Mr Peillon vous voulez réformer l’école ? Chiche !

Publié le 18 septembre 2012 par Jflehelloco

L’education est au coeur de l’actualité, on en parle tous les jours… Rythmes, programmes, violence, effectifs, formation, vacances, etc… tout y passe mais est-ce bien ainsi que nos enfants seront mieux formés ?

Depuis des années, évaluations après évaluations les résultats des petits français baissent par rapport aux petits européens et même dans le monde. Il faut agir ! Tout le monde est d’accord là dessus… mais nous sommes en France, le pays où les syndicats enseignants font tomber des ministres à la pelle, alors on va essayer une nouvelle fois de brouiller les pistes…

On va nous parler de rythmes scolaires, en prenant comme exemple les voisins européens qui ont plus de jours de classe et moins de vacances. « Je souhaite qu’il y ait quatre jours et demi à la rentrée 2013 et ce sera le mercredi matin » nous dit déjà le ministre … Comme si changer les jours d’école, sans changer le reste était une solution !

On va nous créer un « observatoire de la violence scolaire » comme si observer les choses allaient les résoudre.

On va essayer de nous faire croire que ce sont enfin les bonnes solutions et discrètement attendre qu’un autre ministre vienne prendre la relève. Pendant ce temps là les directeurs d’écoles n’auront pas de vrai statut, les enseignants ne seront pas revalorisés dans l’image du public par une formation plus adaptée, les moyens seront dilapidés, les enseignants continueront d’être affectés au gré d’un « mouvement « d’un autre âge, les programmes seront inadaptés…

On nous dit tout le temps que les Finlandais sont le modèle, très bien alors analysons le vraiment et pas seulement les jours de classe, car il y a classe et classe.

Le magazine Newsweek résumait ainsi le modèle de nos voisins européens :  »Les élèves finlandais profitent d’un environnement d’apprentissage détendu et inclusif, où les chaussures ne sont pas obligatoires, où tous les professeurs ont des maîtrises et où les ressources complémentaires sont la norme. En effet, chaque année, environ un élève sur trois passe du temps seul à seul avec un tuteur. »

La base du système éducatif Finlandais est que l’élève se sente bien. Tout est fourni (cahiers, livres, etc), les parents ont juste à donner un cartable et des vêtements. Le nombre d’élèves par classe en primaire est autour de 20 (contre 30 en France). Tout au long de « l’école fondamentale » (entre 7 et 13 ans) le cursus est le même pour tous. Tous les élèves commencent l’anglais à 9 ans. A 11 ans, ils peuvent choisir une deuxième langue parmi l’allemand, le français, le suédois et le russe, l’allemand étant nettement majoritaire.

Jusqu’à 9 ans les élèves ne sont absolument pas notés. Ce n’est qu’à cet âge qu’ils sont évalués pour la première fois, de façon non chiffrée. Puis plus rien de nouveau jusqu’à 11 ans. Au cours de l’équivalent de toute notre scolarité primaire les élèves ne subissent donc qu’une seule évaluation. L’acquisition des savoir fondamentaux peut ainsi se faire sans le stress des notes et des contrôles et sans la stigmatisation des élèves plus lents. Chacun va pouvoir progresser à son rythme sans intérioriser, s’il ne suit pas au rythme voulu par la norme académique, ce sentiment de déficience voire de « nullité » qui produira tant d’échecs ultérieurs, cette image de soi si dégradée qui fait, pour beaucoup d’élèves, que les premiers pas sur les chemins de la connaissance sont si souvent générateurs d’angoisse et de souffrance. La Finlande a fait le choix de faire confiance à la curiosité et à la soif naturelle d’apprendre des enfants. Cela, bien sûr, n’exclut pas d’informer les familles régulièrement des progrès de leurs enfants via des bulletins envoyés deux fois par an ; mais les notes chiffrées n’apparaissent que la 6ème  année quand les enfants atteignent l’âge de 13 ans. « Ce qui est important, c’est que les élèves aient le sentiment d’être bons dans quelque chose.  » (M. Hannu Naumanen, principal du collège Pielisjoki).

Des enseignants triés sur le volet et formés. Le recrutement des enseignants contribue de toute façon à sélectionner dès le début des études les candidats non seulement sur des compétences disciplinaires et théoriques mais aussi sur l’idée qu’ils se font de leur métier et sur leur conception et leur connaissance de l’enfant. Les « class teachers », correspondant à nos professeurs d’école, sont appelés à enseigner des niveaux 1 à 6 de l’éducation fondamentale. Les candidats doivent posséder le « matriculation examination » (équivalant du BAC) et avoir acquis déjà une expérience auprès des enfants comme « assistants » dans une école ou un collège pendant trois ans. C’est seulement alors qu’ils peuvent présenter un dossier d’admission auprès de la faculté d’éducation de leur choix (en général ils postulent dans trois universités différentes). A la faculté d’éducation de Joensuu, sur 1200 dossiers – comprenant lettre de motivation et CV – 300 sont retenus chaque année. Les candidats doivent ensuite passer, pendant deux jours entiers, des séries de tests et d’entretiens. L’un de ces tests est un « test de groupe » durant lequel les 10  candidats, par groupe de 6, doivent discuter devant des observateurs d’un sujet donné concernant l’éducation. Un entretien personnel est également exigé. Au terme de ces tests, seuls 80 candidats pourront entamer leurs études à la faculté d’éducation. Nous sommes loin de cette sélection en France ! Du coup en Finlande les enseignants sont respectés par les élèves mais également les parents !

