Crises : mensonges et oublis

Publié le 03 septembre 2012 par Copeau @Contrepoints

La présentation de la crise actuelle faite dans les médias est influencée, consciemment ou inconsciemment, par une idéologie dominante.
Par Vladimir Vodarevski.

La manière dont l'histoire et l'actualité nous sont présentées est influencée, consciemment ou inconsciemment, par une idéologie dominante. Le résultat est d'occulter des faits qui sont contraires à cette idéologie, et à éviter ainsi soigneusement tout débat. Cela se vérifie dans la présentation des crises économiques, comme celle de 1929, et la crise actuelle.

À propos de la crise de 1929, nous avons appris qu'elle a été causée par la spéculation. Que le président Hoover n'a rien fait, se contentant d'attendre la reprise. Puis, Roosevelt est arrivé, avec son New Deal. Grâce à une politique de relance, il a redressé l'économie.

Ce tableau ne correspond cependant pas à la réalité. Il occulte la politique monétaire de la Fed, qui a provoqué une expansion puis une brusque contraction de la masse monétaire. Hoover a également lancé une politique protectionniste, qui a entraîné le protectionnisme des partenaires commerciaux des USA. Il a par ailleurs eu une politique budgétaire dépensière. (Cf. à ce sujet : La grande dépression démystifiée).

Dire qu'ensuite le New Deal a relancé l'économie est aller un peu vite en besogne. Ce n'est qu'après la deuxième guerre mondiale que la croissance est vraiment revenue. Comme par hasard, c'est après l'abandon du protectionnisme, avec les accords du GATT, et le rétablissement d'une certaine discipline monétaire, avec les accords de Bretton Woods.

La crise actuelle est également présentée de manière très idéologique. Elle serait due à la dérégulation des marchés financiers. Cette dérégulation a favorisé la course au profit des établissements financiers, provoquant un développement exponentiel des marchés financiers, et aboutissant à un effondrement. La solution serait donc de re-réglementer la finance, et d'accroître le rôle de l’État.

Dire que la finance est dérégulée est un mensonge éhonté. Les établissements financiers sont soumis aux critères de Bâle, déclinés dans toutes les législations des pays occidentaux. Ainsi, ces agences de notations tant décriées sont-elles imposées par la réglementation. Ainsi les banques doivent-elles investir dans des actifs bien notés selon les critères de Bâle, sinon elles doivent augmenter leur niveau de fonds propres, et donc obérer leur rentabilité, ou encore elles risquent d'être mal notées elles-mêmes. Les actifs subprime étaient ainsi recommandés selon la réglementation (Cf. par exemple : Notations, une crise provoquée par la réglementation ).

D'autre part, le rôle des États dans la crise est soigneusement éludé. Or, c'est le gouvernement US qui a décidé de favoriser le crédit aux populations insolvables, par l'intermédiaire des agences Fannie Mae et Freddy Mac, qui refinancent les prêts hypothécaires. Les conditions de refinancement ont été considérablement assouplies. De même, avec le Community Reinvestment Act. En Espagne, ce sont les caisses d'épargne, organismes non cotés, proches des pouvoirs régionaux, et à vocation sociale, qui ont le plus financé l'immobilier et les projets des régions, et qui connaissent le plus de difficultés.

Enfin, la politique accommodante de la Fed, qui a relancé l'économie à coups de création monétaire, et même de la BCE, qui a laissé croître sans contrôle la masse monétaire, ne sont jamais citées.

La politique monétaire est au cœur de la crise actuelle comme de celle de 1929. Mais elle n'est absolument pas évoquée. Il n'y a aucun débat sur le sujet.

Aujourd'hui, le président de la Bundesbank menace de démissionner pour protester contre la politique de la BCE. Parce que justement le débat monétaire est occulté. Il est unanimement décrit comme un mouton noir, qui veut empêcher la relance de l'économie. Mais, si l'idéologie mainstream est si persuadée d'avoir raison, pourquoi ressent-elle le besoin d'empêcher tout débat ?

On nous parle beaucoup de démocratie, de pouvoir du peuple. Mais, pour que le peuple ait du pouvoir, il faut qu'il ait de l'information.

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