Long Courrier des BB Brunes, attention changement de destination (Chronique d'album)

Publié le 17 septembre 2012 par Notsoblonde @BlogDeLaBlonde
"Swim-swimming pool, j'nage dans la houle, une jolie poule m'em-brasse coulé(e)" 

(à retrouver dans l'excellent titre Stéréo, en version acoustique ici)(mais tu dois ABSOLUMENT écouter la version de l'album dès lundi prochain, tu ne pourras pas décrocher. Parole!)

BB BRUNES - Stéréo [Warner Acoustic Session HD] par BBBrunes-Official

Tout a commencé la semaine dernière, quand je suis tombée sur le nouveau clip des BB Brunes, réalisé pour le lancement du premier single extrait de leur troisième album "Long Courrier". Je ne reviens pas sur le fait que j'aime ce que le groupe fait depuis longtemps, je l'ai déjà expliqué par ici.

Sitôt mon billet, dans lequel j'évoquais la torture d'avoir à attendre la parution du nouvel album le 24 septembre, publié, on m'a proposé un envoi électronique et crois-moi, dans ces moments-là je dis merci internet, merci les réseaux sociaux, merci le blog et merci au bon samaritain qui a soulagé ma détresse.

Ca fait donc une semaine que j'ai l'album chez moi et que je le fais tourner tous les jours, au point de développer une véritable addiction dont je n'ai aucune, mais alors AUCUNE envie de me défaire.


Tu vois, moi, quand j'ai su qu'un troisième album était en préparation, j'avoue que je me suis demandé ce que le groupe allait nous réserver : rester dans la voie qui lui a permis d'accéder au succès ou tenter de négocier un virage, au risque de surprendre ceux qui les suivent de longue date.

A l'écoute du single, "Coups et Blessures', j'ai bondi (d'abord), hurlé intérieurement immédiatement après (Mais, ils l'ont fait!) et puis je me suis mise à danser un peu sur ma chaise, ce qui était un spectacle assez lamentable, je peux bien te l'avouer (après tout, on est entre nous)(ceci dit le seul spectateur ayant assisté à la scène (Chacha : 11 ans au compteur, le poil brillant, un excédent pondéral certain, zéro pédigrée mais un air "de gouttière" un peu canaille qui fait tout son charme), n'a pas eu l'air traumatisé. Donc rien de grave. Au fond)    

Et puis j'ai pu écouter l'album et là, je suis allée de surprise en surprise parce que déjà 1. je ne retrouvais pas vraiment le "style BB Brunes" auquel j'étais habituée et que 2. alors que j'aurais pu me sentir tristounette et un peu flouée, j'étais complètement emballée par le nouveau son délivré dans lequel, et c'est une nouveauté essentielle, les synthés (et les boucles) sont très présents.

Que de chemin parcouru pour le groupe : Depuis le premier album, carrément brut et séduisant justement du fait de cette fraîcheur rock en passant par l'excellent second album, qui a clairement démontré, et de la plus élégante des manières, qu'il était impossible de le réduire au statut de groupe à groupies auquel certains l'avaient bien trop vite associé jusqu'à cet excellent troisième opus qui apparait comme une étape marquante dans l'évolution du groupe, il est évident qu'ils ont drôlement avancé, les BB Brunes. Il serait un peu facile et cliché de parler d'album de la maturité et pourtant, c'est ce qui vient spontanément à l'esprit.

S'il est clair que la musique a bien évolué sur ce troisième album, côté textes il y a aussi du nouveau, Adrien semble avoir pris un vrai plaisir à jouer avec les mots, s'autorisant des figures d'inspiration gainsburgienne, et on sent l'empreinte des Daho, Jacno (ah mon dieu le concert Jacno Future l'an dernier, souviens toi c'était ça et j'avais aussi chroniqué l'album ici, souviens-toi)), Bashung, et même Biolay (sur "Long courrier" notamment) lorsqu'on parcourt la tracklist.

C'est l'ombre de l'ensemble de ces "grands" de la chanson française contemporaine dont l'ombre semble planer sur Long Courrier comme si le groupe avait réussi à digérer et intégrer cette ascendance et, à partir de là, à concocter son propre nouveau style.

Parfait remède à l'ennui, le tracklisting offre des teintes changeantes, prévoyant de larges nappes électro soyeuses ("Au garde à vous",..) mais aussi des percées de rock (souvent teinté pop) ébouriffantes ("Lala Queen", "Grande Rio", "RIP"...). A noter que souvent, en dehors même du sens, la musicalité des textes à elle seule est un ravissement, par le jeu notamment des (fréquentes) allitérations. C'est vraiment un condensé de bonnes surprises, ce nouvel album!

Côté voix, place au changement également, car on découvre un éventail plus large de sons. Ainsi, sur "Police Déprime" par exemple, la ressemblance avec Daho est frappante (sur "Aficionado" également). Timbre de voix, phrasé, la similitude est troublante et accentuée par les arrangements qui rappellent eux aussi certains des tubes du grand Etienne. Oui parce que côté voix, si c'est toujours celle d'Adrien que l'on entend, ce n'est plus non plus tout à fait la même chose : Il la pousse moins, on sent qu'il est plus dans la nuance et la souplesse et c'est un des atouts essentiels de cet opus. 