Une fois passé leur diplôme, les enseignants doivent chercher un poste. Il n’y a pas en Finlande de « mouvement national », ni même régional ou départemental. Ce sont les municipalités, dotées de très larges compétences en matière d’enseignement, qui ont la responsabilité du recrutement. Elles la partagent avec les  établissements, dont les directeurs participent aux commissions et peuvent influer sur les décisions en fonction de leurs besoins et de leurs attentes. Les enseignants sont ensuite payés directement par les établissements, dont les budgets, abondés par les municipalités, comprennent les salaires du personnel.

Tous les professeurs doivent être titulaires d’un master : master de sciences de l’éducation pour les « class teachers », master obtenu dans leur discipline pour les « subject teachers » qui sera complété, nous l’avons vu, par des études de pédagogie. Ainsi, du jardin d’enfant au lycée les élèves auront devant eux des professeurs extrêmement qualifiés.

A formation contraignante, liberté importante … Une fois passé le cap de la formation et du recrutement, les professeurs jouissent d’une liberté pédagogique totale et d’une grande marge d’autonomie et d’initiative et c’est assurément là une composante essentielle de leur motivation comme le déclare un professeur de l’école de Kanenvala : « J’aime mon métier, parce que je peux faire les choses comme je veux, à ma façon ». Et la directrice de l’éducation de Joensuu va tout à fait dans ce sens en affirmant : « Nous avons confiance en nos professeurs : ils sont très qualifiés  ». Aussi le système finlandais fait-il l’économie des inspections (et des inspecteurs…)!

Un système qui n’a pas peur de s’évaluer ! Obligation est faite à tout établissement scolaire de procéder à des évaluations régulières de son fonctionnement et de ses résultats et de les rendre publiques. Ces évaluations doivent être organisées par l’établissement lui-même. Mais des évaluations externes sont aussi exigées. Elles sont réalisées le plus souvent par les municipalités.

Des conditions de travail optimales. Des écoles, collèges et lycées de petits effectifs pour permettre une plus grande prise en charge des élèves et une plus grande appropriation de l’école par les élèves. Des équipements informatiques et numériques dans les classes (écrans, vidéo-projecteurs, Internet, etc.).

Le tout pour un coût similaire à la France. Dire que l’on peut réussir beaucoup mieux avec les mêmes moyens, n’est pas un discours généralement bien accueilli par les syndicats. La Finlande nous démontre pourtant que c’est possible. Elle a fait le choix de concentrer les dépenses d’éducation sur ce qui est vraiment au service des élèves – des taux d’encadrement élevés, des conditions matérielles optimales – et de faires des économies sur des postes qui nous paraissent incontournables : vie scolaire, inspection, administration (y compris centrale).

Monsieur le ministre Peillon, si vous voulez changer l’école, et si vous voulez aider nos enfants, il faut réformer en profondeur.

Copiez le modèle Finlandais, mais pas sur l’heure de fin des cours ! Copiez le sur les cours et l’organisation globale. Osez remettre à plat d’école, ne vous contentez pas de quelques mesurettes qui ne pas la route d’un bateau qui semble partir tout seul à la rencontre des Icebergs, piloté par des syndicats qui n’ont plus de lien avec la réalité et qui ne voient que leur pouvoir et leur intérêt immédiat au lieu d’oser la vraie réforme.

Vous avez lancé le 5 juillet dernier une « concertation sur la refondation de l’école de la République », osez laisser toutes les voix s’exprimer et osez refonder l’école et non seulement changer l’heure de sortie de classe, seule vraie mesure que l’on entend depuis le lancement de cette « concertation ».

La semaine de 4,5 jours n’est pas l’urgence et elle n’est demandée ni par les élèves, ni par les parents, ni par les enseignants, ni par les collectivités… 

Voilà, c’était au regard de tout ce qu’on entend en ce moment mon coup de gueule de la rentrée. La seule mesure qui me semble bénéfique est la volonté de professionnaliser le métier d’AVS une demande formulée depuis des années par de nombreuses associations. Peut-être une voie pour une vraie insertion par l’emploi au service de ceux qui en ont le plus besoin… les enfants !


Vincent Peillon, ministre de l’éducation… par Education_nationale