Brazzaville Beach, roman de William Boyd

Publié le 16 septembre 2012 par Mpbernet

La critique de Claude :

Brazzaville Beach est presque une œuvre de jeunesse de William Boyd (son cinquième roman, publié en 1990). Pourtant c’est un roman très achevé, où s’entrecroisent habilement deux histoires différentes.

Au centre, comme presque toujours chez l’auteur, un héros anglais, ici une héroïne, intelligente et sensible, qui va devoir faire preuve d’habileté (ingenuity), de courage et de cœur pour gérer des évènements lourdement contraires.

Elle s’appelle « Hope » (l’Espérance) et sa sœur ainée, qui est d’ailleurs une harpie,  s’appelle « Faith » (la Foi) – une troisième sœur se fût-elle appelée « Charity » ? Hope fait sa thèse d’Ecologie, et devient une assistante de recherche, spécialiste en observation et numération des phénomènes naturels, pleine de bonne volonté et donc taillable et corvéable comme beaucoup de jeunes femmes dans ce métier. La Science, avec un grand S, va  jouer un rôle destructeur dans sa vie, lui arrachant son mari, jeune mathématicien qui ne supportera pas de ne pas percer les mystères de la discontinuité.

Hope s’en voudra éternellement de n’avoir pu rien faire. Réfugiée en Afrique, pour participer à une grande campagne d’observation d’une population de chimpanzés, Hope sera mise à l’index par le Mandarin dirigeant le projet – il s’appelle Eugène Mallabar, ce qui rappelle combien les noms sont savoureux chez Boyd -.

Menaces, incendie volontaire, coups, tout sera bon pour essayer de la faire taire sur les scènes de cannibalisme et d’infanticide qu’elle a elle-même observées chez les chimpanzés, parce que les scientifiques et leur sponsors veulent « vendre » aux petits enfants du Monde entier des Primates « bons sauvages » à la Rousseau.

Ainsi l’évidence scientifique est bafouée pour des raisons d’intérêt : ce roman est bien utile au moment où l’on feint de découvrir que certains  experts scientifiques des gouvernements sont attachés à l’industrie par des liens contractuels contraignants.

Et en tous cas, ce roman, superbement écrit avec ses deux histoires en parallèle, vous fera passer un bon moment.

A noter aussi le petit tour chez les psychiâtres, qui, de nos jours, utilisent encore les chocs électriques…

Brazzaville Beach, en édition américaine chez Harper Collins, 316 p. 10,50€ chez Amazon