Opposants tchadiens, la France savait

Publié le 14 mars 2008 par Pef

C'est Mediapart qui révèle l'information aujourd'hui. Malgré les dénégations répétées du gouvernement, une lettre diplomatique datée du 11 février atteste que les opposants tchadiens ont «effectivement été arrêtés et détenus dans les locaux de la direction des renseignements généraux tchadiens », révèle le site d'informations sur Internet (qui sera d'ailleurs lancé officiellement dimanche).

Pourtant, le 28 février dernier, la porte-parole de Bernard Kouchner déclarait "que nous ne savons toujours pas où se trouvent Messieurs Ngarlejy Yorongar et Ibni Oumar Mahamat Saleh et que nous ne savions pas où se trouvait M. Lol Mahamat Choua jusqu'à ce que notre ambassadeur à N'Djamena le rencontre, le 14 février, dans une prison militaire». Longtemps l'attitude de la France quant à ces disparitions a été ambigüe, tandis que Bruxelle réclamait des "libérations immédiates". Lors de sa visite au Tchad, Nicolas Sarkozy a demandé une commission d'enquête pour faire la lumière sur ces disparitions.

Sarko et les opposants tchadiens
envoyé par Ptite_Mule

Sur ces 3 opposants, l'ancien président Lol Choua a été libéré et placé en résidence surveillée le 26 février -le Tchad confirme donc qu'il le détenait.Le député Njargely Yorongar, lui, a fui le Tchad pour le Cameroun, fin février. Il raconte son histoire ici (payant).  Arrivé en France le 6 mars, il déclarait à RFI à propos du 3ème disparu: « Ibni Mahamat Saleh est arrivé après moi. Les militaires qui l'ont amené se sont mis à le frapper - coups de crosse, coups de poing, coups de pied. Ils l'ont conduit dans une cellule entre le 4 et le 6 (février).  Ou bien on l'a amené dans un hôpital tenu secret, ce qui m'étonnerait, parce que vu l'état dans lequel on l'a mis, pour moi il est mort »

Le lendemain sur France24, le président Déby nie une nouvelle fois savoir où se trouve Ibni Mahamat Saleh, et se retranche derrière la commission d'enquête demandée par la France


Tchad-Déby: Où est mon père?
envoyé par FRANCE_24

 A propos de cette commission, Mediapart apporte également quelques précisions. Elle sera dirigée par le président de l'Assemblée Nationale tchadienne, un proche du président. Le CICR -que Nicolas Sarkozy souhaitait voir représenté- a refusé d'y participer en vertu de son principe de neutralité. Reste l'Europe. Mais comme le note le site, Bruxelles pourrait ne pas être emballé par l'intitulé de cette commission, installée pour « rechercher et produire les informations sur les personnes portées disparues » et enquêter sur « l'agression soudanaise du 28 janvier au 8 février »