entreprise »

A très bientôt

Véronique