Traitement du Front national : Vive la contradiction !

Publié le 15 septembre 2012 par Copeau @Contrepoints

Fidèle à son habitude, la Gauche préfère user le Front national, son homme de paille favori, au risque de laisser pourrir les véritables causes des succès frontistes.

Par Anton Wagner.

Sur Enquête et Débat, Jean Robin relève que certains « patriotes » semblent enfin admettre l’échec du Front national de Marine Le Pen.

Je ne sais trop ce qu’il en est, mais cela m’a rappelé un article de Laurent Mucchielli à propos des électeurs du Front national. Paru dans Libération, l’article explique qu’il faut cesser de « victimiser le FN et ses électeurs ». D’une part parce que si « la façade a été repeinte […], à l’intérieur  le FN reste le FN » dit Laurent Mucchielli en évoquant le livre de Claire Checcaglini, Bienvenue au Front. Journal d’une infiltrée. D’autre part, parce que ses « électeurs n’ont pas le monopole de la souffrance », que ce n’est pas chez les chômeurs qu’il réalise son meilleur score et que s’il rafle 30% de l’électorat ouvrier, cela fait donc 70% qui n’ont pas voté pour lui…

Suite à ces rappels (pas inutiles d’ailleurs), Laurent Mucchielli affirme que « si le discours du FN se banalise, c’est aussi parce qu’il a été servi avec une remarquable constance par celui de l’UMP et tout particulièrement par Nicolas Sarkozy et son entourage. » Pourtant, au début de l’article, le sociologue, en analysant les résultats de la présidentielle, remarque :

ce score n’est pas le « coup de tonnerre » que certains prétendent, montrant qu’ils ont la mémoire courte. Jean-Marie Le Pen avait fait 14% à l’élection présidentielle de 1988, 15% en 1995 et presque 17% en 2002 avec 4,8 millions d’électeurs, arrivant en deuxième position du scrutin un certain 21 avril (et augmentant encore son score au second tour avec près de 18% des suffrages exprimés et 5,5 millions d’électeurs). De ce point de vue, 2007 apparaît comme une exception et 2012 comme la suite d’une dynamique enclenchée depuis le milieu des années 80. Progression certes, mais certainement pas coup de tonnerre.

Quelle est donc la pertinence de ce procès en banalisation attenté contre Nicolas Sarkozy ? En 2007, ce dernier avait infligé une fessée au FN, qui fit son plus mauvais score depuis 1988, et qui fut laminé aux législatives suivantes (Wikipedia). On peut dire ce qu’on veut, mais Nicolas Sarkozy est le seul qui parvint à faire reculer le FN…

Il fit mieux que trois décennies d’antiracisme échevelé !

Mais, au second tour 2012, il fut le candidat de droite à bénéficier du plus mauvais soutien des électeurs FN (qui préférèrent massivement… voter Hollande). C’est donc bien que, malgré la prétendue « droitisation » de son mandat, il ne mit pas réellement en œuvre la politique musclée qu’attendaient ceux des électeurs FN qui crurent en lui. Et alors, nous dit Laurent Mucchielli, le FN reprit sa marche débonnaire, une  lente progression depuis les années 1980 ; 2007 fait donc pour l’heure figure d’exception, d’accident… On peut par conséquent questionner l’impact réel de l’action (ou de l’inaction) de Nicolas Sarkozy ; malgré toute la banalisation dont il aurait été la source, Marine Le Pen fit à peine mieux que le sommet historique atteint par son père en 2002 (17,90% contre 17,79%)… Qui plus est, elle a perdu depuis son siège de député d’Hénin-Beaumont…

Tout cela laisse à penser que, fidèle à son habitude, la Gauche préfère user de son homme de paille favori, au risque de laisser pourrir les véritables causes des succès frontistes.


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