CCC 2012 : récit de mon 1er ultra trail

Publié le 03 septembre 2012 par Runmygeek

Et voila, c’est fait je viens de boucler mon 1er ultra et quel ultra : de la neige, du vent de la pluie, un parcours modifié et surtout une assistance de champion. Je ferai un article spécial remerciement car j’ai eu un suivi et des encouragements de folie.

Avant le départ

Après une bonne nuit, pas de stress particulier j’ai réussi à dormir correctement et c’est très bon le moral. On retrouve au petit déjeuner nos amis marseillais avec qui nous partageons l’appartement au Bettex à coté de Saint Gervais. Timon et Pumba alias David Z et Stéphane M sont également la pour la CCC et Emeline est la pour les encourager.

Je me charge en croissant beurre et tartine beurre confiture histoire de prendre du gras pour affronter le froid qui est annoncé avec du - 10°C ressenti à 2500m, on aura pas le droit à des conditions estivales. Je vérifie cent fois mon matériel avant de partir, j’enfile les 4 couches recommandées par l’organisation : un tee shirt manche longue, mon maillot taillefer trail team, ma veste d’hiver kalenji et la veste de pluie trail Quechua. En bas je porte les Asics fuji sensor M que je teste pour runners.fr, mes booster, et un corsair de compression Quechua Trail.

Il est 8h, ça nous fait 2h pour rejoindre Courmayeur en Italie. Après un bref bouchon au tunnel du Mont Blanc nous arrivons 30min avant le départ. La pluie qui nous arrosait en France semble bien se dissiper en Suisse et nous partirons finalement au sec ce qui est une très bonne nouvelle.

Nous retrouvons Bastien sur la ligne de départ en mode reporter, merci pour la photo :

Départ

Il est temps de prendre place dans le sas de départ, en janvier je n’avais aucune idée du temps que je pouvais faire sur la CCC, je m’étais donc inscrit pour terminer en 21h, je me retrouve donc dans le dernier sas à partir soit 20min après les premiers, ce mauvais choix me gâchera le début de course.

L’émotion est la, très forte, j’ai vraiment peur, je sais que je suis prêt mais j’ai peur, les visages sont graves tout le monde est concentré. Catherine Polleti nous donne les dernières recommandation, la course est modifiée et nous ne passerons pas par le col de la tronche et la tête aux vents, on est comme dans les vidéos que je regarde tout le temps sur le net, ces vidéos qui m’on fait rêver, cette fois nous sommes acteurs et plus seulement spectateur.

La musique s’enclenche alors et les 2 premières vagues partent. Puis vient notre tour, je suis sur la ligne de départ en 2ème ligne Catherine Polleti salue personnellement chaque coureur de la première ligne. Virginie est juste à ma gauche, j’en profite pour l’embrasser une dernière fois. J’ai les larmes aux yeux et elle aussi. La musique s’enclenche une dernière fois pour nous, ça prend vraiment aux tripes, c’est indescriptible, je repense à ma préparation, je pense très fort à ma chérie qui va vivre cette aventure avec moi. Le décompte en Italien commence cinque quattro tre due uno.

De Courmayeur à Arnuva avec les randonneurs

L’avantage de partir en 2ème ligne c’est que je me retrouve vite dans les 10 premières, l’ambiance italienne est superbe et les cloches donnent le rythme. Je pars prudemment mais j’essaie de me placer un minimum devant pour ne pas être gêné. L’état de grâce durera 2km, ça y est c’est finit j’ai rattrapé la 2ème vague, nous arrivons sur un single montant et ça bouchonne. Je me demande pourquoi j’ai sorti les bâtons ils ne servent à rien tellement on avance lentement. Je prends mon mal en patience, le cardio descend en mode repos, ce qui n’est pas le cas de tous les coureurs autour de moi, certain sont très essoufflé, j’ai un peu de mal à comprendre car on doit être à 2.5km/h, bon j’aurai vraiment du me démerder pour être dans la première vague car la perte de temps va se compter en heures.

Je suis vraiment frustré pour le coup : 1h33 pour 3km et 700D+, ça aurait du prendre moins d’une heure.

Je ne m’arrête pas au ravitaillement de Bertone histoire de doubler un paquet de coureurs, pas de besoin de ravito la course n’a même pas commencée.

Et ça continue encore jusqu’au refuge Bonnati, d’autres coureurs commencent à pester, en effet certains “coureurs” marchent dans les parties plates ou faux plats descendant et créent d’énormes bouchons car il est impossible de doubler. Tout le monde commence à avoir peur des barrières horaires. ça me ferait mal d’être arrêté sans avoir pu courir et je maudis ces randonneurs qui seront éliminés par les barrières horaires.

