Wim Delvoye : « subtile provoc » au Louvre

Par Artilt

Par Fabienne

Derniers jours pour découvrir la surprenante intervention de l’artiste belge Wim Delvoye au coeur des collections classiques du Louvre… Une exposition ludique et d’une rare « finesse ».

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Beaux-jours oblige… Le blog a été largement mis en repos cet été. C’est donc avec pas mal de retard que je reviens brièvement sur une exposition qu’il me semble indispensable de faire -avant sa clôture- ces prochains jours sur Paris !

Après Tony Cragg, le Louvre a renouvelé cet été son invitation à l’art contemporain pour une rencontre décalée et haute en références. Cette année, voici venu le tour d’un notoire et facétieux artiste belge : Wim Delvoye se prête au jeu et réussit cette intervention avec brio !

Si l’on conserve l’emplacement « symboliquement fort » sous la pyramide du Louvre, on change de cadre pour l’ensemble des pièces présentées : exit les cours Marly et Puget, désormais dorures et rutilantes décorations deviennent espace de rencontre art ancien et contemporain : le département des Objets d’art, les appartements de Napoléon III sont investis avec subtilité et une bonne dose d’humour.

Le « parcours Wim Delvoye » débute tout naturellement avec un passage sous la pyramide dans laquelle « trône » le « Suppo« , une imposante flèche gothique -13m d’acier ciselé et torsadé- grâce à laquelle on peut dire que la tonalité de l’intervention de Delvoye est déjà « posée »… Forme et titre de l’oeuvre ont le mérite d’être « parlants » :

Cette première pièce n’est d’ailleurs pas sans évoquer l’oeuvre qui a participé à la notoriété de l’artiste : son installation intitulée « Cloaca » (« La machine à caca » : une installation reproduisant le processus de digestion dans son ensemble)… Production d’excréments et comprimé anal, la relation est certes facile…

Bien que ce « Suppo » soit présenté comme la pièce maîtresse, illustrant parfaitement la propension qu’à l’artiste pour les détournements provocateurs ou le « mix » de techniques nobles, précieuses et de sujets triviaux, populaires, elle n’en est pas pour autant la plus intéressante pièce présentée dans l’enceinte du Musée.

Les pièces à découvrir dans le Louvre respectent la trame posée mais dépassent largement en efficacité esthétique et justesse le « suppo ». Le dialogue instauré se veut ludique : la déambulation est ponctuée de pièces savamment agencées : leur immersion dans l’ensemble s’avère particulièrement pertinente, et l’hommage au passé sensible.

Au programme, nous retrouvons l’univers singulier de Wim Delvoye : une relecture des techniques et spécificités de l’art gothique déclinée sur camions distordus et pneus…

…Des cochons empaillés recouverts de tapisseries, et non plus tatoués…

Bronzes imposants, torsadés et déformés…

De magnifiques pièces se succèdent et s’intègrent avec subtilité dans les différents espaces. Si l’on peut regretter la faible quantité de pièces ; le parcours est ludique : il invite à une découverte de certaines salles du Louvre sous un autre jour, et oblige à porter un regard curieux sur l’ensemble. Le Louvre devient le cadre d’une chasse au trésor !

J’ai pour ma part fait un premier tour complet avant de revenir sur mes pas. Malgré les cartels annonçant la situation et le nombre de pièces présentées, il me paraissait évident qu’il fallait « chercher -et trouver- des bonus cachés ». Et s’il me faut admettre être restée sur ma faim -aucun « Bonus »-, l’ensemble m’a amusée et incite grandement à renouveler la visite !

Wim Delvoye au Louvre
Du jeudi 31 mai au lundi 17 septembre 2012
Pyramide du Louvre, jardin des Tuileries, département des Objets d’art

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