The Trinity Session

Publié le 02 septembre 2012 par Mainsdoeuvres
Hobbs/Neustetter (Afrique du sud) En résidence création numérique
de septembre 2012 à septembre 2013.
Accueil création du projet "ATAYA / THÉ / TEA"

The Trinity Session

Hobbs/Neustetter
Au vu des natures diverses de leurs carrières solos, la collaboration de Stephen Hobbs et Marcus Neustetter doit être lu comme une sorte de pollinisation croisée, ou de contamination. Leurs intérêts artistiques et individuels pour le changement social urbain, l'exploration et le mapping se retrouvent dans une vision partagée riche de plusieurs années d'expérimentation, juxtaposant high et low-tech, anciens et nouveaux médias, mark-making et photographie.
http://www.stephenhobbs.net/
http://www.marcusneustetter.net/

Portfolio

Contexte
Depuis 2006, Stephen Hobbs et Marcus Neustetter de Trinity Session ont été invités à collaborer sur différents projets artistiques mis en œuvre par Kër Thiossane à Dakar (Sénégal) avec qui nous collaborons depuis ses débuts. Les projets produits depuis cette date avec Kër Thiossane incluent Hillbrow/Dakar/Hillbrow (2006-07) et Intangibles (2010-11) dans le cadre du projet Rose des vents numériques auquel Mains d'Œuvres était également partenaire.

Projet Intangibles
Projet Urbanet

Ataya / tea / thé : thématiques de travail

L'immigration

Stephen Hobbs et Marcus Neustetter sont deux artistes d'Afrique du sud travaillant sur les problématiques d'immigration et d'apartheid. Le travail avec des communautés étrangères – notamment issues d'Afrique francophone - fait partie de leur processus de création depuis plusieurs années. Globalement, les interactions et les collaborations développées avec ces communautés ont donné à Marcus Neustteter et Stephen Hobbs une meilleure compréhension de leur propre ville.

Au delà de la taille que représente ces communautés à Johannesburg, ils portent leur attention sur la marginalisation due à la xénophobie et aux conditions dans lesquelles beaucoup d'étrangers vivent au cœur de la ville. The Trinity Session s'intéresse à la façon dont les migrants se sont appropriés et utilisent la ville de Johannesburg.

Pendant le régime de l'apartheid, Hillbrow était un melting-pot de la culture européenne avec des endroits comme « Le Café de Paris » qui répondait aux sensibilités eurocentriste de la classe moyenne de l'époque. Après le départ des résidents blancs de Hillbrow dans les années 80 et 90, le centre de Johannesburg est devenu le lieu de résidence non seulement de la population noire sud-africaine, mais aussi d'une large population venant d'autres régions du continent africain. Les cafés parisiens sont désormais remplacés - et ce n'est qu'un exemple - par des cantines sénégalaises qui répondent aux besoins d'une nouvelle clientèle d'Afrique de l'Ouest.

Tout comme les communautés d'Afrique francophones à Johannesburg, les villes de France comme Marseille, Lyon et Paris sont mis au défi de la ségrégation culturelle, de la redéfinition de l'espace culturel et socio-politique par rapport aux migrants. Là aussi, l'identité et l'intégration des différentes populations dans ces villes est remise en question.

C'est en partant de cette refonte et de ce repeuplement de la ville encore sous une forme d'apartheid que Hobbs / Neustetter travailleront sur le projet « Ataya / thé / tea », restant dans cette forme de recherche et de production qui leur est propre.

La cérémonie du thé

Le titre de ce projet se rapporte à cette tradition ouest-africaine de la prise du thé qui a été une cérémonie de bienvenue pour Hobbs / Neustetter, lors de leurs voyages dans des pays d'Afrique de l'Ouest francophone.

L'acte presque rituel de faire le thé n'a pas seulement la fonction de relier les gens, mais c'est aussi un geste de générosité et d'engagement. Contrairement à l'image négative de Hillbrow et aux dures réalités d'un paysage urbain complexe, boire du thé dans ce contexte social est un passe-temps réconfortant, un moment intime et personnel qui passe souvent inaperçu dans la survie quotidienne de ces villes animées.

Le thé est plus qu'une boisson, c'est une cérémonie, une sorte d'institution. Les gens boivent du thé surtout après les repas. C'est aussi la boisson que l'on offre aux amis et aux visiteurs. Boire le thé permet la discussion et entretient l'amitié car s'il est préparé dans les règles de l'art, la préparation est longue. Un thé à la menthe est servi, à trois reprises, d'où son appellation "les trois normaux". Les feuilles de thé vert de Chine sont mises dans la théière avec de l'eau et des feuilles de menthe, puis le thé est mis à bouillir au-dessus d'un fourneau à charbon. Ensuite, on ajoute le sucre dans la théière, puis on verse le thé dans de petits verres d'une certaine hauteur. On transvase du verre à la théière, à plusieurs reprises, pour que se forme dans le verre une mousse. Plus la mousse est épaisse, et plus le thé est réussi. Le premier thé est amer et peu sucré, le second moins amer et plus sucré, le troisième est douceâtre et n'a plus beaucoup de goût car ce sont les mêmes feuilles qui servent à la préparation des trois verres : le premier est le plus amer (on dit amer comme la mort) ; le deuxième verre est plus doux (on dit doux comme la vie) ; le troisième, bien sûr, est plus sucré (on dit doux comme l'amour).

Ce rituel du thé, qui peut durer une heure, est considéré comme un moment de détente et semble être un stimulus pour la conversation et l'échange depuis le processus de brassage jusqu'à la troisième étape d'échange des petits verres à thé. Les trois étapes pour servir le thé ont une signification culturelle liée à la création de l'amitié. La première dose de thé est au début de la phase de brassage forte et amère, le second thé est plus doux et le troisième est très doux et lisse. Cette évolution représenterait la croissance d'une amitié le temps de boire ce thé.

Déroulement de la création

Le processus de création laissera place à plusieurs formes :

  • un événement prenant la forme d'une cérémonie du thé à Hilbrow (Johannesburg) en novembre 2012
  • un séjour de repérage en France en décembre 2012
  • un événement prenant la forme d'une cérémonie du thé à Saint-Ouen en juin 2013
  • L'ensemble sera le point de départ de la création de deux films, l'un réalisé en collaboration avec un artiste français en 2012, l'autre en collaboration avec un artiste d'Afrique du sud en 2013.
  • La projection des deux films en France et en Afrique du sud en 2013

Le projet « Ataya / thé / tea » est porté par le lieu Mains d'Œuvres et Trinity session avec le soutien de Ker Thiossane. Il rentre dans le cadre des saisons croisées France – Afrique du sud 2012 & 2013. Le volet 2012 du projet est financé par l'Institut Francais et le National Art Council.