La neige fait sont apparition, ça rafraichit et ça tombe bien car aves les quatre couches j’avais un peu chaud.

Au refuge Bonnati je croise Giao, je l’encourage après un verre de coca et je file histoire de redépasser encore un paquet de coureur. Le rythme reste toujours très lent jusqu’à Arnuva, certains prennent de très gros risque pour doubler, je ne m’y risque pas. La descente vers Arnuva est un peu plus large mes glissante, je me sers des bâtons et descend en doublant pas mal de coureur.

Trop de monde encore au ravito Arnuva, je prends un coca des tucs et je file à nouveau, depuis le début je suis presque en autonomie totale. J’ai mangé une mini journey bar pizza et une journey bar romarin, le froid entame pas mal les réserves alors je recharge très souvent.

Grand col Ferret la récompense

Enfin de la vrai grimpette, et cette fois on peut doubler, même si je dois emprunter des parties très boueuses et glissante je peux doubler. La frustration accumulée laisse place à une vitesse verticale entre 1000 et 1300 mètres par heure, je me suis peut être un peu enflammé mais je voulais absolument pouvoir profiter des ravitaillements suivants.

La neige refait sont apparition et cette fois de manière plus soutenue, ça fouette le visage mais il ne fait pas encore froid car les vêtements sont toujours secs.

Le brouillard est également très présent, j’imagine donc les paysages qui nous entourent. On blague avec d’autres coureurs en disant qu’on pourra utiliser une seule photo pour montrer les différents passages de la course à cause du brouillard.

En haut du col on ne s’attarde pas comme nous l’a demandé l’organisation. Et je lâche les chevaux pour la descente qui est très agréable, le sentier n’est pas technique j’en profite jusqu’à La Fouly après 1h05 de descente.

J’appelle Virginie qui n’a pas réussi à me retrouver à La Fouly, il y a des gros problèmes de bus pour les accompagnateurs, pas sympa quand on sait que la prestation était facturée 25€. Pas trop grave, je sais qu’elle m’attend sur Champex qui est un point critique de la course. Je m’arrête un peu pour prendre une soupe de vermicelle, du fromage à raclette, des tucs, du raisin, du coca et des bananes. Je reste 10 minutes à ce ravitaillement et j’y perds 84 places.

Je consulte mes nombreux SMS d’encouragements qui me font chaud au coeur.

La Fouly Champex un coup de moins bien

La pluie tombe fort quand je repars du ravitaillement c’est un peu dur de relancer, la foule du début a laissé place à de petit paquets de coureurs, pas plus de cinq en général. Je vois beaucoup d’amis qui courent par deux, en discutant avec eux je me rends compte que tout comme moi c’est souvent leur premier ultra. Il n’y a que 14km et 500D+ jusqu’à Champex mais le début de la portion est interminable, c’est plat avec de la caillasse, il faut constamment surveiller les appuis, j’attends la grimpette avec impatience car je commence à bien fatiguer. Je commence à me dire que ça va être dur, le moral en prend un coup, je me fais un petit peu doubler. La pluie ne faibli pas, les mains sont trempées malgré les gants imperméable et l’humidité remonte par chacune des extrémités de mon corps. La température corporelle se maintient mais ça commence beaucoup d’énergie.

La grimpette ne me rebooste pas, j’attends ma chérie avec impatience, j’entends les cloches et le speaker au loin ouf j’y suis presque. La j’entends Virginie hurler, que c’est bon de la sérer dans mes bras. Mon petit sherpa m’attendait avec Emelyne qui nous prendra en photo.

Champex ma chérie remotive le guerrier

Je suis bien cramé en arrivant, je n’ai pas les idées claires, Virginie me parle mais je ne saisie pas tout ce qu’elle me dit.

Elle m’attrape une assiette de soupe, je récupère une assiette de pates bolognaise et on va s’assoir à une table. Le téléphone de Virginie sonne, c’est mes parents, je décroche, ils sont étonnés de tomber sur moi. Je les rassure en leur disant que tout va bien. Virginie me raconte ses galères de bus, je commence à retrouver mes idées. L’assiette de pâtes me fait un bien fou. Je mange également 2 carrés de chocolat. Puis il est temps de se changer, je retire tout le haut sauf la veste Quechua, j’enfile un nouveau tee shirt manches longues, un tee shirt taille fer trail team, une veste columbia omnishield.

