« Mortelles randonnées » dans le Parc national de Yosemite en Californie

Publié le 03 septembre 2012 par Kamizole

Les crimes ne sont pas en la circonstance commis par Isabelle Adjani mais l’enquête n’en devra pas moins être sérieusement menée puisqu’il n’y aurait pas moins de 10.000 victimes poten-tielles susceptibles d’avoir été contaminées par une affreuse bébête répondant au nom d’Hantavirus - lequel serait mortel dans environ un tiers des cas selon ce que m’apprend un article du Figaro Alerte à l'hantavirus en Californie (1er septembre) alors que deux personnes contaminées seraient mortes.

Je vous inviterais donc à jouer à une sorte de « Cluedo ».

D’abord, le lieu du crime : le Parc national de Yosemite en Californie et plus précisément le « Curry Village » et 91 tentes-cabines à double mur appelées « signature » - l’assassin signe son crime ! - parmi les 400 disponibles. Sachant que chacune peut accueillir 4 visiteurs et que l’épidémie y aurait sévi entre le 10 juin et le 24 août 2012, le nombre potentiel de personnes risquant d’être atteintes s’éleverait à 10.000. Les administrateurs du parc ont donc contacté les 2900 personnes qui avaient réservé des places dans ces tentes à cette époque.

Ensuite l’arme du crime : c’est donc un hantavirus responsable du syndrome pulmonaire à Hantavirus (SPH) dont Le Monde nous apprend Alerte au virus mortel aux Etats-Unis (1er septembre 2012) que la maladie fut identifiée en 1993 et s’il est assez rare il n’en n’est pas moins dangereux : une soixantaine de cas ont été diagnostiqués en Californie et 587 pour l’ensemble des Etats-Unis, provoquant la mort d’un tiers des malades. D’autant que les premiers symptômes sont des plus bénins : fièvre, maux de tête, problèmes intestinaux, toux... Qui peuvent laisser supposer qu’il s’agit d’une grippe ou d’un simple refroidissement. Ce qui retarde d’autant la mise en œuvre d’un traitement alors que le délai d’apparition du SPH est de l’ordre de 6 semaines après l’inoculation par le virus. Je lis sur Le Monde que 53 familles françaises seraient concernées (2 sept. 2012).

Enfin, le suspect du crime : il est ici identifié sans avoir besoin de mener plus loin l’enquête. Il s’agit d’une souris. La maladie étant véhiculée par la salive ou l’urine des animaux. Des analyses ont révélé que 18% des souris de la race portant le virus étaient infectées. Il faut toujours (au moins) un animal vecteur pour transmettre un virus.

La maladie ne se transmettrait pas d’homme à homme. Admettons. N’ayons garde toutefois d’oublier que ce fut ce qui s’enseignait des grippes aviaires et porcines. C’est oublier que les virus - humains comme animaux - peuvent muter, se combiner et se recombiner entre eux et les épizooties se transformer en pandémies humaines comme en témoignèrent les épidémies mondiales - également potentiel-lement mortelles - du SRAS et de la grippe H1N1. La première, partie de Hong-Kong (poulets porteurs du virus) et la seconde du Mexique (porcs porteur du virus mais celui-ci avait été modifié par une souche virale de la grippe aviaire).

La « barrière des espèces » est de plus en plus poreuse et l'essor du tourisme et des voyages en avion accroît d’autant la dissémi-nation des virus sur l’ensemble de la planète. Même en ne bougeant pas de chez soi, l’on n’est pas forcément à l’abri. Je regarde de travers les moustiques qui nous assaillent parfois en cette saison depuis que j’ai appris que celui qui est responsable du chikungunya a déjà envahi la France et que je vis à quelques kilomètres à vol d’oiseau - et a fortiori de moustique - de l’aéroport de Roissy : il y aurait pris ses aîtres à proximité.