Avec leur "long courrier", les BB Brunes risquent de transformer les salles dont ils vont fouler le sol dans les mois à venir en véritable dancefloors et je peux t'assurer d'une chose : je vais me trouver sur leur route sous peu pour constater ça de mes propres yeux (Tu y seras aussi, pas vrai?) Parce qu'il semble tout bonnement impossible de se retenir de bouger sur leur électro-pop inventive aux rythmes syncopés à effet hypnotique qui lorgne souvent du côté du rock (on ne se refait pas).

Ajoute à ça le charme des textes léchés et tu comprendras qu'il y a bien dans cet album tout ce qu'il faut pour déclencher une addiction ferme.

Tu l'auras compris, ce "Long Courrier" est une invitation au voyage (thème récurrent dans l'album, d'ailleurs) vers un territoire qui gagne à être connu, celui des BB Brunes version 2012, dépaysant certes mais qui leur permet surtout d'échapper définitivement aux stéréotypes. 

En effet ce troisième album achève de clouer au pilori le cliché qui voudrait que les BB Brunes ne sont que des baby rockeurs au succès éphémère et il prouve au contraire que le groupe a su transformer l'essai et se définir une nouvelle identité, dans l'air du temps, audacieuse et pointue.

(Bon depuis le billet précédent, j'ai re-regardé le clip et en fait j'aime bien LA veste dorée : Elle me rappelle celle de Ryan Gosling dans Drive)

Sinon étant donné que la pochette de l'album est un clin d'oeil direct au cinéma (scène de Drive In, titre inséré façon sous titrage), je me permets de relayer ici cette photo qui donne un aperçu de ce que donne la participation du groupe au prochain Astérix....


Pour terminer (je n'arrive pas à m'arrêter, c'est une évidence...), quelques morceaux choisis parmi mes favoris: 

"Quand l'ennui tombe sur la ville, j'traine ma carcasse hémophile..." (Hémophile)

"J'aime surtout, faire le long de mon cou, pleurer les sottes" (j'aime TELLEMENT la musicalité de cette phrase bon sang!) (Hémophile)

"Swim-swimming pool (...) une jolie poule m'em-brasse coulé(e)" (Stéréo)

"Oh j'ai tant pleuré, tant de fois retenu, l'impalpable jour qui s'en allait, sur le macadam vague à l'âme je m'en vais, et rugissent les regrets..." (Rue de Buci)

"A corps perdu (accord perdu?), porté disparu, où étais-tu, sirène hallu-mée, j'entends crier..." (Police Déprime)

"C'est pas des cracks, quand elle me sourit, j'me détraque, à coups d'insomnies" (Coups et Blessures)

"Qu'importe l'effet, que chaque fois tu me fais, je veux des faits" (Grande Rio)

Post-Scriptum : (parce que, bon, je ne peux pas m'empêcher de râler un peu, au passage)

La question que je pose, là, maintenant c'est : "Peut on avoir une crédibilité artistique auprès des "gens du métier" (je n'ai pas dit du milieu, t'as vu, parce que bon, ça va, c'est pas non plus la mafia) quand on jouit d'un gros succès, surtout si c'est auprès d'un public majoritairement adolescent?"

Parce que vraiment, je trouve qu'ils sont doués ces BB Brunes et ça m'agace franchement que la plupart de ceux à qui je l'avoue se retrouvent illico défigurés par une moue dédaigneuse quand je leur en parle.

Non mais vraiment il faut arrêter avec ça, sans blague!

Il y a tout un tas de groupes objectivement moins bons qu'eux soutenus par pas mal de blogs et webzines (je pourrais élargir mais je vais me contenter de parler de ce que je connais "bien") mais catalogués "underground" et qui suscitent un buzz que je peux comprendre mais qui, en comparaison de l'espèce de dédain (au mieux) ou de haine (au pire) gratuite soulevés par les BB Brunes à la seule évocation de leur nom, me parait démesuré.

Pourquoi? Est ce leur succès qui gêne? Sont ce plutôt les cris hystériques qui jalonnent leurs concerts ou leurs sorties publiques?

Ca m'ennuie, ça, tu vois. Parce que c'est aussi un phénomène que j'ai constaté avec pas mal d'autres artistes. Note bien que moi je m'en fiche pas mal, il n'y a qu'à faire un tour sur le blog pour s'en rendre compte mais il se trouve toujours quelques lecteurs pour m'adresser un message personnel à la suite d'une de mes publications m'expliquant que "je vais perdre toute crédibilité", "que je n'ai rien compris", blabla...Bref, que je me perds un peu en publiant à propos de certains artistes.

Je m'en fiche éperdument, j'écris ce que je pense sans me soucier du qu'en dira t'on et vraiment, j'ai sincèrement l'impression ici en particulier que les BB Brunes ont gagné leurs galons de "vrai talent musical français" alors si la tentation de m'écrire une missive t'a ne serait-ce qu'effleuré, ne perds pas ton temps l'ami(e), j'aime leur son un point c'est tout. Rien de ce que tu pourras m'écrire ne me fera changer d'avis, capito?

(ne va pas prendre ça pour toi, lecteur bienveillant qui passe par ici, je ne m'adresse qu'aux peu-nombreux-qui-ont-décidé-qu'ils-pouvaient-choisir-pour-moi-ce-que-je-devais-aimer-ou-pas)