Tous ces petites conforts me remonte le moral au maximum, maintenant je le sais je vais terminer la CCC. Ma chérie m’a remotivé à bloc, je suis à la moitié du parcours et maintenant plus rien ne m’arrêtera, ni la pluie ni la neige ni la nuit. Je sais qu’il y a beaucoup de gens derrière moi et faire la course à deux avec Virginie est ma motivation principale maintenant après chaque ravito je me battrai pour la retrouver.

Je décide de retirer mes lunettes qui me gênent beaucoup avec le pluie.

Champex Bovine changement obligatoire

Après 45min passé au ravitaillement je repars comme un coureur tout neuf par ma deuxième course, je ne suis pas mécontent que l’organisation m’annonce que nous en sommes à la moitié de la course. Après quelques kilomètres de descente où j’accroche deux coureurs, nous entamons la montée vers Bovine à 2000m. Nous avons un bon rythme à 3 et on dépasse quelques coureurs. La nuit commence à tomber, nous nous arrêtons pour enfiler les frontales. La pluie est de retour qui se transforme rapidement en neige. Le froid devient saisissant, plus personne ne parle, j’ai perdu mes acolytes pour me caller avec des Italiens, c’est la merda comme ils disent, je souffle de plus en plus fort, je grelote, on essaie d’éviter les torrents de boues mais souvent sans succès. Je rêve d’un bouillon bien chaud mais je n’attends pas de ravitaillement avant Trient. Je n’ose pas enlever mes gants pour attraper quelque chose à manger.

Il va falloir tenir, personne ne fléchit, ça devient marche ou crève, les conditions deviennent de plus en limite. Mon corps passe en mode survie, il faut avancer coute que coute et se sortir de se mauvais pas, de ce vent glaciale, et dire qu’une semaine avant il faisait 36°C à Montpellier. La on se croirait en plein hiver. Et soudain nous voyons une maison, mieux il y a des coureurs dedans, je me dis chouette je vais pouvoir au moins me changer.

Et la tous mes souhaits sont exaucés, je n’avais pas prévu ce ravitaillement, je me précipite sur le thé chaud. Des secouristes s’occupent de coureurs qui sont en hypothermie, les regards sont inquiets car il n’y a pas d’évacuation possible. En voyant ça je prends la décision de changer le bas de mon équipement, je retire mon corsaire et enfile mon cuissard long tout sec et chaud. Inutile de changer les chaussettes vu l’état de mes chaussures. J’enfile également un deuxième buff que je mets autour de mon cou. Je repars me chercher 2 tasses de thé, je mange des bananes, du chocolat et des tucs.

Virginie a encore des problèmes de bus et me dit qu’elle ne sera peut être pas à Trient.

Bovine Trient : chauffage à fond

Et je repars, mes doigts sont complètement gelés mes gants se sont refroidis et il va falloir réchauffer l’eau à l’intérieur. Je ne suis pas le seul dans cette situation, les coureurs derrières moi tapent leurs mains, moi je bouge sans cesse les doigts et vérifie qu’ils ne commencent pas à geler, je suis couvert de neige. Mais ma température corporelle a bien remontée et je ne grelote plus.

Mince j’ai envie de faire pipi depuis un bon moment et ça ne tient plus. Je dois donc retirer un gant, le laisser dans ma bouche, sortir mon petit oiseau, faire mon affaire et essayer de tout bien ranger. Malheureusement je remets mal mon tee shirt à l’intérieur de mon cuissard et le froid arrive un peu à rentrer, tant pis je ne m’arrête pas car il faudrait de nouveau enlever le gant pour me rhabiller.

La descente commence à faire mal aux articulations, je me sers de plus en plus des bâtons pour soulager mes tendons. Trient est en vue, quelques efforts et j’y suis.

Virginie m’attends à l’entrée du village et me guide jusqu’au ravito. J’enfile alors mon pantalon de pluie pour terminer l’aventure. Encore un peu de soupe et de carrés de chocolat, des tucs, du fromage je me charge à bloc pour la dernière grosse bosse. Les bénévoles nous indiquent qu’il va encore neiger la haut. Ma chérie continue de me booster, c’est trop bien, je suis extrêmement heureux de partager tout ça avec elle.

Je repars en petite foulées après un bisous, je suis resté 25min au ravitaillement.

Trient Catogne vous reprendrez bien encore un peu de neige

La montée pique bien les cuisseaux, on est de moins en moins nombreux et je me retrouve souvent seul sans voir aucune frontale. La neige refait son apparition et cette fois en grande quantité, pas loin de 10cm au sol, c’est fou nous sommes le 31 aout.

