A l'abri de rien, Olivier Adam

Par Antigone

"Combien de temps ça a duré ? Dix, quinze jours ? Je ne me rappelle plus très bien et désormais ça n'a plus la moindre importance. Je me souviens juste de ces matins où je me rendais sous la tente, des après-midi au centre d'aide, des soirées chez Isabelle. Je rentrais au coeur de la nuit, parfois même à l'aube. Une fois tout le monde endormi, une fois les lessives lancées, la cuisine et le salon rangés, assises l'une en face de l'autre avec nos verres remplis et la musique, nous avions tant à nous dire, Isabelle et moi."

Marie a tout d'une Desperate housewife que l'inactivité rend dingue, elle est confinée à la maison pour cause de chômage. Avant, elle était caissière chez Auchan, mais ne cessait de pleurer. Un beau jour, elle donne soudain un sens à sa vie en s'occupant des réfugiés qui abondent en ville, et néglige ainsi peu à peu et terriblement sa famille, ses enfants et son mari. Elle donne tout à ces personnes pour qui elle ressent tout à coup une attraction irrépressible, et s'attache à Isabelle, une bénévole du centre. La perte d'un être cher semble les réunir toutes les deux, malgré leurs silences...

J'ai profité du fait d'avoir lu le dernier roman d'Olivier Adam pour ouvrir enfin celui qui traînait depuis tellement longtemps dans ma PAL. Je savais déjà que ce n'était pas forcément le meilleur de l'auteur. Je confirme. Et pourtant, l'écriture est belle...
Mes réticences sont plutôt liées à l'histoire, à ce que Marie fait subir à sa famille, à ses enfants surtout, à ce qui rend ses gestes inadmissibles. Ainsi, le sujet des réfugiés n'est que le révélateur d'une folie plus grave, et non un sujet en soi. Ce biais m'a semblé dommage. Heureusement, l'auteur s'est depuis rattrapé avec le magnifique Welcome dont vous trouverez la bande-annonce plus bas !

Editions Points - 6.10€ - 2008