La mort du Cardinal Martini est-elle instrumentalisée ?

Publié le 08 septembre 2012 par Tchekfou @Vivien_hoch

==> Atteint de Parkinson et quasi aphone, le cardinal Martini a t-il pu s’exprimer dans les termes retranscrits dans l’entretien et tenir un discours politique aussi construit ?

Non il y a quelque chose de louche là dessous. Un entretien aussi politique (“l’Eglise a deux cent ans de retard”, “il faut refonder le choix des dirigeants”, etc.) à une vingtaine de jours de sa mort, alors même qu’il était atteint par la maladie de Parkinson, est en soi quasi-impossible. La grâce ne fait pas tout ! Il peut alors s’agit d’une reconstitution de divers propos tenus auparavant, voir d’une construction complète. Il ne sera pas là pour en juger de la véracité…
Et évidemment, nul n’a participé à l’entretien, sinon les acteurs directs.

==> A l’heure du deuil, malgré son opposition avec le pape, certains affirment que le cardinal était plus pieux que jamais. Cela remet il en cause l’authenticité de l’interview?

La piété est plutôt une qualité et un gage de lucidité pour un cardinal ! On ne saurait imputer à sa piété les soupçons d’inauthenticité qui pèsent sur cet entretien posthume. Bien au contraire, une forte piété lui aurait peut-être permis d’avoir plus d’humilité envers les grandes orientations de l’Eglise.
D’autres éléments sont par contre plus douteux.

==> Comment expliquer la publication de cet entretien comme par hasard après sa mort?

Les progressistes craignent une récupération du message et des actions du Cardinal Martini par les proches de Benoit XVI, qui a de fait pris une tout autre voie pour la Nouvelle evangélisation que celle de Martini. À l’inverse, les conservateurs craignent que le cardinal Martini devienne un modèle, une sorte de martyr idéologique du progressisme, qui sera utilisé pendant les prochaines réunions pleinières. Il y a tout lieu de penser que cet “entretien posthume” fait partie de cette dernière stratégie tout comme, d’ailleurs, les discours élogieux de la Curie sur sa personne font partis eux aussi d’une stratégie de récupération. C’est le lot commun de toutes les grandes personnalités à leur mort.

==> quelle a été la réaction des jésuites à la publication, ont il commenté l’entretien ?

Il y a eu effectivement la réaction de Pierre de Charentenay, jésuite et rédacteur en chef de la revue Etudes : « Faire parler un mourant, c’est suspect.», raportée par la Vie. Je n’en connais pas d’autres en public.

==> Etait il nécessaire de créer un émoi médiatique à l’heure du deuil ?

Oui. On s’émeut de beaucoup de choses dans notre société.
Un cardinal est un homme public, qui s’est donné au bien commun de l’Eglise, et par là concerne tous les fidèles.
Par contre, il semble que l’émoi ait été bien trop orchestré par certains médias. Seule la Vie s’est interrogé sur l’authencité de l’entretien. C’est tout à son honneur.