Je rattrape des coureurs, zig zag des frontales sur la neige dans la montagne est magique. En haut de la montagne un feu de camp et le point de passage Catogne :

Catogne – Vallorcine : doucement pour finir

La descente devient technique, ça glisse énormément, la neige refait place à la pluie. Je vais doucement et n’imite pas les coureurs qui me doublent mais tombent souvent. Je veux terminer la course, hors de question de me blesser bêtement, le chrono ne compte pas. Je commence à maudire cette descente qui n’en finit pas, je veux de la grimpette, la il faut être très concentré et après 15h de course ça commence à devenir difficile. Les racines font leur apparitions et sont de vrais pièges. Je m’encourage, je débranche le cerveau et je continue.

Enfin les lumières de Vallorcine sont la, j’arrive au ravitaillement. Je ne vois pas Virginie, je me dis que ces maudits bus ont merdé. Finalement je l’entends, ouf elle est la ça me fait un bien fou. Elle a du faire du stop pour rejoindre Vallorcine, c’était l’anarchie pour les bus des gens se sont battus. Virginie est gelée également mais me donne quand même un tee shirt long qu’elle avait prévu pour elle. J’enfile mon dernier tee shirt court pour repartir en parti sec.

Je passe une bonne demi heure au ravitaillement, j’ai beaucoup de mal à me réchauffer. Je prends 2 soupes et beaucoup de nourriture. Je sèche en parti mes gants sur un chauffage au gaz, c’est LA PLACE à la mode sur la CCC. Avec Virginie on est content car la prochaine fois que l’on se voit c’est à l’arrivée. Il me reste “seulement” 14km.

Vallorcine – Chamonix : au mental

Je reconnais tout de suite le sentier, c’est le parcours du marathon du Mont Blanc que j’avais emprunté dans l’autre sens l’an dernier, ça veut dire plus de grosse grimpette mais des petits faux plats et des racines, il va falloir être vigilant. Au début j’arrive à courir, mais il ne me reste bientôt plus grand chose dans les jambes. J’alterne donc marche rapide et petite foulée.

J’ai mal aux tendons sur les genoux et les chevilles, des ampoules commencent à se former sous mes pieds, il est temps que ça se termine. Une pause pipi derrière un arbre et j’arrive à Argentière.

Je ne m’attendais pas à trouver ce ravitaillement après seulement 6km, il est inutile pour moi, je prends un carré de chocolat histoire de et je repars, 20 sec au ravito : nouveau records. Je n’ai qu’une envie retrouver Virginie. Alors j’avance avec le peu qu’il me reste.

J’ai vu passer des bus dans l’autre sens un peu avant et ensuite mon téléphone a bippé, je pense donc qu’elle a réussi à rejoindre Chamonix.

Je maudits ces derniers kilomètres, c’est très dur, je commence à m’endormir en marchant, j’essaie de me réveiller avec de la boisson isotonique Aptonia. Chamonix est en vue, enfin !!!

Arrivé sur l’air d’atterrissage des parapentes, j’appelle Virginie. Je retrouve ensuite des jambes pour finir en courant. La traversée des rues de Chamonix a un parfum de victoire, victoire sur moi même. Au bout d’une rue je vois Virginie et Bastien qui m’attendent. Virginie court avec moi, c’est magique les 8 premiers mois de l’année prennent fin dans quelques secondes je savoure.

ça y est c’est finit 18h59 d’effort pour 86km et 4600D+, je fond en larme dans les bras de ma chérie qui en fait autant. Michel Poletti me félicite par une poignée de main, je récupère ma polaire Finisher CCC. Le temps s’arrête pendant quelques minutes, j’ai du mal à réaliser.

Merci à tous ceux qui m’en encouragé, merci à ma chérie d’avoir fait l’assistance sans toi je n’aurais pas terminé.

Une aventure inoubliable, magique, sensationnelle : je suis finisher de la CCC.

PS : Je ferai un article de remerciement et un article sur le matériel un peu plus tard.

La distance est en fait de 86km, j’avais réglé la suunto ambit sur un point par minute et du coup c’est un peu moins précis.

Ma chérie a fait plein de BD pendant la course que je vous invite à retrouver sur son blog : http://www.buzzylecolibri.com/2012/08/runmygeekccc-le-depart.html

Comment suivre un ultra coté accompagnant

Virginie vous dit tout : http://www.buzzylecolibri.com/2012/09/assister-un-coureur-sur-la-cccune.html